Prologue
La décision de quitter la ville pour s’installer à la campagne murissait depuis plusieurs années dans l’esprit de Monsieur et Madame Morin-Diallo. Les problèmes d’asthme de Sarah, la petite dernière, et les plaintes incessantes des voisins lorsque les jumeaux Lucas et Salomon jouaient dans la cour de leur résidence du centre-ville de Lyon avaient fini par les convaincre de faire le grand saut. Alors, un matin d’août, les cinq Lyonnais accompagnés de leur chien et de leur chat s’étaient installés dans un coin reculé d’Ardèche au bord de la rivière la Bourges, dans une jolie maison de pierre abandonnée depuis seulement six mois. La santé déclinante du couple de retraités qui y avait vécu les avait poussés à rejoindre la vallée non loin d’un centre hospitalier et des services qu’il proposait aux personnes âgées. Les parents Morin-Diallo, Laurence et Driss, tout sourires, se réjouissaient. Enfin ils réalisaient leur rêve, offraient à leurs enfants de sept et douze ans un cadre de vie proche de la vie sauvage, où l’air était peu pollué et qui permettrait à leur progéniture d’évoluer au grand air, dans un milieu sain au plus près de la nature. Dès les premiers jours, la respiration de Sarah se fit plus fluide, aucun accès de toux à déplorer, son teint s’était éclairci, elle était radieuse, son père et sa mère s’en félicitait. Quant aux garçons, ils n’en revenaient pas de disposer d’un terrain de jeu qui leur semblait illimité. Ils couraient dans les bois, dévalaient les pentes à s’en couper le souffle, sautaient dans les cascades, s’aspergeaient d’eau dans la rivière, hurlant et riant sans déranger personne, un vrai bonheur.
Or, ce dont aucun d’entre eux ne se doutait, c’était que le vide de la maison qu’ils venaient d’investir n’était qu’apparent. En effet, cachés dans les nombreux recoins des deux étages que les Morin-Diallo occupaient, ainsi que dans le grenier, dans la cave, au beau milieu de ce qui avait été un potager, sur la rivière et partout sur ses rives, fourmillait un grand nombre d’espèces de la faune et de la flore locale. Des bactéries invisibles à l’œil nu, des insectes plus ou moins faciles à vivre, des reptiles surtout de petites tailles, des mammifères petits et grands, jusqu’aux oiseaux qui volaient librement au-dessus de la nouvelle demeure de Laurence et de Driss. Sans le savoir, les cinq bipèdes citadins et leurs deux animaux de compagnie bouleversaient tout un écosystème qui avait appris à exister sans devoir composer avec des humains.
Laurence entreprit d’abord de s’occuper du jardin qu’elle voulait rendre joli. Elle s’arma d’une énorme paire de ciseaux en métal et d’autres ustensiles et commença par se charger des mauvaises herbes : elle défrichait, éliminait toutes les plantes qui lui semblaient laides ou inutiles, une hécatombe. Dans la remise, Driss fut ravi de trouver une tondeuse à gazon dont le réservoir contenait encore suffisamment de carburant. Afin de rendre les alentours de leur propriété plus ordonnée, il sortit l’engin, et l’alluma. Un bruit de moteur vint perturber le calme à une centaine de mètres à la ronde, semant l’effroi dans la nature, d’autant que la fumée noire qui s’en échappait était irrespirable. Alors qu’ils jouaient dans le lit de la rivière, les deux garçons n’hésitaient pas à s’emparer de cailloux qu’ils jetaient à la surface pour s’éclabousser, sans se rendre compte qu’ils retiraient leurs abris à des crustacés livrés subitement sans secours aux attaques de leurs prédateurs. Leur chien, encore jeune et turbulent, ne sachant plus où donner du museau, pourchassait les papillons affolés, creusait la terre en arrachant les racines nécessaires à la survie des plantes, ses jeux détruisaient aussi l’habitat d’insectes incapables de vivre au grand jour. Le chat aussi jubilait, il avait à sa disposition un vaste terrain de chasse où les rongeurs dont il raffolait, découvraient bien trop tard son habileté et sa redoutable efficacité. Le petit félin ne mit pas vingt-quatre heures à s’adapter à son nouvel environnement, il en devint le principal prédateur.
En se rencontrant, deux univers qui n’aspiraient pourtant qu’à vivre en paix entraient en collision. Mais, ignorés par les humains, c’était au monde des plantes et des animaux de réagir, d’observer attentivement le comportement des nouveaux venus afin de s’y adapter, puis de trouver rapidement les moyens de cohabiter avec ceux qu’ils considéraient comme des intrus qui leur compliquaient l’existence.
Le grand départ
2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
– J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
– Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.
Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
– Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
– Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
– Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.
Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.
– T’es folle, Léa, dit Tom.
– Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
– Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
– Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
– On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
– Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.
Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
– C’est bon les gars, dit-il.
– Quoi, demande Mehdi.
– On part en Indonésie.
– Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
– Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
– On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
– Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?
Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.
Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !
2/Direction : Sumatra !
Tout est calme dans l’avion. Mis à part le bruit de tractopelle provenant du ronflement de Tom. Soudain, une annonce du pilote retentit pour signaler l’atterrissage à l’aéroport de Minangkabau ,“ Welcome to Indonésia”.
Le monde paraît si petit vu d’un hublot ! Prendre du recul sur ces paysages leur rappelle à quel point il est important de les protéger.
Après plus de 20h de vol et deux escales, les voilà enfin arrivés en terre inconnue avec leur accompagnateur, Gilles. Les nombreuses heures de vol ont vite calmé l’euphorie du voyage.
À leur arrivée il fait encore nuit. Léa leur fait remarquer la lueur rougeâtre du ciel et la
chaleur déjà très élevée bien qu’il ne fasse pas encore jour.
– J’ai du mal à respirer ! s’exclame Mehdi.
– Moi aussi j’ai l’impression d’avoir la gorge serrée, acquiesce Tom
Il aperçoit un jeune homme avec une pancarte sur laquelle sont inscrits leurs prénoms à tous les trois et « Agissons Pour Climat ». C’est John, le représentant de Youth for Future, chargé de les accueillir et de leur fournir un masque.
Oppressés par un épais brouillard de cendres, ils sont plongés dès la sortie de
l’aéroport dans le folklore local. Les amis observent des habitants protégés par de simples masques de tissu pour poursuivre leurs activités à l’extérieur. Ils se retrouvent à cinq dans le minuscule tuk-tuk bancal de John. Direction le campement de l’ONG.
Durant le trajet, ils ont du mal à communiquer à cause de la différence de langue. Léa qui parle bien anglais arrive à comprendre ce que John leur explique :
« Nous faisons partie d’une des l’ONG qui ont organisé une manifestation demain. L’objectif est de protéger ce pays de la déforestation car environ 70% des forêts de l’île ont été détruits. Et la croissance démographique accentue le déboisement massif. »
Ils arrivent dans un petit camp, aux bords de la forêt où une dizaine de cabanes sont
alignées. Une jeune femme les accueille, leur attribue celle dans laquelle ils sont tous les quatre. À l’intérieur se trouvent un point d’eau et quatre nattes traditionnelles pour dormir.
Ils rejoignent John dans la cabane principale où il leur explique, autour du repas, le but de leur présence :
« Il faut sauver la planète et notre avenir. Nous vivons une urgence climatique. La
manifestation a pour objectif de lutter pacifiquement contre la déforestation. Nous irons rejoindre sur un site gravement touché d’autres manifestants et nous empêcherons par notre présence les ouvriers de travailler.
– Nous allons enfin passer à l’action, s’exclame Tom.
Ils partagent un plat traditionnel, le boeuf rendang de Sumatra (boeuf mariné avec des
épices) accompagné de riz blanc.
– Mais pourquoi les habitants coupent-ils les arbres ? s’emporte Medhi
– Les forêts sont rasées pour produire essentiellement de l’huile de palme. Sa production est plus rentable que les cultures de riz par exemple ! L’huile de palme est utilisée pour fabriquer les produits que nous consommons en Europe.
Tom songe avec nostalgie à son dernier pot de Nutella, savouré avant les vacances.
– Pourquoi brûler ces forêts ?
– Les producteurs d’huile de palme sont les responsables de ces feux de forêt pour
récupérer des terres à cultiver. Après avoir abattu des arbres, ils brûlent les souches, ça
coûte moins cher que de les arracher au bulldozer. Les feux de forêts, il y en a tous les ans en Indonésie mais cette année ils sont très importants à cause de l’intensité et de la
longueur de la saison sèche."
Le lendemain matin, après quelques heures de marche ils atteignent le point de rendez-vous, un site totalement ravagé par une déforestation illégale et massive. Les groupes de jeunes manifestants sont impressionnés. Les trois amis sont atterrés par l’ampleur des dégâts : les rares arbres qui restent sont carbonisés et dépourvus de feuilles, des tas de troncs sont entassés en bloc, abandonnés sur les bords du chemin, le tout masqué par un brouillard de fumée noire et âcre. La déforestation ne fait pas disparaître seulement les arbres : chaque mètre carré de la forêt tropicale abrite des centaines d’espèces végétales, animales et d’insectes qui risquent de disparaître à très court terme.
Soudain, intriguée par des bruits lointains, peut-être des craquements, Léa s’enfonce dans la forêt vers des tourbières suivie par Tom et Mehdi. Les amis se retournent et remarquent des flammes derrière eux. Ils se mettent à courir le plus vite possible, dos au feu et se rendent compte qu’ils se sont perdus et que le groupe ne s’est sûrement pas aperçu de leur absence.
3/ Crash sur l’Himalaya
Perdus dans la forêt, les trois amis entendirent une sirène et se précipitèrent vers elle. ls eurent du mal à localiser d’où provenait le son des pompiers, tant ils étaient paniqués par l’incendie. A travers la fumée, Tom aperçut une silhouette à peine visible. Il prévint ses compagnons, qui s’approchèrent avec difficulté à cause des flammes.
« Au secours !Au secours ! », s’écrièrent Léa, Tom et Mehdi, avant de s’évanouirent à tour de rôle, à cause du manque d’oxygène.
A son réveil, Mehdi, un peu étourdi, tourna la tête et vit que Léa et Tom, comme lui, avaient été pris en charge par les pompiers. Ils se réveillaient peu à peu, sains et sauf. Peu après, le véhicule des pompiers s’arrêta.
Ils étaient arrivés à la caserne. Ils s’étonnèrent de retrouver leur ami John !
Le membre de l’organisation Youth for the Future se dirigea vers les trois compagnons qu’il semblait très heureux de retrouver sains et saufs.
Mehdi demanda : « Que s’est-il passé ? Où sont les manifestants de Youth for the future ? »
« Sont-ils morts ? » murmura Léa , d’un air inquiet.
John leur répondit :
– Non , ils ne sont pas morts, ils ont été sauvés des flammes et évacués en Inde.
Deux jours plus tard, une fois sur pied, nos trois amis pouvaient enfin prendre un avion avec John en direction de l’Inde, afin de partir sur les traces de Naomi et des manifestants.
Ils avaient embarqué depuis plus de deux heures. Mehdi se réveilla en sursaut à cause de fortes turbulences.
Il réveilla les autres et leur dit :
« Regardez ! On est au dessus de l’Himalaya ! »
Tom, étant du côté du hublot, colla son nez sur celui-ci et admira le paysage, tout en répondant à Mehdi.
« Oui, je crois bien qu’on le survole mais… ». Il n’eut même pas le temps de terminer sa phrase que la voix du pilote fit une annonce :
« Mesdames et Messieurs, suite à un problème technique, nous vous prions de bien vouloir attacher vos ceintures de sécurité . ».
Tom et Léa n’étaient pas trop stressés quand tout à coup Mehdi sentit une baisse d’altitude et dit, en tentant de garder son sang froid :
« On est mal barrés . »
Le moteur de l’avion s’était arrêté. Quelques minutes plus tard , il se crasha sur l’Himalaya, à plus de 5 000 m d’altitude.
Léa se réveilla au milieu des débris, observa autour d’elle et vit Tom.
Affolée, elle sauta sur son ami qui ouvrit les yeux et demanda « Où sommes nous, et où sont les autres ? ».
Léa et Tom constatèrent les dégâts causés par l’accident et virent Mehdi.
Ils allèrent vers leur camarade pour le réveiller mais en s’approchant ils virent une personne en dessous de lui. Ils réveillèrent Mehdi qui se leva : en dessous, c’était John en sang !
Léa poussa un cri, suivi de celui de Tom, suivi de celui de Mehdi.
Tom prit son pouls et hélas il était trop tard. Léa se mit à pleurer.
– Où sommes nous ? Demanda Tom.
– J’en sais rien, répondit Léa.
– Nous sommes au sommet d’une montagne, répondit Mehdi.
Tom aperçut un homme équipé pour la haute montagne et courut vers lui afin de savoir où ils étaient.
Il lui dit :
– Hello, where are we ?
Le marcheur répondit :
– Himalaya.
– Pardon !? dirent Mehdi et Léa.
– L’Himalaya. Nous sommes dans l’Himalaya, répéta Tom.
« Qu’est-ce qui se passe ? dit Mehdi. Je commence à avoir du mal à respirer.
– Moi aussi, ajouta Léa.
– Pareil pour moi conclut Tom. Ça doit être l’altitude. »
Léa se retourna et s’exclama.
« Incroyable ! Regardez, quelle magnifique vue !
– Là, une ville ! coupa Mehdi.
– Allez, venez ! On n’a plus qu’à nous y rendre, c’est notre seule chance ! »
Ils recommencèrent à marcher.
Après plusieurs jours de marche dans l’Himalaya ils étaient tous épuisés, fatigués et affamés et comme à son habitude Tom n’arrêtait pas de se plaindre :
« Quand est-ce qu’on arrive ? J’en ai marre de marcher, disait Tom.
– Mais arrête de râler ! le réprimandait Mehdi.
– On a déjà de la chance d’être encore en vie !
– À cause de cet accident nous avons perdu une personne de valeur », dit Léa encore attristée par la mort tragique de John.
Après cette dispute ils s’étaient approchés de la ville. Ils se trouvèrent tout étourdis à travers des tuk-tuk qui roulaient dans tous les sens et des centaines de personnes qui marchaient autour d’eux. Mais Léa remarqua un détail et dit :
« Regardez leurs tenues, ce sont des saris !
– Et regardez les panneaux ! c’est écrit « Bénarès », dit Mehdi.
4/ TROIS ETONNANTES RENCONTRES
Les trois jeunes arrivèrent à Bénarès ou Verani. Il y avait beaucoup de temples et de barques le long du Gange. Les Hindous s’y purifiaient et s’y débarrassaient de leurs péchés. Tom, Medhi et Lea recherchaient un hôtel avec purificateur d’air dans les chambres parce qu’ils avaient du mal à respirer à cause de la pollution. Ils n’en trouvaient aucun mais ils finirent par repérer un panneau “ Bed and breakfast “ sur une habitation. Ils furent accueillis par une famille en deuil qui venait de perdre son grand-père et tout le monde était vêtu de tuniques kurta. On leur servi, malgré tout, du poulet tandoori. Plus tard, quand nos trois jeunes découvrirent leur chambre, ils virent qu’ils allaient dormir sur des tapis de paille.
Dans l’après-midi, une fois sortis de la maison, ils se dirigèrent vers le lieu de la crémation du grand-père à laquelle on les avait conviés. Arrivés sur place, ils virent le bûcher déjà dressé et le corps préparé. Assis, ils attendirent les autres invités. Selon le rituel, c’est le frère aîné qui enflamme le bûcher et c’est ce qui se passa. Une fois le corps brûlé et les larmes versées, les cendres furent rassemblées puis jetées rapidement dans le Gange.
Après la cérémonie de crémation, Léa sentit que Medhi était triste et déprimé ; elle alla le voir et lui demanda ce qui n’allait pas.
•La cérémonie m’a rappelé le décès de John ... J’en suis coupable ... Dit Medhi
• Mais non ! Tu sais bien que ce n’est pas de ta faute ! Dit Léa
•Mouais, répondit Medhi, hésitant.
•Tiens, pour te remonter le moral, allons visiter le Temple d’Or, proposa Léa.
Les trois amis se rendirent donc au Kashi Vishwanath. Le temple abritait plusieurs petites pièces mais possédait aussi une salle de rassemblement : la Sabha. Les temples sont des lieux de culte importants dans la religion hindouiste.
Pendant leur visite, les trois amis remarquèrent un vieux prêtre qui les suivait. Au bout d’un moment il se décida à venir leur parler :
•Êtes-vous Léa, Tom et Medhi ? Demanda le vieil homme
•Oui, et vous, qui êtes-vous ? Répondit Léa.
•On m’a chargé de vous remettre ce message. Tenez !
Et le prêtre disparut. Les trois jeunes lirent le message auquel ils ne comprirent pas grand chose mais ils savaient qu’ils devaient se rendre à Delhi pour un rendez-vous avec Naomie ...
Tom, Léa et Medhi se mirent à la recherche d’un espace de location de tuk-tuk. Ils demandèrent de louer un ce ces engins bizarres.
•Vous allez pouvoir le louer pour la demi-journée seulement, expliqua le loueur.
•Très bien, cela nous convient, dit Medhi.
Ils prirent donc la direction de Delhi au milieu des champs et le long de forêts. La végétation était d’une couleur jaunâtre mais malgré tout, la vue était splendide.
Après une bonne heure de route, ils aperçurent une silhouette en bordure de forêt qui semblait leur faire signe ; ils demandèrent alors au conducteur de s’arrêter et descendirent du tuk-tuk.
Medhi se mit à crier :
•Naomie ! C’est Naomie !
Tom répondit :
•Courez avant qu’elle ne reparte !
Ils se mirent à courir et se prirent dans les bras. Léa suggéra d’aller s’asseoir pour parler de sa disparition tranquillement. Ils s’installèrent à l’ombre d’un bananier et posèrent un tas de questions à Naomie ;
• Pourquoi as-tu disparu ? Que s’est-il passé ?
Lança Tom. Naomie répondit :
•Je ne vous ai pas tout dit à mon sujet, je suis la fille de ...
•De qui, de qui ? demanda Medhi.
•Laisse- la parler ! Dit Léa.
•Je suis la fille de Narendra Modi ! C’est le premier ministre Indien ! Il veut faire voter des lois pour protéger l’environnement et ses adversaires menaçaient de m’enlever ; j’ai dû me cacher ...
Tout le monde se tut, un silence pénible s’installa .
Ils étaient stupéfaits.
Mais il fallait bien rentrer à Bénarès. De retour avec leur nouvelle amie dans leur chambre d’hôtes, ils rencontrèrent un jeune écrivain français, Pierre Ducrozet, accompagné de sa femme. Pierre leur raconta qu’ils avaient voyagé dans la chaîne de l’Himalaya, au Népal, à Calcutta avant d’arriver à Bénarès. Il leur parla de son projet de rejoindre l’île du Skri Lanka en avion car il n’existait plus de liaison maritime avec le sud de l’Inde.
Mais il fallait bien rentrer à Bénarès. De retour avec leur nouvelle amie dans leur chambre d’hôtes, ils rencontrèrent un jeune écrivain français, Pierre Ducrozet, accompagné de sa femme. Pierre leur raconta qu’ils avaient voyagé dans la chaîne de l’Himalaya, au Népal, à Calcutta avant d’arriver à Bénarès. Il leur parla de son projet de rejoindre l’île du Skri Lanka en avion car il n’existait plus de liaison maritime avec le sud de l’Inde.
Après un voyage de plus de deux heures, tous nos amis débarquèrent et furent tout de suite sous le charme : les lacs et rivières étaient magnifiques, les montagnes étaient si hautes que sans doute les dieux vivaient à leur sommet et, au milieu de tout cela, les vestiges d’anciennes civilisations perduraient tant bien que mal.
Tout à coup, un inconnu les aborda et leur demanda :
•Je vous fais visiter, les enfants ?
•Non, je crois que ma mère m’a appris à ne pas adresser la parole aux inconnus ! Lui répondit Léa.
•Les amis, je vous présente Joé Kalorès, une personnalité du Skri Lanka : il combat depuis des années le gouvernement local sur la question de la pollution, dit Naomie.
•Oui, c’est exactement ça, dit en souriant le nouveau personnage. Je vous montre les anciens temples ?
•Oh, oui ! Répondirent -ils tous en coeur.
Dans la forêt, ils remarquèrent la fumée de plusieurs feux.
•C’est bizarre, dit Tom, ils ne sont pas allumés naturellement , ils se propagent bien trop vite !
•Courez ! Cria Joe
Ils s’élancèrent tous mais tout en courant, Léa remarqua un grand trou ; elle voulut avertir les autres mais elle n’en eu pas le temps. Joe avait chuté en poussant un cri abominable ; son sang gicla ; il était mort ! Ils sortirent de la forêt et se jurèrent de trouver le coupable ...
5/ Un pour tous, Tous pour Joe.
En marchant abattue par les évènements, Léa repensa à ce qu’il s’était passé dans la forêt et remarqua un bout de tissu de jean, sûrement celui du coupable ! Elle se précipita vers le camp en pensant avoir trouvé une piste.
– Regardez ce que j’ai trouvé ! S’exclama-t-elle, un morceau du pantalon de l’agresseur peut être !!
– Super c’est très important ! S’écria Pierre, en plus il y a une tâche de sang, on va pouvoir l’analyser, on n’a qu’à le donner à la police et ils retrouveront sa trace !
C’est ce qu’ils firent au plus vite. Dès que les premiers rayons du soleil apparurent, la bande d’amis se précipita au poste et déposa la preuve.
– Vous allez devoir attendre plusieurs heures avant que les analyses se fassent et dès que le test ADN sera effectué, le labo nous préviendra et nous verrons à qui appartient ce morceau de tissu, expliqua l’agent de Police.
Pierre et sa femme proposèrent d’attendre mais les jeunes voulurent rester aussi.
Après trois heures interminables enfin un résultat arriva.
– Voilà nous avons un nom, déclara l’agent de police, il s’agit d’un homme Pablo Cibel,
il travaille pour l’un des plus grands sites d’exportation de bois du pays et c’est un homme qui a un fichier pour agression, nos services le connaissent.
La bande décida avec la police de mettre en place un plan pour surprendre le fameux Pablo. Ils vont se rendre sur le lieu de travail et cueillir le suspect.
Le plan est lancé. Les jeunes arrivèrent sur le site forestier et l’homme est question était là. La police surgit au bon moment pour arrêter Pablo Cibel.
– Vous n’avez aucune preuve contre moi ! cria-t-il, vous devez respecter mon innocence !
– Nous voulons savoir qui a tué notre ami Joe, lança Léa, les larmes aux yeux.
– Oui nous ferons tout pour connaître la vérité ! Ajouta Tom.
L’enquête allait débuter mais durerait plusieurs mois sans doute.
Mais Léa avait une idée en tête, elle repensait à la forêt dévastée par ces hommes sans foi ni loi. Elle voulait honorer la mémoire de JOE et une ONG à son nom pourrait être une idée formidable. Elle demanda à tout le monde de poster des messages sur les réseaux sociaux avec ses convictions. Naomi et les autres suivirent leur amie et se lancèrent dans un grand mouvement international.
Les réponses favorables affluèrent et bientôt l’ONG du nom de JOE devint réalité.
– Je suis heureuse de voir que notre action a pu se réaliser, aujourd’hui des avocats se battent pour le respect de la nature des forêts et de la planète, expliqua Léa et c’est ce qui est essentiel.
Les amis avaient réalisé une action concrète et durable pour le bien de l’environnement. Joé n’était pas mort pour rien.
FIN
Le grand départ
2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
– J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
– Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.
Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
– Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
– Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
– Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.
Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.
– T’es folle, Léa, dit Tom.
– Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
– Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
– Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
– On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
– Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.
Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
– C’est bon les gars, dit-il.
– Quoi, demande Mehdi.
– On part en Indonésie.
– Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
– Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
– On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
– Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?
Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.
Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !
2/Direction : Sumatra !
Tout est calme dans l’avion. Mis à part le bruit de tractopelle provenant du ronflement de Tom. Soudain, une annonce du pilote retentit pour signaler l’atterrissage à l’aéroport de Minangkabau ,“ Welcome to Indonésia”.
Le monde paraît si petit vu d’un hublot ! Prendre du recul sur ces paysages leur rappelle à quel point il est important de les protéger.
Après plus de 20h de vol et deux escales, les voilà enfin arrivés en terre inconnue avec leur accompagnateur, Gilles. Les nombreuses heures de vol ont vite calmé l’euphorie du voyage.
À leur arrivée il fait encore nuit. Léa leur fait remarquer la lueur rougeâtre du ciel et la
chaleur déjà très élevée bien qu’il ne fasse pas encore jour.
– J’ai du mal à respirer ! s’exclame Mehdi.
– Moi aussi j’ai l’impression d’avoir la gorge serrée, acquiesce Tom
Il aperçoit un jeune homme avec une pancarte sur laquelle sont inscrits leurs prénoms à tous les trois et « Agissons Pour Climat ». C’est John, le représentant de Youth for Future, chargé de les accueillir et de leur fournir un masque.
Oppressés par un épais brouillard de cendres, ils sont plongés dès la sortie de
l’aéroport dans le folklore local. Les amis observent des habitants protégés par de simples masques de tissu pour poursuivre leurs activités à l’extérieur. Ils se retrouvent à cinq dans le minuscule tuk-tuk bancal de John. Direction le campement de l’ONG.
Durant le trajet, ils ont du mal à communiquer à cause de la différence de langue. Léa qui parle bien anglais arrive à comprendre ce que John leur explique :
« Nous faisons partie d’une des l’ONG qui ont organisé une manifestation demain. L’objectif est de protéger ce pays de la déforestation car environ 70% des forêts de l’île ont été détruits. Et la croissance démographique accentue le déboisement massif. »
Ils arrivent dans un petit camp, aux bords de la forêt où une dizaine de cabanes sont
alignées. Une jeune femme les accueille, leur attribue celle dans laquelle ils sont tous les quatre. À l’intérieur se trouvent un point d’eau et quatre nattes traditionnelles pour dormir.
Ils rejoignent John dans la cabane principale où il leur explique, autour du repas, le but de leur présence :
« Il faut sauver la planète et notre avenir. Nous vivons une urgence climatique. La
manifestation a pour objectif de lutter pacifiquement contre la déforestation. Nous irons rejoindre sur un site gravement touché d’autres manifestants et nous empêcherons par notre présence les ouvriers de travailler.
– Nous allons enfin passer à l’action, s’exclame Tom.
Ils partagent un plat traditionnel, le boeuf rendang de Sumatra (boeuf mariné avec des
épices) accompagné de riz blanc.
– Mais pourquoi les habitants coupent-ils les arbres ? s’emporte Medhi
– Les forêts sont rasées pour produire essentiellement de l’huile de palme. Sa production est plus rentable que les cultures de riz par exemple ! L’huile de palme est utilisée pour fabriquer les produits que nous consommons en Europe.
Tom songe avec nostalgie à son dernier pot de Nutella, savouré avant les vacances.
– Pourquoi brûler ces forêts ?
– Les producteurs d’huile de palme sont les responsables de ces feux de forêt pour
récupérer des terres à cultiver. Après avoir abattu des arbres, ils brûlent les souches, ça
coûte moins cher que de les arracher au bulldozer. Les feux de forêts, il y en a tous les ans en Indonésie mais cette année ils sont très importants à cause de l’intensité et de la
longueur de la saison sèche."
Le lendemain matin, après quelques heures de marche ils atteignent le point de rendez-vous, un site totalement ravagé par une déforestation illégale et massive. Les groupes de jeunes manifestants sont impressionnés. Les trois amis sont atterrés par l’ampleur des dégâts : les rares arbres qui restent sont carbonisés et dépourvus de feuilles, des tas de troncs sont entassés en bloc, abandonnés sur les bords du chemin, le tout masqué par un brouillard de fumée noire et âcre. La déforestation ne fait pas disparaître seulement les arbres : chaque mètre carré de la forêt tropicale abrite des centaines d’espèces végétales, animales et d’insectes qui risquent de disparaître à très court terme.
Soudain, intriguée par des bruits lointains, peut-être des craquements, Léa s’enfonce dans la forêt vers des tourbières suivie par Tom et Mehdi. Les amis se retournent et remarquent des flammes derrière eux. Ils se mettent à courir le plus vite possible, dos au feu et se rendent compte qu’ils se sont perdus et que le groupe ne s’est sûrement pas aperçu de leur absence.
3/ Crash sur l’Himalaya
Perdus dans la forêt, les trois amis entendirent une sirène et se précipitèrent vers elle. ls eurent du mal à localiser d’où provenait le son des pompiers, tant ils étaient paniqués par l’incendie. A travers la fumée, Tom aperçut une silhouette à peine visible. Il prévint ses compagnons, qui s’approchèrent avec difficulté à cause des flammes.
« Au secours !Au secours ! », s’écrièrent Léa, Tom et Mehdi, avant de s’évanouirent à tour de rôle, à cause du manque d’oxygène.
A son réveil, Mehdi, un peu étourdi, tourna la tête et vit que Léa et Tom, comme lui, avaient été pris en charge par les pompiers. Ils se réveillaient peu à peu, sains et sauf. Peu après, le véhicule des pompiers s’arrêta.
Ils étaient arrivés à la caserne. Ils s’étonnèrent de retrouver leur ami John !
Le membre de l’organisation Youth for the Future se dirigea vers les trois compagnons qu’il semblait très heureux de retrouver sains et saufs.
Mehdi demanda : « Que s’est-il passé ? Où sont les manifestants de Youth for the future ? »
« Sont-ils morts ? » murmura Léa , d’un air inquiet.
John leur répondit :
– Non , ils ne sont pas morts, ils ont été sauvés des flammes et évacués en Inde.
Deux jours plus tard, une fois sur pied, nos trois amis pouvaient enfin prendre un avion avec John en direction de l’Inde, afin de partir sur les traces de Naomi et des manifestants.
Ils avaient embarqué depuis plus de deux heures. Mehdi se réveilla en sursaut à cause de fortes turbulences.
Il réveilla les autres et leur dit :
« Regardez ! On est au dessus de l’Himalaya ! »
Tom, étant du côté du hublot, colla son nez sur celui-ci et admira le paysage, tout en répondant à Mehdi.
« Oui, je crois bien qu’on le survole mais… ». Il n’eut même pas le temps de terminer sa phrase que la voix du pilote fit une annonce :
« Mesdames et Messieurs, suite à un problème technique, nous vous prions de bien vouloir attacher vos ceintures de sécurité . ».
Tom et Léa n’étaient pas trop stressés quand tout à coup Mehdi sentit une baisse d’altitude et dit, en tentant de garder son sang froid :
« On est mal barrés . »
Le moteur de l’avion s’était arrêté. Quelques minutes plus tard , il se crasha sur l’Himalaya, à plus de 5 000 m d’altitude.
Léa se réveilla au milieu des débris, observa autour d’elle et vit Tom.
Affolée, elle sauta sur son ami qui ouvrit les yeux et demanda « Où sommes nous, et où sont les autres ? ».
Léa et Tom constatèrent les dégâts causés par l’accident et virent Mehdi.
Ils allèrent vers leur camarade pour le réveiller mais en s’approchant ils virent une personne en dessous de lui. Ils réveillèrent Mehdi qui se leva : en dessous, c’était John en sang !
Léa poussa un cri, suivi de celui de Tom, suivi de celui de Mehdi.
Tom prit son pouls et hélas il était trop tard. Léa se mit à pleurer.
– Où sommes nous ? Demanda Tom.
– J’en sais rien, répondit Léa.
– Nous sommes au sommet d’une montagne, répondit Mehdi.
Tom aperçut un homme équipé pour la haute montagne et courut vers lui afin de savoir où ils étaient.
Il lui dit :
– Hello, where are we ?
Le marcheur répondit :
– Himalaya.
– Pardon !? dirent Mehdi et Léa.
– L’Himalaya. Nous sommes dans l’Himalaya, répéta Tom.
« Qu’est-ce qui se passe ? dit Mehdi. Je commence à avoir du mal à respirer.
– Moi aussi, ajouta Léa.
– Pareil pour moi conclut Tom. Ça doit être l’altitude. »
Léa se retourna et s’exclama.
« Incroyable ! Regardez, quelle magnifique vue !
– Là, une ville ! coupa Mehdi.
– Allez, venez ! On n’a plus qu’à nous y rendre, c’est notre seule chance ! »
Ils recommencèrent à marcher.
Après plusieurs jours de marche dans l’Himalaya ils étaient tous épuisés, fatigués et affamés et comme à son habitude Tom n’arrêtait pas de se plaindre :
« Quand est-ce qu’on arrive ? J’en ai marre de marcher, disait Tom.
– Mais arrête de râler ! le réprimandait Mehdi.
– On a déjà de la chance d’être encore en vie !
– À cause de cet accident nous avons perdu une personne de valeur », dit Léa encore attristée par la mort tragique de John.
Après cette dispute ils s’étaient approchés de la ville. Ils se trouvèrent tout étourdis à travers des tuk-tuk qui roulaient dans tous les sens et des centaines de personnes qui marchaient autour d’eux. Mais Léa remarqua un détail et dit :
« Regardez leurs tenues, ce sont des saris !
– Et regardez les panneaux ! c’est écrit « Bénarès », dit Mehdi.
4/ TROIS ETONNANTES RENCONTRES
Les trois jeunes arrivèrent à Bénarès ou Verani. Il y avait beaucoup de temples et de barques le long du Gange. Les Hindous s’y purifiaient et s’y débarrassaient de leurs péchés. Tom, Medhi et Lea recherchaient un hôtel avec purificateur d’air dans les chambres parce qu’ils avaient du mal à respirer à cause de la pollution. Ils n’en trouvaient aucun mais ils finirent par repérer un panneau “ Bed and breakfast “ sur une habitation. Ils furent accueillis par une famille en deuil qui venait de perdre son grand-père et tout le monde était vêtu de tuniques kurta. On leur servi, malgré tout, du poulet tandoori. Plus tard, quand nos trois jeunes découvrirent leur chambre, ils virent qu’ils allaient dormir sur des tapis de paille.
Dans l’après-midi, une fois sortis de la maison, ils se dirigèrent vers le lieu de la crémation du grand-père à laquelle on les avait conviés. Arrivés sur place, ils virent le bûcher déjà dressé et le corps préparé. Assis, ils attendirent les autres invités. Selon le rituel, c’est le frère aîné qui enflamme le bûcher et c’est ce qui se passa. Une fois le corps brûlé et les larmes versées, les cendres furent rassemblées puis jetées rapidement dans le Gange.
Après la cérémonie de crémation, Léa sentit que Medhi était triste et déprimé ; elle alla le voir et lui demanda ce qui n’allait pas.
•La cérémonie m’a rappelé le décès de John ... J’en suis coupable ... Dit Medhi
• Mais non ! Tu sais bien que ce n’est pas de ta faute ! Dit Léa
•Mouais, répondit Medhi, hésitant.
•Tiens, pour te remonter le moral, allons visiter le Temple d’Or, proposa Léa.
Les trois amis se rendirent donc au Kashi Vishwanath. Le temple abritait plusieurs petites pièces mais possédait aussi une salle de rassemblement : la Sabha. Les temples sont des lieux de culte importants dans la religion hindouiste.
Pendant leur visite, les trois amis remarquèrent un vieux prêtre qui les suivait. Au bout d’un moment il se décida à venir leur parler :
•Êtes-vous Léa, Tom et Medhi ? Demanda le vieil homme
•Oui, et vous, qui êtes-vous ? Répondit Léa.
•On m’a chargé de vous remettre ce message. Tenez !
Et le prêtre disparut. Les trois jeunes lirent le message auquel ils ne comprirent pas grand chose mais ils savaient qu’ils devaient se rendre à Delhi pour un rendez-vous avec Naomie ...
Tom, Léa et Medhi se mirent à la recherche d’un espace de location de tuk-tuk. Ils demandèrent de louer un ce ces engins bizarres.
•Vous allez pouvoir le louer pour la demi-journée seulement, expliqua le loueur.
•Très bien, cela nous convient, dit Medhi.
Ils prirent donc la direction de Delhi au milieu des champs et le long de forêts. La végétation était d’une couleur jaunâtre mais malgré tout, la vue était splendide.
Après une bonne heure de route, ils aperçurent une silhouette en bordure de forêt qui semblait leur faire signe ; ils demandèrent alors au conducteur de s’arrêter et descendirent du tuk-tuk.
Medhi se mit à crier :
•Naomie ! C’est Naomie !
Tom répondit :
•Courez avant qu’elle ne reparte !
Ils se mirent à courir et se prirent dans les bras. Léa suggéra d’aller s’asseoir pour parler de sa disparition tranquillement. Ils s’installèrent à l’ombre d’un bananier et posèrent un tas de questions à Naomie ;
• Pourquoi as-tu disparu ? Que s’est-il passé ?
Lança Tom. Naomie répondit :
•Je ne vous ai pas tout dit à mon sujet, je suis la fille de ...
•De qui, de qui ? demanda Medhi.
•Laisse- la parler ! Dit Léa.
•Je suis la fille de Narendra Modi ! C’est le premier ministre Indien ! Il veut faire voter des lois pour protéger l’environnement et ses adversaires menaçaient de m’enlever ; j’ai dû me cacher ...
Tout le monde se tut, un silence pénible s’installa .
Ils étaient stupéfaits.
Mais il fallait bien rentrer à Bénarès. De retour avec leur nouvelle amie dans leur chambre d’hôtes, ils rencontrèrent un jeune écrivain français, Pierre Ducrozet, accompagné de sa femme. Pierre leur raconta qu’ils avaient voyagé dans la chaîne de l’Himalaya, au Népal, à Calcutta avant d’arriver à Bénarès. Il leur parla de son projet de rejoindre l’île du Skri Lanka en avion car il n’existait plus de liaison maritime avec le sud de l’Inde.
Mais il fallait bien rentrer à Bénarès. De retour avec leur nouvelle amie dans leur chambre d’hôtes, ils rencontrèrent un jeune écrivain français, Pierre Ducrozet, accompagné de sa femme. Pierre leur raconta qu’ils avaient voyagé dans la chaîne de l’Himalaya, au Népal, à Calcutta avant d’arriver à Bénarès. Il leur parla de son projet de rejoindre l’île du Skri Lanka en avion car il n’existait plus de liaison maritime avec le sud de l’Inde.
Après un voyage de plus de deux heures, tous nos amis débarquèrent et furent tout de suite sous le charme : les lacs et rivières étaient magnifiques, les montagnes étaient si hautes que sans doute les dieux vivaient à leur sommet et, au milieu de tout cela, les vestiges d’anciennes civilisations perduraient tant bien que mal.
Tout à coup, un inconnu les aborda et leur demanda :
•Je vous fais visiter, les enfants ?
•Non, je crois que ma mère m’a appris à ne pas adresser la parole aux inconnus ! Lui répondit Léa.
•Les amis, je vous présente Joé Kalorès, une personnalité du Skri Lanka : il combat depuis des années le gouvernement local sur la question de la pollution, dit Naomie.
•Oui, c’est exactement ça, dit en souriant le nouveau personnage. Je vous montre les anciens temples ?
•Oh, oui ! Répondirent -ils tous en coeur.
Dans la forêt, ils remarquèrent la fumée de plusieurs feux.
•C’est bizarre, dit Tom, ils ne sont pas allumés naturellement , ils se propagent bien trop vite !
•Courez ! Cria Joe
Ils s’élancèrent tous mais tout en courant, Léa remarqua un grand trou ; elle voulut avertir les autres mais elle n’en eu pas le temps. Joe avait chuté en poussant un cri abominable ; son sang gicla ; il était mort ! Ils sortirent de la forêt et se jurèrent de trouver le coupable ...
5/ Un pour tous, Tous pour Joe.
En marchant abattue par les évènements, Léa repensa à ce qu’il s’était passé dans la forêt et remarqua un bout de tissu de jean, sûrement celui du coupable ! Elle se précipita vers le camp en pensant avoir trouvé une piste.
– Regardez ce que j’ai trouvé ! S’exclama-t-elle, un morceau du pantalon de l’agresseur peut être !!
– Super c’est très important ! S’écria Pierre, en plus il y a une tâche de sang, on va pouvoir l’analyser, on n’a qu’à le donner à la police et ils retrouveront sa trace !
C’est ce qu’ils firent au plus vite. Dès que les premiers rayons du soleil apparurent, la bande d’amis se précipita au poste et déposa la preuve.
– Vous allez devoir attendre plusieurs heures avant que les analyses se fassent et dès que le test ADN sera effectué, le labo nous préviendra et nous verrons à qui appartient ce morceau de tissu, expliqua l’agent de Police.
Pierre et sa femme proposèrent d’attendre mais les jeunes voulurent rester aussi.
Après trois heures interminables enfin un résultat arriva.
– Voilà nous avons un nom, déclara l’agent de police, il s’agit d’un homme Pablo Cibel,
il travaille pour l’un des plus grands sites d’exportation de bois du pays et c’est un homme qui a un fichier pour agression, nos services le connaissent.
La bande décida avec la police de mettre en place un plan pour surprendre le fameux Pablo. Ils vont se rendre sur le lieu de travail et cueillir le suspect.
Le plan est lancé. Les jeunes arrivèrent sur le site forestier et l’homme est question était là. La police surgit au bon moment pour arrêter Pablo Cibel.
– Vous n’avez aucune preuve contre moi ! cria-t-il, vous devez respecter mon innocence !
– Nous voulons savoir qui a tué notre ami Joe, lança Léa, les larmes aux yeux.
– Oui nous ferons tout pour connaître la vérité ! Ajouta Tom.
L’enquête allait débuter mais durerait plusieurs mois sans doute.
Mais Léa avait une idée en tête, elle repensait à la forêt dévastée par ces hommes sans foi ni loi. Elle voulait honorer la mémoire de JOE et une ONG à son nom pourrait être une idée formidable. Elle demanda à tout le monde de poster des messages sur les réseaux sociaux avec ses convictions. Naomi et les autres suivirent leur amie et se lancèrent dans un grand mouvement international.
Les réponses favorables affluèrent et bientôt l’ONG du nom de JOE devint réalité.
– Je suis heureuse de voir que notre action a pu se réaliser, aujourd’hui des avocats se battent pour le respect de la nature des forêts et de la planète, expliqua Léa et c’est ce qui est essentiel.
Les amis avaient réalisé une action concrète et durable pour le bien de l’environnement. Joé n’était pas mort pour rien.
FIN