Prologue
Localisation : Un bunker sous terre au milieu du Sahara
Année : 2050
Jour et heure : cela ne nous importe plus, maintenant que le monde est détruit, nous n’avons plus l’heure mais nous avons le temps : enfin !
Je n’ai rien oublié de mon ancienne vie, de tout ce que j’ai perdu, de la beauté d’un coucher de soleil, du mouvement lent et majestueux des vagues sur la plage de mon enfance, des histoires que me racontait ma mère. Je n’ai rien oublié du rire joyeux de mes propres enfants jouant à la balle au prisonnier dans le jardin. Rien non plus de ma sœur et mon frère, de notre enfance de petits noirs dans un village de France qui nous a tôt appris à affronter l’adversité. Je n’oublie pas que j’ai été heureuse. J’ai construit ma force et mon énergie, j’ai pu penser l’avenir malgré le Grand Effondrement parce que je savais que ce bonheur-là était possible, qu’une communauté bienveillante, imaginative pouvait sauver du pire des malheurs.
Je suis la plus vieille du projet, c’est moi qui l’ait conçu. Ici, il m’appelle tous Vieille Mère.
J’ai tout perdu au moment du Grand Effondrement en 2030. Tous ceux que j’aimais, ma maison, ma famille, les couchers de soleil, la mer, le chant doux des oiseaux au printemps, la caresse du vent sur mon visage, la table garnie et les amis en fête. Tout !
Depuis des décennies les puissants se faisaient la guerre. Ils fabriquaient des armes sophistiquées, ils n’avaient pas envisagé que leur avidité, leur quête d’un pouvoir hégémonique finiraient par créer notre perte à tous. Le budget de la défense était de plus en plus important, au détriment de la santé, du bien commun. L’éducation avait été abandonnée, la santé des plus fragiles délaissée, ils nous avaient transformés en corps brisés, malades, mal-éduqués, effrayés et méchants. Ils avaient permis que la terre soit abimée pour le confort immédiat de certains, ils avaient moqués, contredits les scientifiques qui prédisaient le désastre écologique en cours. Alors même que les tempêtes étaient plus virulentes, les incendies plus destructeurs et que des sécheresses terribles nous rendaient plus fragiles, ils avaient réussi à nous convaincre que l’étranger était le plus grand danger qui soit, à nous monter les uns contre les autres jusque dans notre intimité. Et quand ils avaient utilisé leurs armes, leurs bombes, nous avions applaudi parce que ce n’était pas contre nous mais contre des hommes, des femmes, des enfants que l’on nous désignait comme ennemis. Des personnes que nous n’avions jamais vu, qui vivaient à des milliers de kilomètres de nous et que nous les autorisions à massacrer parce qu’ils nous répétaient « c’est eux ou vous ! »
Je suis née à la fin du siècle dernier, j’étais là, j’ai tout vu. J’ai, inscrit dans ma mémoire comme un tatouage au fer rouge, la première bombe nucléaire et celles qui ont suivies en rétorsion. Je ne sais plus qui a commencé. Il n’y a plus personne pour écrire cette histoire. Je ne sais plus si c’était la Chine, les USA, la Russie, Israël ou la France. Dans le Projet Anticipation, nous avons compris qu’aucune guerre n’est nécessaire, aucune ne se gagne. Le premier sang versé à l’origine du monde crie vengeance et dans un cercle pervers, dévastateur, les mêmes horreurs se reproduisent.
J’étais ce qu’on appelait en ce temps-là une nerd. Très jeune, j’avais compris l’intérêt de l’informatique, du numérique et de la façon dont on pouvait s’en servir soit pour abêtir, dominer, s’enrichir, soit pour rendre les nôtres plus conscients de leur vulnérabilité et plus solidaires. J’ai choisi la seconde option.
Nous étions six femmes : Joyce et Annabella qui nous viennent des Etats Unis et du Brésil, Hua qui est chinoise, Rim qui est libanaise, Chloé française et moi, Sol, diminutif de mon prénom car mes parents m’ont appelée Soleil, prénom que j’ai transformé en Sol, comme le plancher où j’ai besoin de m’arrimer. Pas aussi vaste que la terre, mais Sol, comme l’endroit à la fois modeste et essentiel où tu poses tes pieds à chaque pas.
Le monde allait à vau-l’eau, j’ai contacté les femmes les plus brillantes de leur génération et elles m’ont écoutées quand je leur ai dit, « tout ça va mal se finir, nous devons nous préparer dès à présent à accoucher de l’avenir »
C’est ainsi qu’est né le Projet Anticipation. Le plan B d’un monde qui, c’était à prévoir, a implosé. Nous avons inventé la machine à remonter le temps et décider de réparer notre monde cassé en sauvant Les Vulnérables.
En route vers l’île mystérieuse
La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
– En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
– Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
– Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
– Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
– Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
– C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
– C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
– Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
– Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
– C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
– Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
– On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.
Une bien sombre découverte
Elle est témoin d’une violente dispute entre le capitaine et un homme de haute-taille, menaçant, armé d’une lance aiguisée, qui semble être un habitant de l’île et parle un anglais parfait. Jetant un regard sombre sur Salomé, l’homme quitte en trombe la cabine et rejoint son embarcation.
Le capitaine réunit tout l’équipage et leur annonce que l’accès à l’île leur est interdit.
Salomé n’ose pas poser de questions au capitaine mais elle est très inquiète.
Quelques heures plus tard, ils reçoivent pourtant un message qui les autorise à débarquer.
Des petits bateaux-à-moteur les emportent alors lentement vers la terre ferme.
Le paysage est sublime, ils en restent bouche-bée. L’eau est d’un bleu turquoise presque translucide. Des milliers de poissons multicolores forment comme une haie d’honneur jusqu’à l’île.
Au loin, ils aperçoivent une crique dans laquelle se jette une immense cascade.
Une large forêt s’impose devant eux.
Dès que les premiers membres d’équipage mettent pied-à-terre, ils perçoivent une forte odeur pestilentielle.
Salomé s’interroge intérieurement sur la provenance de cette effluve mais n’y prête guère attention.
Kamel commence à marcher sur ce doux sable blanc, suivi d’un membre de l’équipage.
Soudain, ce dernier trébuche et tombe…
Salomé accourt et examine attentivement l’objet qui a provoqué la chute. Le sable s’est affaissé autour de ce qui semble être un manche de couteau !
Salomé découvre avec effroi, sous un fin filet de sable, des orteils.
Le malaise s’installe au sein de l’équipage. Ils sont confus et ne savent pas comment réagir. Ils soupçonnent alors les aborigènes d’avoir exercé un de leurs rituels sur la plage ; mais se ravisent et décident d’aller leur parler. Ils vont donc dans la forêt qui borde la plage pour trouver le campement des habitants de l’île. La forêt est impressionnante, le climat y est chaud et humide.
On entend le bruit des oiseaux qui communiquent en chantant et on sent le bois humide.
On n’arrive plus à voir le ciel tellement la végétation est dense.
Après plusieurs heures de marche, l’équipage trouve le campement des aborigènes qui est fait de huttes de branchages et de palmes.
Kamel et Salomé posent alors des questions sur le mort, les aborigènes , méfiants, répondent qu’ils ne savent rien. Ils ne veulent pas se mêler des affaires sordides des étrangers, cependant quelques hommes viennent leur prêter main forte lorsque l’équipage décide de retourner sur la plage et creuse pour dégager le cadavre de son linceul de sable.
Ils découvrent avec horreur le corps d’Adam, mutilé, nécrosé mais au visage encore reconnaissable.
Après une discussion mouvementée, la cheffe de la tribu, Topaka, décline toute responsabilité dans cette histoire : « Je ne participerai pas à votre enquête, je ne prendrai pas le risque de mettre les habitants de l’île en danger ! Nous ne nous sommes jamais aventurés au-delà de notre périmètre de sécurité, vu l’immensité de cette île et de tous ses mystères. »
Salomé, choquée par ce manque de fraternité, aurait presque envie de lui sauter dessus ! Mais Kamel la retient.
Ils décident donc de mener leur propre enquête. Après une longue journée, les recherches sur l’île ne sont pas convaincantes et tout le monde commence à perdre espoir et patience.
L’île, déserte, immense, ne révèle aucun indice et le doute règne dans l’équipe...
« Où sont donc passées la merveilleuse entente et la bonne humeur de notre équipage ? » se demandent Salomé et Kamel.
Malgré tous les obstacles, la paranoïa et la mauvaise humeur de l’équipage, Salomé et Kamel restent soudés grâce à ce lien qui les unit depuis toujours.
3/ Le mutant écoresponsable
Kamel et Salomé se mettent à l’écart.
Salomé : Kamel, nous devons continuer.
Kamel : Pourquoi ? Quel est l’intérêt si Adam Thobias est mort ?
Salomé : On doit rester, pour toute l’équipe. On ne peut pas les abandonner.
Kamel : Mais ils peuvent se débrouiller seuls non ?
Salomé : Non, on ne peut pas. On aurait fait tout ça pour rien ? Tu es prêt à faire ça toi ?
Kamel : Non, tu as raison. On va le faire pour Adam.
Ils retournent vers l’équipage qui les attend. Il est tard. C’est une journée chargée d’émotion qui vient de défiler. Ils installent donc la tente près d’une falaise de l’île. Deux heures passent, Salomé n’arrive toujours pas à dormir. Elle sort, s’assoit sur un rocher qui peuple la côte. Le ciel est clair, on peut apercevoir les étoiles. Kamel ne tarde pas à la rejoindre.
Kamel : C’est fou toute cette histoire, n’est-ce pas ?
Salomé : Tu l’as dit …
Ils discutent quand tout à coup, ils voient une lumière qui brouille leur vison des étoiles. Ils se retournent et voient émaner derrière u arbre, un éclairage vert.
Salomé : Kamel, on va se rapprocher, sans bruit, d’accord ?
Kamel : Compris !
Ils aperçoivent une créature :
Kamel : Salomé, tu as vu ! Qu’est-ce que c’est ?
Salomé : J’en ai aucune idée, mais as-tu remarqué à quel point l’air est pur ici ?
Kamel : C’est vrai, on respire bien.
Salomé : On réveille le zoologue ?
Kamel : Je cours le chercher.
Le zoologue arrive en hâte.
Salomé : Tu peux nous en dire plus sur cette créature ?
Zoologue : Incroyable, je ne l’ai jamais vu.
Kamel : Mais qu’est-ce que ça veut dire. Tu as étudié toutes les espèces !
Zoologue : Il me faut mener quelques recherches … Ca y est, j’y suis , on dirait un microraptor mutant.
Kamel : Et alors cet air frais ?
Zoologue : on va mesurer l’oxygène …
Salomé : Incroyable, il aurait des pouvoirs…
Zoologue : Oui, à étudier mais cet animal me semble magique, il inspire la pollution de l’air et produit de l’oxygène en grande quantité. Il faudrait pouvoir l’étudier plus !!! Je vais l’endormir. C’est sans risque.
Il faut annoncer la découverte au reste de l’équipage. Si cette bête transforme la pollution en oxygène, c’est une révolution pour la planète.
Sauver le monde
Sauver le monde
J’ai rêvé d’une vie parfaite où mon cœur serait en fête
J’ai rêvé d’un autre monde sauvé sans l’aide de James Bond !
J’ai ancré mes pieds dans la terre, déraciné mes doutes,
J’ai slalomé parmi les mers, un nouvel être j’ai découvert
Nous avons sauvé la Terre
Nous allons rester vivant, humer l’air du temps, tout ça grâce à un mutant
Cette bête reste un mystère mais avec son aide nous sauverons notre Terre
Notre Terre, le début d’une nouvelle ère
Sauver le monde et retrouver un ciel splendide, un ciel clair
Des panthères, des rivières, une terre nourricière, un respect de la terre
J’ai rêvé d’un autre monde sans technologie détruisant nos énergies
J’ai rêvé respirer un air toujours pur
J’ai voulu un écosystème solide et sûr
J’ai rêvé d’une autre Terre où le ciel serait limpide
Je ne suis pas resté immobile et le mutant est bien utile
Nous revenons avec un espoir, une réussite, une transformation d’ADN pour stopper la folie humaine
Une mutation pour un monde en transformation
Sauver le monde, sauver les glaciers, sauver les tortues,
sauver les océans et les forêts
J’ai rêvé d’un autre monde sans ses armes et sans ses bombes
Sans sa pollution de l’air
Sans tout ce plastique immonde
J’ai rêvé d’un autre monde où il n’y aurait pas d’ondes
J’ai rêvé d’une autre terre qui ne connaîtrait pas l’effet de serre
J’ai rêvé sous les étoiles d’un monde écoresponsable
Tous ensemble on a voyagé, comme Jules Verne on a inventé
Une île mystérieuse, une bête curieuse
J’ai rêvé d’une autre terre et mon vœu est exaucé, on va sauver l’humanité
Sauver le monde, s’offrir des paysages verts, des poissons dans la mer, un horizon toujours clair
J’ai rêvé d’une autre terre
Avec des glaciers séculaires
Des forêts entières,
Des phoques, des morses et des ours polaires
Où il neigerait en hiver, où il n’y aurait plus d’énergie nucléaire
Je naviguais sur l’océan, son air était si puissant
Je ne dormais plus à poings fermés
Je rêvais espoir et paix,
Avec le mutant, c’est fait !
Sauver le monde, savourer une fin heureuse, se réjouir de l’amitié, d’une aventure réussie
J’ai rêvé d’un autre monde où la terre n’est plus nauséabonde
Où l’avenir serait moins sombre
J’ai rêvé une réalité où il y aurait plus d’équité
Je me suis sentie obligé d’aider, d’y aller, d’avancer
De revenir à la réalité, ma réalité, notre réalité
J’ai rêvé d’une autre terre
Et cette île est un mystère
Un mutant une nouvelle ère
Ouvrez les yeux, ça ira mieux !
En route vers l’île mystérieuse
La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
– En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
– Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
– Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
– Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
– Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
– C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
– C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
– Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
– Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
– C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
– Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
– On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.
Une bien sombre découverte
Elle est témoin d’une violente dispute entre le capitaine et un homme de haute-taille, menaçant, armé d’une lance aiguisée, qui semble être un habitant de l’île et parle un anglais parfait. Jetant un regard sombre sur Salomé, l’homme quitte en trombe la cabine et rejoint son embarcation.
Le capitaine réunit tout l’équipage et leur annonce que l’accès à l’île leur est interdit.
Salomé n’ose pas poser de questions au capitaine mais elle est très inquiète.
Quelques heures plus tard, ils reçoivent pourtant un message qui les autorise à débarquer.
Des petits bateaux-à-moteur les emportent alors lentement vers la terre ferme.
Le paysage est sublime, ils en restent bouche-bée. L’eau est d’un bleu turquoise presque translucide. Des milliers de poissons multicolores forment comme une haie d’honneur jusqu’à l’île.
Au loin, ils aperçoivent une crique dans laquelle se jette une immense cascade.
Une large forêt s’impose devant eux.
Dès que les premiers membres d’équipage mettent pied-à-terre, ils perçoivent une forte odeur pestilentielle.
Salomé s’interroge intérieurement sur la provenance de cette effluve mais n’y prête guère attention.
Kamel commence à marcher sur ce doux sable blanc, suivi d’un membre de l’équipage.
Soudain, ce dernier trébuche et tombe…
Salomé accourt et examine attentivement l’objet qui a provoqué la chute. Le sable s’est affaissé autour de ce qui semble être un manche de couteau !
Salomé découvre avec effroi, sous un fin filet de sable, des orteils.
Le malaise s’installe au sein de l’équipage. Ils sont confus et ne savent pas comment réagir. Ils soupçonnent alors les aborigènes d’avoir exercé un de leurs rituels sur la plage ; mais se ravisent et décident d’aller leur parler. Ils vont donc dans la forêt qui borde la plage pour trouver le campement des habitants de l’île. La forêt est impressionnante, le climat y est chaud et humide.
On entend le bruit des oiseaux qui communiquent en chantant et on sent le bois humide.
On n’arrive plus à voir le ciel tellement la végétation est dense.
Après plusieurs heures de marche, l’équipage trouve le campement des aborigènes qui est fait de huttes de branchages et de palmes.
Kamel et Salomé posent alors des questions sur le mort, les aborigènes , méfiants, répondent qu’ils ne savent rien. Ils ne veulent pas se mêler des affaires sordides des étrangers, cependant quelques hommes viennent leur prêter main forte lorsque l’équipage décide de retourner sur la plage et creuse pour dégager le cadavre de son linceul de sable.
Ils découvrent avec horreur le corps d’Adam, mutilé, nécrosé mais au visage encore reconnaissable.
Après une discussion mouvementée, la cheffe de la tribu, Topaka, décline toute responsabilité dans cette histoire : « Je ne participerai pas à votre enquête, je ne prendrai pas le risque de mettre les habitants de l’île en danger ! Nous ne nous sommes jamais aventurés au-delà de notre périmètre de sécurité, vu l’immensité de cette île et de tous ses mystères. »
Salomé, choquée par ce manque de fraternité, aurait presque envie de lui sauter dessus ! Mais Kamel la retient.
Ils décident donc de mener leur propre enquête. Après une longue journée, les recherches sur l’île ne sont pas convaincantes et tout le monde commence à perdre espoir et patience.
L’île, déserte, immense, ne révèle aucun indice et le doute règne dans l’équipe...
« Où sont donc passées la merveilleuse entente et la bonne humeur de notre équipage ? » se demandent Salomé et Kamel.
Malgré tous les obstacles, la paranoïa et la mauvaise humeur de l’équipage, Salomé et Kamel restent soudés grâce à ce lien qui les unit depuis toujours.
3/ Le mutant écoresponsable
Kamel et Salomé se mettent à l’écart.
Salomé : Kamel, nous devons continuer.
Kamel : Pourquoi ? Quel est l’intérêt si Adam Thobias est mort ?
Salomé : On doit rester, pour toute l’équipe. On ne peut pas les abandonner.
Kamel : Mais ils peuvent se débrouiller seuls non ?
Salomé : Non, on ne peut pas. On aurait fait tout ça pour rien ? Tu es prêt à faire ça toi ?
Kamel : Non, tu as raison. On va le faire pour Adam.
Ils retournent vers l’équipage qui les attend. Il est tard. C’est une journée chargée d’émotion qui vient de défiler. Ils installent donc la tente près d’une falaise de l’île. Deux heures passent, Salomé n’arrive toujours pas à dormir. Elle sort, s’assoit sur un rocher qui peuple la côte. Le ciel est clair, on peut apercevoir les étoiles. Kamel ne tarde pas à la rejoindre.
Kamel : C’est fou toute cette histoire, n’est-ce pas ?
Salomé : Tu l’as dit …
Ils discutent quand tout à coup, ils voient une lumière qui brouille leur vison des étoiles. Ils se retournent et voient émaner derrière u arbre, un éclairage vert.
Salomé : Kamel, on va se rapprocher, sans bruit, d’accord ?
Kamel : Compris !
Ils aperçoivent une créature :
Kamel : Salomé, tu as vu ! Qu’est-ce que c’est ?
Salomé : J’en ai aucune idée, mais as-tu remarqué à quel point l’air est pur ici ?
Kamel : C’est vrai, on respire bien.
Salomé : On réveille le zoologue ?
Kamel : Je cours le chercher.
Le zoologue arrive en hâte.
Salomé : Tu peux nous en dire plus sur cette créature ?
Zoologue : Incroyable, je ne l’ai jamais vu.
Kamel : Mais qu’est-ce que ça veut dire. Tu as étudié toutes les espèces !
Zoologue : Il me faut mener quelques recherches … Ca y est, j’y suis , on dirait un microraptor mutant.
Kamel : Et alors cet air frais ?
Zoologue : on va mesurer l’oxygène …
Salomé : Incroyable, il aurait des pouvoirs…
Zoologue : Oui, à étudier mais cet animal me semble magique, il inspire la pollution de l’air et produit de l’oxygène en grande quantité. Il faudrait pouvoir l’étudier plus !!! Je vais l’endormir. C’est sans risque.
Il faut annoncer la découverte au reste de l’équipage. Si cette bête transforme la pollution en oxygène, c’est une révolution pour la planète.
Sauver le monde
Sauver le monde
J’ai rêvé d’une vie parfaite où mon cœur serait en fête
J’ai rêvé d’un autre monde sauvé sans l’aide de James Bond !
J’ai ancré mes pieds dans la terre, déraciné mes doutes,
J’ai slalomé parmi les mers, un nouvel être j’ai découvert
Nous avons sauvé la Terre
Nous allons rester vivant, humer l’air du temps, tout ça grâce à un mutant
Cette bête reste un mystère mais avec son aide nous sauverons notre Terre
Notre Terre, le début d’une nouvelle ère
Sauver le monde et retrouver un ciel splendide, un ciel clair
Des panthères, des rivières, une terre nourricière, un respect de la terre
J’ai rêvé d’un autre monde sans technologie détruisant nos énergies
J’ai rêvé respirer un air toujours pur
J’ai voulu un écosystème solide et sûr
J’ai rêvé d’une autre Terre où le ciel serait limpide
Je ne suis pas resté immobile et le mutant est bien utile
Nous revenons avec un espoir, une réussite, une transformation d’ADN pour stopper la folie humaine
Une mutation pour un monde en transformation
Sauver le monde, sauver les glaciers, sauver les tortues,
sauver les océans et les forêts
J’ai rêvé d’un autre monde sans ses armes et sans ses bombes
Sans sa pollution de l’air
Sans tout ce plastique immonde
J’ai rêvé d’un autre monde où il n’y aurait pas d’ondes
J’ai rêvé d’une autre terre qui ne connaîtrait pas l’effet de serre
J’ai rêvé sous les étoiles d’un monde écoresponsable
Tous ensemble on a voyagé, comme Jules Verne on a inventé
Une île mystérieuse, une bête curieuse
J’ai rêvé d’une autre terre et mon vœu est exaucé, on va sauver l’humanité
Sauver le monde, s’offrir des paysages verts, des poissons dans la mer, un horizon toujours clair
J’ai rêvé d’une autre terre
Avec des glaciers séculaires
Des forêts entières,
Des phoques, des morses et des ours polaires
Où il neigerait en hiver, où il n’y aurait plus d’énergie nucléaire
Je naviguais sur l’océan, son air était si puissant
Je ne dormais plus à poings fermés
Je rêvais espoir et paix,
Avec le mutant, c’est fait !
Sauver le monde, savourer une fin heureuse, se réjouir de l’amitié, d’une aventure réussie
J’ai rêvé d’un autre monde où la terre n’est plus nauséabonde
Où l’avenir serait moins sombre
J’ai rêvé une réalité où il y aurait plus d’équité
Je me suis sentie obligé d’aider, d’y aller, d’avancer
De revenir à la réalité, ma réalité, notre réalité
J’ai rêvé d’une autre terre
Et cette île est un mystère
Un mutant une nouvelle ère
Ouvrez les yeux, ça ira mieux !