Histoire 05

Prologue

Adam Thobias s’est assis à sa table en bois, dans son appartement du centre de Bruxelles. Il a regardé la jolie petite place, avec ses deux lampadaires et sa fontaine, puis il s’est remis au travail.
Tout est presque prêt. Dans une semaine, la grande expédition partira.
C’est le cœur de son opération Télémaque, qu’il a présentée il y a quelques jours à tous les membres de la Commission sur le Changement Climatique dont il a pris la tête en février dernier. L’expédition sera formée de spécialistes de toutes sortes et de tous âges, botanistes, géographes, artistes, naturalistes, zoologistes, géologues. 50 personnes en tout pour un voyage de deux mois et plusieurs missions – dont une principale, qu’Adam Thobias a appelée « L’Île mystérieuse », parce qu’il a toujours bien aimé Jules Verne.
Toute cette fine équipe va embarquer sur un bateau, Le Tribord, et s’élancer, depuis Rotterdam, vers les mers et les terres du monde entier.
Adam sifflote et se sert une nouvelle tasse de café. Tout se présente plutôt bien.
Il reprend sa conversation en ligne avec Salomé et Kamel.
- C’est une grande aventure qui vous attend, écrit Adam. Et comme toutes les grandes aventures, elle a besoin d’être écrite, elle a besoin de reporters, d’écrivains, de poètes, de musiciens : vous.
Kamel et Salomé, à 260 kilomètres de là, se tournent l’un vers l’autre. Cet homme est fou.
Tout a commencé il y a quelques jours, lorsqu’ils ont reçu un étrange message. Ils l’ont lu plusieurs fois. J’ai rien compris, dit Kamel. Moi non plus, dit Salomé. Ils se sont remis à leur nouvelle chanson, ils avaient du boulot.
Depuis un an, avec deux autres amis, ils ont monté un groupe de hip-hop. Ils adorent ça. Ils sont tous à la fac, ils jonglent entre les petits boulots, les études et la musique, c’est un peu le bordel, mais c’est un bordel créatif et joyeux.
Kamel vit à Belleville, Paris, Salomé juste à côté à Ménilmontant, ils se retrouvent chez Adrien et Carlota, à Oberkampf, ils jouent, et ils suent, et ils chantent.
Deux jours plus tard, ils reçoivent un appel sur WhatsApp. La voix grave d’Adam Thobias s’élève.
- On sait toujours pas trop… commence Salomé.
- Ecoutez, c’est une opportunité historique, l’interrompt Adam. Cette expédition a une grande mission que vous serez chargés de raconter. Parce que voilà le grand défi, derrière toute cette opération : raconter autrement le monde. Pour créer ce nouveau monde que nous espérons, il nous faut non seulement l’inventer, le façonner, mais aussi le dire et le raconter différemment. Et pour cela il faudra tenter plein de choses, d’autres manières, d’autres voix. On a besoin de nouvelles histoires. Je vais vous donner des pistes, mais ensuite ce sera à vous de décider comment vous allez raconter ce que vous verrez : vous pouvez écrire et chanter une chanson, écrire en rebus, faire une bande dessinée, des vidéos… Tout est permis ! Une seule contrainte : chaque étape de l’histoire, vous la raconterez différemment.
Salomé et Kamel roulent de grands yeux.
- Oui mais c’est-à-dire qu’on a des trucs à faire en ce moment.
- Voilà le trajet que suivra le bateau, poursuit Adam décidément infatigable – en fait c’est plutôt une ville flottante, une nouvelle manière de vivre sur l’eau, mais vous verrez ça. Vous partirez plein sud-ouest, traverserez l’Atlantique. Sur la route, les spécialistes procèderont à de nombreux relevés. Une fois passé le cap Horn, vous vous arrêterez sur la côte chilienne.
- Pour ?
- Faire monter des tortues à bord.
- Ok, pourquoi pas, dit Kamel. Et ensuite ?
- Ensuite, vous repartirez plein nord. C’est un bateau puissant, en quelques jours vous arriverez sur une île, en plein océan Pacifique. C’est un lieu incroyable.
- Vous êtes un as du teasing, dit Salomé.
- En deux mots, et gardez-le pour vous, c’est confidentiel : des chercheurs ont recueilli des espèces animales en voie d’extinction, un peu partout sur la planète, et les ont réunies là. C’est une espèce d’énorme sanctuaire, mais c’est aussi plus que ça. L’idée, c’est 1/de les protéger, puisque, comme vous le savez, elles sont en danger, et 2/ de les laisser repartir aux quatre coins de la planète, pour repeupler les zones sauvages.
- Waou, c’est génial ! Et qu’est-ce qu’on va faire nous là-bas ?
- Cette expédition a plein d’objectifs : amener de nouvelles espèces, s’occuper de celles qui sont déjà là (tigres, gorilles, rhinocéros, éléphants, pandas, entre autres) et les aider à se développer, organiser ces nouveaux écosystèmes. Mais je ne vous en dis pas plus, vous verrez bien sur place !
- Et pourquoi nous ?
- Parce que j’ai écouté vos chansons, et qu’on a besoin de gens comme vous. Allez, il est temps de se préparer. Bon voyage les amis !
Et Adam appuie déjà sur le bouton rouge. Le téléphone redevient noir.
Salomé et Kamel se regardent… Ils ne savent pas dans quoi ils se sont embarqués, mais c’est quand même drôlement excitant.

Histoire 05
Pierre Ducrozet

En route vers l’île mystérieuse

La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
- En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
- Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
- Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
- Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
- Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
- C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
- C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
- Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
- Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
- C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
- Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
- On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.

Histoire 05
Collège Molière

L’arrivée

Le commandant du bateau, Jack, arrive en courant sur le pont, il est affolé et totalement déboussolé. Il bafouille et tente de dire qu’un gros nuage d’oiseaux qu’il ne connaît pas vient de passer au-dessus du bateau et plusieurs ont percuté sa cabine.
- Une espèce que je n’ai jamais vue auparavant, des milliers d’oiseaux dit-il avec peine. J’ai d’abord aperçu un nuage noir puis j’ai entendu des cris très stridents, mais d’où viennent-ils ?
C’est alors qu’ils entendent une déflagration.
- On dirait un coup de feu dit Kamel.
Au même moment le nuage revient et les oiseaux attaquent. Ils tombent du ciel et s’écrasent sur le bateau. Tout l’équipage est affolé, ils ne comprennent pas ce qu’il se passe, ils se sentent impuissants. Ils se réfugient dans la cabine de Jack mais au même moment, le brouillard se dissipe et le bateau s’arrête. Le nuage a mystérieusement disparu. L’île est sous leurs yeux. Salomé se précipite dehors et se penche par-dessus bord, il y a très peu de fond, on aperçoit le sable clair. Et tandis que le bateau est coincé par ce dernier, les moteurs s’éteignent un à un et l’équipage afflue sur le pont. Tous sont interloqués, ils ne comprennent pas la présence de cette terre, les cartes ne la mentionnaient pas et ils ne devaient arriver que le lendemain.
- On a un problème, dit Marvin, le second du capitaine, l’île ne devait se trouver qu’à cinq miles de là.
- Ce n’est pas possible, dit Luigi Gonza un géologue italien, pourtant, elle ressemble étrangement à notre île.
Alors que les esprits commencent à s’échauffer, Sergei Sazarowski, le célèbre géographe russe, sort de la cale et lance avec un fort accent :
- Il n’y a qu’une solution, l’île bouge et flotte.
Un grand silence tombe sur l’équipage. L’île est immense, comment est-ce possible ? Du bateau ils ne voient qu’une immense verrière qui semble se découper en plusieurs parties distinctes : une jungle luxuriante et pleine de vie, une savane aride ou peut-être un désert, une montagne couverte de neige… Soudain un matelot les rejoint en hurlant :
- Les tortues, les tortues !
Il leur faut plusieurs minutes pour comprendre ce qu’il se passe et comprendre pourquoi ce garçon est affolé. Il finit par raconter en tremblant que les tortues sur lesquelles il veillait l’ont réveillé tandis qu’il s’était assoupi.
- Elles tapaient sur leurs cages, elles faisaient un boucan d’enfer et alors que j’essayais de les nourrir, elles ont commencé à avancer très vite, si je ne m’étais pas enfui, elles m’auraient écrasé !
Un grand plouf se fait entendre et Salomé regarde Kamel affolée. Les tortues sautent du bastingage et nagent en direction du rivage. Rapidement, une équipe d’expédition se forme pour explorer cette île mystérieuse et suivre les tortues. Ils mettent un canot à l’eau et se séparent en deux équipes. L’un part au nord, l’autre au sud.
Kamel et Salomé pénètrent dans une forêt dense et marchent longtemps pour arriver au point culminant de l’île. Ils apercoivent le bateau au loin. Cependant, une odeur désagréable de putréfaction les saisit. Luigi, l’esprit le plus sensible vomit tant l’odeur est forte. Ici, un cadavre de tigre du Bengal déchiqueté, là dans une mare de sang, des plumes de dodo, cette espèce disparue depuis le XVI ème siècle. Devant eux, cette étrange verrière d’une taille immense se dresse. Dans celle-ci, un trou béant de la taille d’un homme. Kamel ramasse des douilles de balles. Kamel et Salomé s’interrogent du regard, mais que se passe-t-il sur cette île ?

Histoire 05
Collège Molière 1

A la recherche des animaux disparus !

La verrière est éventrée et des morceaux de verre sont disposés sur le sol. Salomé et Kamel, qui boîte, entrent à l’intérieur, l’atmosphère est étrange. Les animaux et les plantes semblent endormis, comme s’ils étaient ensorcelés. Les deux compères aperçoivent une rivière de couleur étrange. En progressant au bord de l’eau, ils finissent par découvrir une installation éphémère. Salomé s’exclame : « C’est sans doute le repère des braconniers ! »

Salomé et Kamel s’approchent et entrent à l’intérieur de la cabane, en faisant attention aux morceaux de verre qui parsèment le sol. Soudain, ils aperçoivent par terre des plumes d’oiseaux. Elles mènent vers un escalier mystérieux : ils doivent suivre les plumes pour en avoir le cœur net ! Ils descendent donc les escaliers et n’en croient pas leurs yeux : devant eux se trouvent des centaines d’animaux de toutes les espèces. Et plus loin, dans une cellule à part, ils découvrent les scientifiques ! Tandis qu’ils essaient de trouver un moyen de crocheter les serrures des cellules, ils entendent des bruits de pas. Se retournant vers l’entrée, Salomé distingue alors le bout du canon d’un fusil d’assaut.
« Attention, crie Salomé ! »
Kamel, qui boite, ne pouvait pas courir.
« Quoi, s’écrie-t-il ?
- Il y a quelqu’un avec une arme, hurle Salomé ! »
Kamel se dépêche, la balle le frôle. Heureusement, Salomé aperçoit une porte à l’arrière de la pièce ! Ils réussissent à l’atteindre et à s’échapper de cette prison sains et saufs, mais ils ont malheureusement dû laisser les scientifiques et les animaux derrière eux : une fois en sécurité, ils pourront élaborer un plan pour revenir les chercher et les libérer de leur prison souterraine... Une fois dehors, assoiffés, ils boivent un peu d’eau à la rivière : alors, bercés par la nuit, il s’endorment dans un sommeil profond.

En se réveillant, à l’aube, les deux amis affamés retournent à la base pour essayer de trouver de quoi manger. En chemin, ils entendent une mystérieuse mélopée venant d’un gigantesque baobab dressé devant eux, au bord de la rivière. En s’approchant de l’arbre, Salomé découvre un oiseau au plumage irisé et au chant féérique perché sur une branche.
« Regarde, on dirait un perroquet, s’écrie Kamel ! »
L’oiseau s’envole et vient se poser sur l’épaule de Kamel.
« Bonjour jeunes gens, je me présente, je m’appelle Oscar, et je suis le plus ancien animal de cette île, chante le perroquet !
- Un perroquet qui parle, s’écrie Salomé !
- Je vous signale que j’ai un nom : Oscar ! Et j’ai énormement de choses à vous dire. Les braconniers ont pris le contrôle de l’île. Ils ont empoisonné la rivière avec une substance soporifique. Vous devez sauver ce qui reste de la verrière ! Il existe tout un réseau de passages secrets pour aller délivrer vos amis. Remontez le cours de la rivière et rendez-vous jusqu’au trou béant, vous y trouverez un petit arbre biscornu au pied duquel se trouve l’entrée d’un passage secret. Bonne chance ! »

Nos héros regardent Oscar s’en aller, abasourdis. Ils commencent alors à suivre le chemin qu’on vient de leur indiquer. Ils arrivent bientôt au trou béant, où ils repèrent le petit arbre. Au bout de quelques minutes de recherches, ils découvrent une trappe qui mène dans un passage secret où ils pénètrent sans hésiter. Ils progressent dans le tunnel quand soudain, ils atteignent la salle où se trouvent les scientifiques et les animaux. Heureusement, les braconniers sont en train de faire la sieste. Les deux héros en profitent donc pour délivrer tout le monde, puis ils font demi-tour… Mais le passage secret s’est refermé derrière eux ! Ils commencent alors à chercher une autre sortie.

Au bout de quelques minutes, un scientifique les appelle :
« J’ai trouvé quelque chose !
- Essayons de creuser, propose Salomé. »
Heureusement, ils sont accompagnés par des lucioles qui les éclairent, ce qui leur facilite le travail. Mais subitement, les lucioles se mettent à former un dessin ressemblant à une tête de mort… Au même moment, Salomé aperçoit un mur de métal... Non, c’est une porte, une immense porte...

Histoire 05
Collège La Tourette

De sero secreto, le sérum secret

Cher journal,
Aujourd’hui, nous avons vécu une journée mouvementée et pleine de découvertes étonnantes.
Revenons au début : nous avions décidé de franchir cette curieuse porte malgré les nombreux avertissements donnés par les lucioles. On l’a d’abord inspectée de haut en bas puis de long en large. Alors que je ne voyais pas du tout comment l’ouvrir, Kamel a distingué quelque chose qui ressemblait à une serrure, ensevelie sous une énorme couche de mousse.
Maintenant que nous avions trouvé le moyen d’entrer, j’ose te l’avouer, cher journal, j’étais encore plus découragée : bien entendu, nous n’avions pas la clef. Comme s’il avait entendu cette pensée, Oscar s’est dirigé vers moi avec quelque chose dans les pattes : une clef d’argent. J’ai couru vers la porte, mis la clef dans la serrure, l’ai tournée et un déclic s’est fait entendre aussitôt. Tu ne devineras jamais la stupéfaction qui nous a submergés en entrant dans la pièce, un grand laboratoire, aussi froid que sombre, et qui semblait abandonné depuis plusieurs semaines. Je suis entrée la première et j’ai longé de grands bureaux qui croulaient sous la paperasse en désordre ; des morceaux de verre brisé gisaient sur le sol au milieu de cartons éparpillés, des cages dont les barreaux possédaient des traces de griffures étaient déformées... Autour de nous, une multitude d’espèces végétales grimpantes et rampantes (qui nous ne facilitaient pas l’accès au reste du complexe) poussaient à travers les failles des murs et envahissaient une grande partie de cet étrange bâtiment.
En examinant de plus près les cages, les scientifiques ont vite déterminé la fonction de cet immense laboratoire : des expériences sur les animaux ! Nous avons continué d’explorer les autres salles et nous n’étions pas au bout de nos surprises : le quatrième étage était une pièce à elle toute seule, plongée dans l’obscurité. La seule source de lumière provenait de grandes cuves remplies d’un liquide vert et luminescent. Sur chacune d’elles, on pouvait lire une date différente et la même mention : serum naturae.
Tout a basculé lorsqu’un des scientifiques est revenu, livide, avec une liasse de documents : il avait trouvé des bilans d’expériences testant un sérum pour... que la nature reprenne ses droits ! J’ai eu à peine le temps de penser à voix haute : « Attendez un peu qu’Adam Thobias l’apprenne ! » qu’il m’a tendu un des documents :

"Rapport de l’expérience n°512.
Les sujets ont bien supporté la dose injectée (deux fois supérieure à celle utilisée précédemment sur les perroquets) et ont développé un esprit collectif hors-norme. Sur les 526 animaux et insectes testés, 4 seulement sont morts.
Envoyé à adam.thobias@telemaque.com le 19 mars 2021 à 11h52."

Je commençais à comprendre : Adam Thobias nous mentait depuis le début...

Stéphanie referme le journal, ébahie par ce qu’elle vient de lire. L’exploratrice regarde la végétation tout autour d’elle, admirant cette île superbe dont elle a enfin percé le secret. Elle la compare à celle sur laquelle Salomé est arrivée, cent soixante ans plus tôt, sauver des espèces en voie d’extinction. Elle peine à s’imaginer ce monde où les Hommes avaient tant de pouvoir et de contrôle. Au fil des pages, elle s’est prise d’affection pour Salomé et les membres de l’expédition Télémaque et elle aurait voulu savoir ce qui s’est passé. De nombreuses questions l’assaillent mais beaucoup resteront sans doute sans réponse : les dernières pages du journal ont été arrachées.

Une nouvelle ère

Sur l’île isolée, Adam les a missionnés
Avec des espèces fragiles qu’il fallait sauver.
Le vrai but de la mission leur était caché.
Tous dupés !

Attaqués par les braconniers, emprisonnés,
Kamel et Salomé se sont bien échappés
Et les mensonges de Thobias se sont révélés.
Vérité !

Nature, reprends tes droits !
Fais entendre ta voix !
Le monde te le doit...
Nature, reprends tes droits !

Il les avait envoyés en expédition
Et pour lui ils n’avaient que de l’admiration.
Hélas, ils n’éprouvent plus que de la déception.
Trahison !

Un sérum pour la nature, clé d’une nouvelle ère
Dans l’espoir d’un autre monde, extraordinaire
Une toute nouvelle histoire d’hommes, teintée de vert
Pour la Terre !

Nature, reprends tes droits !
Fais entendre ta voix !
Le monde te le doit...
Nature, reprends tes droits !

Histoire 05
Pierre Ducrozet

En route vers l’île mystérieuse

La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
- En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
- Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
- Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
- Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
- Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
- C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
- C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
- Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
- Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
- C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
- Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
- On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.

Histoire 05
Collège Molière

L’arrivée

Le commandant du bateau, Jack, arrive en courant sur le pont, il est affolé et totalement déboussolé. Il bafouille et tente de dire qu’un gros nuage d’oiseaux qu’il ne connaît pas vient de passer au-dessus du bateau et plusieurs ont percuté sa cabine.
- Une espèce que je n’ai jamais vue auparavant, des milliers d’oiseaux dit-il avec peine. J’ai d’abord aperçu un nuage noir puis j’ai entendu des cris très stridents, mais d’où viennent-ils ?
C’est alors qu’ils entendent une déflagration.
- On dirait un coup de feu dit Kamel.
Au même moment le nuage revient et les oiseaux attaquent. Ils tombent du ciel et s’écrasent sur le bateau. Tout l’équipage est affolé, ils ne comprennent pas ce qu’il se passe, ils se sentent impuissants. Ils se réfugient dans la cabine de Jack mais au même moment, le brouillard se dissipe et le bateau s’arrête. Le nuage a mystérieusement disparu. L’île est sous leurs yeux. Salomé se précipite dehors et se penche par-dessus bord, il y a très peu de fond, on aperçoit le sable clair. Et tandis que le bateau est coincé par ce dernier, les moteurs s’éteignent un à un et l’équipage afflue sur le pont. Tous sont interloqués, ils ne comprennent pas la présence de cette terre, les cartes ne la mentionnaient pas et ils ne devaient arriver que le lendemain.
- On a un problème, dit Marvin, le second du capitaine, l’île ne devait se trouver qu’à cinq miles de là.
- Ce n’est pas possible, dit Luigi Gonza un géologue italien, pourtant, elle ressemble étrangement à notre île.
Alors que les esprits commencent à s’échauffer, Sergei Sazarowski, le célèbre géographe russe, sort de la cale et lance avec un fort accent :
- Il n’y a qu’une solution, l’île bouge et flotte.
Un grand silence tombe sur l’équipage. L’île est immense, comment est-ce possible ? Du bateau ils ne voient qu’une immense verrière qui semble se découper en plusieurs parties distinctes : une jungle luxuriante et pleine de vie, une savane aride ou peut-être un désert, une montagne couverte de neige… Soudain un matelot les rejoint en hurlant :
- Les tortues, les tortues !
Il leur faut plusieurs minutes pour comprendre ce qu’il se passe et comprendre pourquoi ce garçon est affolé. Il finit par raconter en tremblant que les tortues sur lesquelles il veillait l’ont réveillé tandis qu’il s’était assoupi.
- Elles tapaient sur leurs cages, elles faisaient un boucan d’enfer et alors que j’essayais de les nourrir, elles ont commencé à avancer très vite, si je ne m’étais pas enfui, elles m’auraient écrasé !
Un grand plouf se fait entendre et Salomé regarde Kamel affolée. Les tortues sautent du bastingage et nagent en direction du rivage. Rapidement, une équipe d’expédition se forme pour explorer cette île mystérieuse et suivre les tortues. Ils mettent un canot à l’eau et se séparent en deux équipes. L’un part au nord, l’autre au sud.
Kamel et Salomé pénètrent dans une forêt dense et marchent longtemps pour arriver au point culminant de l’île. Ils apercoivent le bateau au loin. Cependant, une odeur désagréable de putréfaction les saisit. Luigi, l’esprit le plus sensible vomit tant l’odeur est forte. Ici, un cadavre de tigre du Bengal déchiqueté, là dans une mare de sang, des plumes de dodo, cette espèce disparue depuis le XVI ème siècle. Devant eux, cette étrange verrière d’une taille immense se dresse. Dans celle-ci, un trou béant de la taille d’un homme. Kamel ramasse des douilles de balles. Kamel et Salomé s’interrogent du regard, mais que se passe-t-il sur cette île ?

Histoire 05
Collège Molière 1

A la recherche des animaux disparus !

La verrière est éventrée et des morceaux de verre sont disposés sur le sol. Salomé et Kamel, qui boîte, entrent à l’intérieur, l’atmosphère est étrange. Les animaux et les plantes semblent endormis, comme s’ils étaient ensorcelés. Les deux compères aperçoivent une rivière de couleur étrange. En progressant au bord de l’eau, ils finissent par découvrir une installation éphémère. Salomé s’exclame : « C’est sans doute le repère des braconniers ! »

Salomé et Kamel s’approchent et entrent à l’intérieur de la cabane, en faisant attention aux morceaux de verre qui parsèment le sol. Soudain, ils aperçoivent par terre des plumes d’oiseaux. Elles mènent vers un escalier mystérieux : ils doivent suivre les plumes pour en avoir le cœur net ! Ils descendent donc les escaliers et n’en croient pas leurs yeux : devant eux se trouvent des centaines d’animaux de toutes les espèces. Et plus loin, dans une cellule à part, ils découvrent les scientifiques ! Tandis qu’ils essaient de trouver un moyen de crocheter les serrures des cellules, ils entendent des bruits de pas. Se retournant vers l’entrée, Salomé distingue alors le bout du canon d’un fusil d’assaut.
« Attention, crie Salomé ! »
Kamel, qui boite, ne pouvait pas courir.
« Quoi, s’écrie-t-il ?
- Il y a quelqu’un avec une arme, hurle Salomé ! »
Kamel se dépêche, la balle le frôle. Heureusement, Salomé aperçoit une porte à l’arrière de la pièce ! Ils réussissent à l’atteindre et à s’échapper de cette prison sains et saufs, mais ils ont malheureusement dû laisser les scientifiques et les animaux derrière eux : une fois en sécurité, ils pourront élaborer un plan pour revenir les chercher et les libérer de leur prison souterraine... Une fois dehors, assoiffés, ils boivent un peu d’eau à la rivière : alors, bercés par la nuit, il s’endorment dans un sommeil profond.

En se réveillant, à l’aube, les deux amis affamés retournent à la base pour essayer de trouver de quoi manger. En chemin, ils entendent une mystérieuse mélopée venant d’un gigantesque baobab dressé devant eux, au bord de la rivière. En s’approchant de l’arbre, Salomé découvre un oiseau au plumage irisé et au chant féérique perché sur une branche.
« Regarde, on dirait un perroquet, s’écrie Kamel ! »
L’oiseau s’envole et vient se poser sur l’épaule de Kamel.
« Bonjour jeunes gens, je me présente, je m’appelle Oscar, et je suis le plus ancien animal de cette île, chante le perroquet !
- Un perroquet qui parle, s’écrie Salomé !
- Je vous signale que j’ai un nom : Oscar ! Et j’ai énormement de choses à vous dire. Les braconniers ont pris le contrôle de l’île. Ils ont empoisonné la rivière avec une substance soporifique. Vous devez sauver ce qui reste de la verrière ! Il existe tout un réseau de passages secrets pour aller délivrer vos amis. Remontez le cours de la rivière et rendez-vous jusqu’au trou béant, vous y trouverez un petit arbre biscornu au pied duquel se trouve l’entrée d’un passage secret. Bonne chance ! »

Nos héros regardent Oscar s’en aller, abasourdis. Ils commencent alors à suivre le chemin qu’on vient de leur indiquer. Ils arrivent bientôt au trou béant, où ils repèrent le petit arbre. Au bout de quelques minutes de recherches, ils découvrent une trappe qui mène dans un passage secret où ils pénètrent sans hésiter. Ils progressent dans le tunnel quand soudain, ils atteignent la salle où se trouvent les scientifiques et les animaux. Heureusement, les braconniers sont en train de faire la sieste. Les deux héros en profitent donc pour délivrer tout le monde, puis ils font demi-tour… Mais le passage secret s’est refermé derrière eux ! Ils commencent alors à chercher une autre sortie.

Au bout de quelques minutes, un scientifique les appelle :
« J’ai trouvé quelque chose !
- Essayons de creuser, propose Salomé. »
Heureusement, ils sont accompagnés par des lucioles qui les éclairent, ce qui leur facilite le travail. Mais subitement, les lucioles se mettent à former un dessin ressemblant à une tête de mort… Au même moment, Salomé aperçoit un mur de métal... Non, c’est une porte, une immense porte...

Histoire 05
Collège La Tourette

De sero secreto, le sérum secret

Cher journal,
Aujourd’hui, nous avons vécu une journée mouvementée et pleine de découvertes étonnantes.
Revenons au début : nous avions décidé de franchir cette curieuse porte malgré les nombreux avertissements donnés par les lucioles. On l’a d’abord inspectée de haut en bas puis de long en large. Alors que je ne voyais pas du tout comment l’ouvrir, Kamel a distingué quelque chose qui ressemblait à une serrure, ensevelie sous une énorme couche de mousse.
Maintenant que nous avions trouvé le moyen d’entrer, j’ose te l’avouer, cher journal, j’étais encore plus découragée : bien entendu, nous n’avions pas la clef. Comme s’il avait entendu cette pensée, Oscar s’est dirigé vers moi avec quelque chose dans les pattes : une clef d’argent. J’ai couru vers la porte, mis la clef dans la serrure, l’ai tournée et un déclic s’est fait entendre aussitôt. Tu ne devineras jamais la stupéfaction qui nous a submergés en entrant dans la pièce, un grand laboratoire, aussi froid que sombre, et qui semblait abandonné depuis plusieurs semaines. Je suis entrée la première et j’ai longé de grands bureaux qui croulaient sous la paperasse en désordre ; des morceaux de verre brisé gisaient sur le sol au milieu de cartons éparpillés, des cages dont les barreaux possédaient des traces de griffures étaient déformées... Autour de nous, une multitude d’espèces végétales grimpantes et rampantes (qui nous ne facilitaient pas l’accès au reste du complexe) poussaient à travers les failles des murs et envahissaient une grande partie de cet étrange bâtiment.
En examinant de plus près les cages, les scientifiques ont vite déterminé la fonction de cet immense laboratoire : des expériences sur les animaux ! Nous avons continué d’explorer les autres salles et nous n’étions pas au bout de nos surprises : le quatrième étage était une pièce à elle toute seule, plongée dans l’obscurité. La seule source de lumière provenait de grandes cuves remplies d’un liquide vert et luminescent. Sur chacune d’elles, on pouvait lire une date différente et la même mention : serum naturae.
Tout a basculé lorsqu’un des scientifiques est revenu, livide, avec une liasse de documents : il avait trouvé des bilans d’expériences testant un sérum pour... que la nature reprenne ses droits ! J’ai eu à peine le temps de penser à voix haute : « Attendez un peu qu’Adam Thobias l’apprenne ! » qu’il m’a tendu un des documents :

"Rapport de l’expérience n°512.
Les sujets ont bien supporté la dose injectée (deux fois supérieure à celle utilisée précédemment sur les perroquets) et ont développé un esprit collectif hors-norme. Sur les 526 animaux et insectes testés, 4 seulement sont morts.
Envoyé à adam.thobias@telemaque.com le 19 mars 2021 à 11h52."

Je commençais à comprendre : Adam Thobias nous mentait depuis le début...

Stéphanie referme le journal, ébahie par ce qu’elle vient de lire. L’exploratrice regarde la végétation tout autour d’elle, admirant cette île superbe dont elle a enfin percé le secret. Elle la compare à celle sur laquelle Salomé est arrivée, cent soixante ans plus tôt, sauver des espèces en voie d’extinction. Elle peine à s’imaginer ce monde où les Hommes avaient tant de pouvoir et de contrôle. Au fil des pages, elle s’est prise d’affection pour Salomé et les membres de l’expédition Télémaque et elle aurait voulu savoir ce qui s’est passé. De nombreuses questions l’assaillent mais beaucoup resteront sans doute sans réponse : les dernières pages du journal ont été arrachées.

Une nouvelle ère

Sur l’île isolée, Adam les a missionnés
Avec des espèces fragiles qu’il fallait sauver.
Le vrai but de la mission leur était caché.
Tous dupés !

Attaqués par les braconniers, emprisonnés,
Kamel et Salomé se sont bien échappés
Et les mensonges de Thobias se sont révélés.
Vérité !

Nature, reprends tes droits !
Fais entendre ta voix !
Le monde te le doit...
Nature, reprends tes droits !

Il les avait envoyés en expédition
Et pour lui ils n’avaient que de l’admiration.
Hélas, ils n’éprouvent plus que de la déception.
Trahison !

Un sérum pour la nature, clé d’une nouvelle ère
Dans l’espoir d’un autre monde, extraordinaire
Une toute nouvelle histoire d’hommes, teintée de vert
Pour la Terre !

Nature, reprends tes droits !
Fais entendre ta voix !
Le monde te le doit...
Nature, reprends tes droits !