Prologue
La décision de quitter la ville pour s’installer à la campagne murissait depuis plusieurs années dans l’esprit de Monsieur et Madame Morin-Diallo. Les problèmes d’asthme de Sarah, la petite dernière, et les plaintes incessantes des voisins lorsque les jumeaux Lucas et Salomon jouaient dans la cour de leur résidence du centre-ville de Lyon avaient fini par les convaincre de faire le grand saut. Alors, un matin d’août, les cinq Lyonnais accompagnés de leur chien et de leur chat s’étaient installés dans un coin reculé d’Ardèche au bord de la rivière la Bourges, dans une jolie maison de pierre abandonnée depuis seulement six mois. La santé déclinante du couple de retraités qui y avait vécu les avait poussés à rejoindre la vallée non loin d’un centre hospitalier et des services qu’il proposait aux personnes âgées. Les parents Morin-Diallo, Laurence et Driss, tout sourires, se réjouissaient. Enfin ils réalisaient leur rêve, offraient à leurs enfants de sept et douze ans un cadre de vie proche de la vie sauvage, où l’air était peu pollué et qui permettrait à leur progéniture d’évoluer au grand air, dans un milieu sain au plus près de la nature. Dès les premiers jours, la respiration de Sarah se fit plus fluide, aucun accès de toux à déplorer, son teint s’était éclairci, elle était radieuse, son père et sa mère s’en félicitait. Quant aux garçons, ils n’en revenaient pas de disposer d’un terrain de jeu qui leur semblait illimité. Ils couraient dans les bois, dévalaient les pentes à s’en couper le souffle, sautaient dans les cascades, s’aspergeaient d’eau dans la rivière, hurlant et riant sans déranger personne, un vrai bonheur.
Or, ce dont aucun d’entre eux ne se doutait, c’était que le vide de la maison qu’ils venaient d’investir n’était qu’apparent. En effet, cachés dans les nombreux recoins des deux étages que les Morin-Diallo occupaient, ainsi que dans le grenier, dans la cave, au beau milieu de ce qui avait été un potager, sur la rivière et partout sur ses rives, fourmillait un grand nombre d’espèces de la faune et de la flore locale. Des bactéries invisibles à l’œil nu, des insectes plus ou moins faciles à vivre, des reptiles surtout de petites tailles, des mammifères petits et grands, jusqu’aux oiseaux qui volaient librement au-dessus de la nouvelle demeure de Laurence et de Driss. Sans le savoir, les cinq bipèdes citadins et leurs deux animaux de compagnie bouleversaient tout un écosystème qui avait appris à exister sans devoir composer avec des humains.
Laurence entreprit d’abord de s’occuper du jardin qu’elle voulait rendre joli. Elle s’arma d’une énorme paire de ciseaux en métal et d’autres ustensiles et commença par se charger des mauvaises herbes : elle défrichait, éliminait toutes les plantes qui lui semblaient laides ou inutiles, une hécatombe. Dans la remise, Driss fut ravi de trouver une tondeuse à gazon dont le réservoir contenait encore suffisamment de carburant. Afin de rendre les alentours de leur propriété plus ordonnée, il sortit l’engin, et l’alluma. Un bruit de moteur vint perturber le calme à une centaine de mètres à la ronde, semant l’effroi dans la nature, d’autant que la fumée noire qui s’en échappait était irrespirable. Alors qu’ils jouaient dans le lit de la rivière, les deux garçons n’hésitaient pas à s’emparer de cailloux qu’ils jetaient à la surface pour s’éclabousser, sans se rendre compte qu’ils retiraient leurs abris à des crustacés livrés subitement sans secours aux attaques de leurs prédateurs. Leur chien, encore jeune et turbulent, ne sachant plus où donner du museau, pourchassait les papillons affolés, creusait la terre en arrachant les racines nécessaires à la survie des plantes, ses jeux détruisaient aussi l’habitat d’insectes incapables de vivre au grand jour. Le chat aussi jubilait, il avait à sa disposition un vaste terrain de chasse où les rongeurs dont il raffolait, découvraient bien trop tard son habileté et sa redoutable efficacité. Le petit félin ne mit pas vingt-quatre heures à s’adapter à son nouvel environnement, il en devint le principal prédateur.
En se rencontrant, deux univers qui n’aspiraient pourtant qu’à vivre en paix entraient en collision. Mais, ignorés par les humains, c’était au monde des plantes et des animaux de réagir, d’observer attentivement le comportement des nouveaux venus afin de s’y adapter, puis de trouver rapidement les moyens de cohabiter avec ceux qu’ils considéraient comme des intrus qui leur compliquaient l’existence.
Le grand départ
2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
– J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
– Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.
Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
– Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
– Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
– Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.
Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.
– T’es folle, Léa, dit Tom.
– Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
– Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
– Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
– On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
– Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.
Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
– C’est bon les gars, dit-il.
– Quoi, demande Mehdi.
– On part en Indonésie.
– Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
– Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
– On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
– Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?
Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.
Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !
Enfin arrivés à Jakarta !
Léa, Tom et Mehdi étaient impatients de découvrir cette ville énorme et magnifique, mais dont des quartiers entiers se faisaient engloutir par la mer, forçant les populations à fuir pour n’être pas noyés sous les eaux qui n’arrêtaient pas de monter.
En sortant de l’aéroport, les trois amis découvrirent une grande manifestation qui bloquait la circulation. La foule brandissait des affiches sur lesquelles étaient écrits des slogans pour lutter contre le réchauffement climatique. D’autres hurlaient et klaxonnaient. Au milieu de ce brouhaha Léa repéra un jeune homme grand, fin, vêtu d’un blaser ocre : il s’agissait d’ Agung Pratama, l’assistant du directeur de l’ONG Ecolius engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Léa se souvint où elle l’avait vu : au journal télévisé quelques jours auparavant. Enthousiaste, elle l’interpela pour lui demander un autographe ; il la dévisagea, signa, avant de s’éloigner d’un pas rapide. Léa, surprise par cette conduite étrange, examina le bout de papier, sur lequel elle lut les mots suivants : rendez-vous à 18h à l’hôtel Alia Matraman, chambre 28.
Elle tendit le papier à Tom et Mehdi ; après s’être concertés ils décidèrent de s’y rendre en taxi. Au bout de trente minutes d’attente, la voiture arriva enfin. Mais avant qu’ils puissent bouger, un groupe de manifestants les bouscula et se jeta dans le petit taxi. Les pauvres amis se relevèrent alors que la voiture démarrait.
– Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? s’inquiéta Tom.
– Je pense que la meilleure solution serait de prendre le bus, c’est plus écologique et respectueux pour la planète, proposa Léa.
– Bonne idée, conclut Mehdi.
Quelques minutes plus tard, les trois adolescents pénétrèrent dans l’hôtel. Ils demandèrent à la réception où se situait la chambre 28. Ils montèrent ensuite les escaliers, se retrouvèrent devant la suite et frappèrent. La porte s’ouvrit sur le jeune homme, qui d’un geste de la main les invita à entrer.
– Que nous voulez-vous ? demanda Tom, méfiant.
– Entrez vite, il faut que je vous parle, les pressa Agung.
Il ferma la porte et les volets, fit un tour rapide de la chambre et s’assit.
– J’ai des informations importantes sur votre amie.
– Vous avez des nouvelles de Naomie ! s’emporta Mehdi
– Oui mais parle plus doucement, on pourrait nous entendre. Personne ne doit savoir que je suis avec vous sinon nos chances de sauver Naomie seront anéanties. J’ai un secret que je n’ai encore confié à personne : je suis un espion infiltré dans la société Ecolius.
– Ecolius est une société réglo ! protesta Léa.
– Non, elle fait croire à la population qu’elle prend soin de l’écologie et de la nature. Mais malheureusement elle achète beaucoup d’entreprises polluantes pour gagner plus d’argent. Ceci a été découvert par une fille que vous connaissez tous, Naomie.
– Mais comment savez-vous tout ça ? interrogea Mehdi un peu perdu.
– Je vous l’ai dit, je suis un espion et je suis là de la part de Naomie. Comme elle possédait des preuves de leurs mensonges, elle a été kidnappée par l’ONG et cachée dans un entrepôt à Tanara situé à l’ouest de Djakarta.
– Savez-vous exactement où se situe la cachette ? demanda Léa.
– Oui, c’est moi qui l’ai emmenée là-bas.
– Mais pourquoi ne l’avez-vous pas délivrée ? hurla-t-elle.
– Vous ne savez pas chuchoter ! répondit Agung en jetant un rapide coup d’œil par la fenêtre. J’étais surveillé, c’était trop dangereux. Je ne pouvais pas prendre un tel risque. Elle se trouve dans un endroit que seuls l’ONG et moi connaissons. Elle m’a passé vos coordonnées quand je l’ai accompagnée et je compte sur votre aide pour la libérer.
– Est-ce qu’elle va bien ? questionna Léa.
– Elle n’est pas blessée et mange à sa faim, la rassura Agung. Demain soir, je vous emmènerai dans l’entrepôt pour la sortir de là. Mais attention, il faudra être discrets.
Le lendemain soir, les quatre amis se rejoignirent devant l’entrepôt tous vêtus de noir.
– Suivez-moi et ne me perdez pas de vue.
Ils s’élancèrent dans le sombre entrepôt et arrivèrent bientôt devant une porte fermée à double tour. Agung sortit une clé de sa poche et l’enfouit dans la serrure. Mais il se rendit compte aussitôt que la porte était déjà ouverte. Les quatre amis pénétrèrent dans la pièce sombre... Naomie avait disparu mais à la place, un petit papier blanc sur lequel étaient inscrits ces mots : “Ils m’emmènent à l’autre bout du monde : au Pérou. Sauvez-moi !”
3/ Noire révélation sur forêt verte
Les trois amis se réveillèrent dans leurs lits crasseux. Ils étaient en prison depuis 24h00 et désespéraient de la situation.
– Ne vous en faites pas les garçons, on sortira bientôt du commissariat , il faut juste attendre que les professionnels analysent la vidéo, les rassura Léa .
Deux jours plus tôt ils avaient fait connaissance avec Agung, l’ami indonésien de Naomi :
– Ecoutez tous ! Je ne suis pas venu jusqu’à vous pour rien, je suis le dernier à avoir une trace de Naomi.
Il sortit son téléphone et appuya sur le bouton central. Ils entendirent une voix bien connue :
“Agung, je n’ai... je n’ai pas beaucoup de temps avant qu’il ne me remarque.. L’ONG... ils ne sont pas ceux qu’on pensait... (suivait une longue liste de chiffres, de noms, d’adresses), rends- toi là-bas, filme ce qui te paraît étrange, un maximum, dénonce sur les réseaux, partage, diffuse, mais surtout sois discret. Je compte sur toi Agung, je compte sur…
L’enregistrement s’arrêtait brutalement.
– C’est Naomi ! s’écrièrent-ils tous en même temps.
-C’est bien beau mais où est Naomi ? Vous savez où est Naomi ou pas ? On doit chercher Naomi, on est venu pour Naomi non ? dit Mehdi dont le cœur battait la chamade.
– Ah, on a Mehdi qui se réveille et pas pour n’importe quoi ! chuchota Léa à Tom.
– Il est juste amoureux, répondit Tom à Léa tout en s’adressant à Agung.
La seule réponse d’Agung fut un rire jaune, puis :
- Allons-y !
– Mais c’est très dangereux, on risque de se faire capturer, voire pire se faire tirer dessus !!!
– Tu as raison mais si on ne fait rien Naomi se fera peut être tuer, ou du moins elle restera prisonnière ! ajouta Medhi avec fougue.
– Bon allons-y ! On va trouver les preuves et contacter les autorités et l’ONG se fera arrêter ! s’exclama Léa.
Une heure plus tard, ils arrivèrent en lisière de forêt, guidé par Agung et par les indications que Naomi lui avait laissées. Ils se trouvaient face à des villas et des voitures luxueuses ! Il y avait même un terrain de golf !
– On filme ça, Tom ? C’est impressionnant ! Quel cynisme : être à la tête d’une fausse ONG luttant contre la déforestation pour pouvoir se faire construire une maison high tech sur une zone déboisée à cet effet ! Pathétique ou tragique ! lança Léa à ses camarades..
Les quatre amis allaient prendre le chemin du retour quand une alarme de sécurité se mit a retentir, ils avaient été repérés ! Paniqués, ils se mirent à courir mais se firent vite encercler par les gardiens de la propriété. Transportés dans un van, yeux bandés et mains attachées, jusque dans une prison située non loin de là.
Par chance Agung avait pu s’éclipser avant eux muni du téléphone arraché à Tom, dont il s’était empressé de diffuser les vidéos sur les réseaux sociaux afin de dénoncer les actes infâmes de l’ONG.
– J’arrive toujours pas à croire qu’autant de gens ont vu la vidéo en 24 heures ! dit Mehdi tout excité.
– 50 millions c’est pas mal !!! Moi c’que j’arrive pas à croire c’est pourquoi on est au commissariat alors qu’on a seulement montré la vérité avec cette vidéo, lança Tom, la voix montant crescendo.
– Ils pensent que ce sont des montages. Personne ne peut les blâmer, c’est tellement grave. Moi j’espère juste que Naomi et Agung vont bien, confessa Léa.
Medhi et Tom prirent Léa dans les bras pour la réconforter mais avant qu’ils aient pu ouvrir la bouche, une voix grave avec un fort accent indonésien retentit dans la cellule exiguë :
– Bonjour, je suis l’enquêteur Abyan Ade en charge de cette affaire et j’ai des nouvelles...
Ce n’est pas le Pérou !
Daniel, inquiet de ne pas avoir des nouvelles de ses amis, alla sur internet, cherchant des informations sur la disparition de Naomie et de ses amis. Sur le net, il découvrit un nom inconnu mais précieux pour Naomi : Agung. Il décida d’essayer de le contacter se disant qu’il en connaissait peut-être plus. Il fit jouer ses contacts sur place et au bout de quelques heures, il avait les coordonnées d’Agung.
Alors une longue discussion eut lieu entre les deux hommes. Agung était un ami de Naomie et il connaissait également les trois français, chose qu’il ignorait. Il l’informa que Naomie avait été piégée car elle avait diffusé des vidéos sur des résidences somptueuses construites sur des espaces déboisées. Or, la déforestation avait été organisée par des membres douteux d’une OGN qui protégeaient l’environnement pour leurs propres intérêts et c’est ce scandale que Naomie avait dénoncé via les réseaux sociaux. Les choses devenaient plus claires.
Au même instant, Daniel recevait un message codé de Mehdi lui demandant de venir les sauver : ils se trouvaient dans une usine désaffectée. Daniel prévint Agung pour qu’il l’aide à retrouver leur trace. Ils décidèrent de partir mais en prévenant également les autorités policières qui étaient aussi à leur recherche. Mais le temps manquait. Ils étaient loin. L’inquiétude grandissait.
Pendant leur course contre la montre, Agung reçut un message de Naomie : repérés et enlevés pour être transportés à l’autre bout du monde. Un code : Lima.
En fait, alors que Mehdi tentait de sauver ses amis, les personnes douteuses de l’ONG étaient arrivées et se rendirent compte qu’il fallait agir mais loin de l’Indonésie ! Comme ils avaient tout envisagé de A à Z, ils mirent leur plan en action : direction le Pérou où leurs complices opéraient de la même manière. Ils firent monter les prisonniers dans un fourgon direction le port où les attendaient des ripoux qui avaient eu le temps d’amarrer le bateau pour embarquer nos clandestins vers Les Philippines où ils prendraient un avion pour Lima.
Paniqués par le message, Daniel et Agung téléphonèrent vite à Abyan Ade, l’inspecteur en chef, qui enquêtait sur cette OGN. Il connaissait très bien leurs agissements et leurs différents contacts. Il informa aussitôt ses collègues de Lima qui surveillaient également cette ONG. Daniel et Agung n’avaient plus qu’à attendre mais ils allèrent tout de même à l’usine désaffectée espérant que leurs amis leur avaient laissé des indices. Rien que des traces de vie encore fraîches.
Quelques jours plus tard, le téléphone sonna. Abyan Ade au téléphone, la voix rassurante mais ferme ; Daniel et Agung, angoissés. Les nouvelles étaient bonnes. Ils avaient été repérés et suivis à leur descente d’avion ; cinq hommes les accompagnaient. Le problème était de maintenir la surveillance car ils se dirigeaient probablement vers l’Amazonie où là il serait impossible de les retrouver au milieu de la jungle. Que faire ?
Deux jours plus tard, le téléphone de Daniel émit un bip ; celui de la sonnerie de la messagerie de Naomie. Code : Iquitos ! Daniel était euphorique.
Iquitos, ville du nord du Pérou, accessible que par avion ou bateau… Comment faire ? Abyan Ade, mis au courant, prit l’affaire en main et établit une stratégie avec Lima : négocier l’appui des tribus Yagua et Bora car eux seuls maîtrisaient la jungle et l’art de la guerre : aucune chance possible pour nos voyous mais la liberté assurée pour nos amis : ils étaient hors de danger !
Le Nutella... c’est fini !
« Ça y est nous sommes à l’aéroport... il est donc temps de se dire au revoir, dit Naomi.
– Tu vas nous manquer, Naomi ! répondirent Mehdi, Léa et Tom.
– Je ne vous souhaite que du bonheur et plein de bonnes choses ! J’espère que grâce à nous, la planète se portera un peu mieux… Il faudra continuer notre lutte !
– Au revoir je vous aime », termina Naomi.
Et c’est ainsi que les trois amis et Naomi partirent chacun de leur côté avec beaucoup d’émotion. Les trois Lyonnais jetèrent un dernier coup d’œil à leur amie, qui reprenait le chemin de l’Allemagne et avec qui, décidément, ils avaient pu sacrément grandir.
Ils montèrent dans l’avion pour retourner chez eux. Léa,Tom et Mehdi avaient des souvenirs plein la tête et chacun restait dans ses pensées dans ce début de vol. Tom éprouvait depuis le commencement de ce voyage, des sentiments pour Léa. Il ne savait pas s’il devait le lui avouer, mais il brisa le silence et se lança quand même :
– J’ai un truc a vous avouer… , commença Tom.
– On t’écoute, répondirent les jeunes gens.
– Ça fait un petit peu longtemps qu’on se connaît et…
– Oui ! C’est certain qu’on est amis depuis des années maintenant ! dit Léa
– Au départ je ne voulais pas faire ce voyage mais je l’ai fait pour toi, Léa, et pour me rapprocher de toi.
– Oh my god ! Tom aime Léa ! Tom aime Léa ! cria Mehdi dans tout l’avion.
– Arrête de crier, chuchota Tom.
Léa n’avait toujours pas pris la parole depuis l’annonce de Tom. Elle ne savait pas encore quoi penser de cette déclaration, mais l’idée que Tom soit amoureux d’elle ne semblait plus trop lui déplaire.
Sans se prendre la tête, les trois enfants s’endormirent tout le long de leurs longs trajets pour retourner chez eux, retrouver leurs familles et leurs amis.
À leur arrivée, une horde de journalistes les attendait et les bombarda de questions sur leurs aventures. Ils étaient devenus célèbres dans la France entière ! Tom, Mehdi et léa saluèrent les journalistes, répondirent à quelques questions, puis montèrent dans un taxi qui les attendait depuis leur atterrissage.
Leurs parents s’étaient réunis chez Tom pour fêter leur arrivée. Quand ils ouvrirent la porte, chacun embrassa son enfant avec une grande émotion.
Les trois adolescents racontèrent leur incroyable histoire tout en partageant un délicieux repas préparé par la mère de Tom. Quand elle posa sur la table sa plus grande spécialité, Tom avoua :
– Quand même, ça fait du bien de te retrouver ! Quand je pense qu’on ne faisait que se disputer avant !
Une semaine plus tard après un repos bien mérité ils durent retourner dans leur collège, le fameux collège Jean moulin. Léa,Tom et Mehdi furent applaudis et félicités par tout l’établissement : élèves, professeurs, chef d’établissement, tout le monde était là pour les accueillir en héros ! Ils avaient risqué leur vie pour sauver la planète !
En sortant du collège, Tom, Léa et Mehdi se retrouvèrent. Ils étaient en train de discuter et de rigoler quand Léa remarqua un banc, un banc vert qui lui rappelait un temps lointain :
– Eh venez sur le banc ! cria Léa
– Oh ouais, c’est vrai, le fameux banc ! », répondit Mehdi.
Les trois amis coururent vers cet endroit où ils avaient pris leur décision quelques semaines plus tôt. Tom arriva en premier et pour rigoler s’allongea à plat ventre sur celui-ci : « Eh, cria Léa, laisse-nous de la place ! »
Mehdi les rejoignit, prit Tom par les pieds de façon à faire de la place pour tout le monde. Ils s’assirent et prirent ensemble un certain nombre de décisions :
« Vous vous rappelez de la fois où on était sur ce banc ?on voulait agir pour notre planète. On était là tous les trois et on parlait de l’état des forêts…
– Oh ouais c’est vrai, même qu’on n’était pas trop chauds à la base… Mais finalement on l’a eu notre aventure.
– Vous savez quoi les gars ? Moi ce qui est sûr, c’est que je ne mangerai plus de Nutella », conclut Tom.
Ils se rendirent compte que finalement se battre avaient été une bonne chose pour eux .
Ils étaient fiers de tout ce qu’ils avaient fait ! Mais, assis sur leur banc, ils se sentirent tout à coup inutiles, certes soulagés que tout soit fini, mais en manque d’engagement pour défendre une cause.
C’est alors que Mahdi leur expliqua qu’il avait appris que de nombreux jeunes, comme Naomi, tentaient de changer le monde, chacun à sa façon.
Ils prirent alors tous les trois une grande décision : faire une nouvelle action pour ce monde ! Par exemple, rencontrer Mamory Bonda, qui lutte contre le mariage des enfants d’Afrique, ou bien aller rencontrer Muzoon Al Mellehan, ce grand défenseur de l’éducation, notamment des réfugies.
Eux aussi avaient leur combat à mener !
Le grand départ
2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
– J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
– Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.
Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
– Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
– Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
– Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.
Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.
– T’es folle, Léa, dit Tom.
– Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
– Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
– Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
– On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
– Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.
Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
– C’est bon les gars, dit-il.
– Quoi, demande Mehdi.
– On part en Indonésie.
– Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
– Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
– On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
– Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?
Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.
Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !
Enfin arrivés à Jakarta !
Léa, Tom et Mehdi étaient impatients de découvrir cette ville énorme et magnifique, mais dont des quartiers entiers se faisaient engloutir par la mer, forçant les populations à fuir pour n’être pas noyés sous les eaux qui n’arrêtaient pas de monter.
En sortant de l’aéroport, les trois amis découvrirent une grande manifestation qui bloquait la circulation. La foule brandissait des affiches sur lesquelles étaient écrits des slogans pour lutter contre le réchauffement climatique. D’autres hurlaient et klaxonnaient. Au milieu de ce brouhaha Léa repéra un jeune homme grand, fin, vêtu d’un blaser ocre : il s’agissait d’ Agung Pratama, l’assistant du directeur de l’ONG Ecolius engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Léa se souvint où elle l’avait vu : au journal télévisé quelques jours auparavant. Enthousiaste, elle l’interpela pour lui demander un autographe ; il la dévisagea, signa, avant de s’éloigner d’un pas rapide. Léa, surprise par cette conduite étrange, examina le bout de papier, sur lequel elle lut les mots suivants : rendez-vous à 18h à l’hôtel Alia Matraman, chambre 28.
Elle tendit le papier à Tom et Mehdi ; après s’être concertés ils décidèrent de s’y rendre en taxi. Au bout de trente minutes d’attente, la voiture arriva enfin. Mais avant qu’ils puissent bouger, un groupe de manifestants les bouscula et se jeta dans le petit taxi. Les pauvres amis se relevèrent alors que la voiture démarrait.
– Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? s’inquiéta Tom.
– Je pense que la meilleure solution serait de prendre le bus, c’est plus écologique et respectueux pour la planète, proposa Léa.
– Bonne idée, conclut Mehdi.
Quelques minutes plus tard, les trois adolescents pénétrèrent dans l’hôtel. Ils demandèrent à la réception où se situait la chambre 28. Ils montèrent ensuite les escaliers, se retrouvèrent devant la suite et frappèrent. La porte s’ouvrit sur le jeune homme, qui d’un geste de la main les invita à entrer.
– Que nous voulez-vous ? demanda Tom, méfiant.
– Entrez vite, il faut que je vous parle, les pressa Agung.
Il ferma la porte et les volets, fit un tour rapide de la chambre et s’assit.
– J’ai des informations importantes sur votre amie.
– Vous avez des nouvelles de Naomie ! s’emporta Mehdi
– Oui mais parle plus doucement, on pourrait nous entendre. Personne ne doit savoir que je suis avec vous sinon nos chances de sauver Naomie seront anéanties. J’ai un secret que je n’ai encore confié à personne : je suis un espion infiltré dans la société Ecolius.
– Ecolius est une société réglo ! protesta Léa.
– Non, elle fait croire à la population qu’elle prend soin de l’écologie et de la nature. Mais malheureusement elle achète beaucoup d’entreprises polluantes pour gagner plus d’argent. Ceci a été découvert par une fille que vous connaissez tous, Naomie.
– Mais comment savez-vous tout ça ? interrogea Mehdi un peu perdu.
– Je vous l’ai dit, je suis un espion et je suis là de la part de Naomie. Comme elle possédait des preuves de leurs mensonges, elle a été kidnappée par l’ONG et cachée dans un entrepôt à Tanara situé à l’ouest de Djakarta.
– Savez-vous exactement où se situe la cachette ? demanda Léa.
– Oui, c’est moi qui l’ai emmenée là-bas.
– Mais pourquoi ne l’avez-vous pas délivrée ? hurla-t-elle.
– Vous ne savez pas chuchoter ! répondit Agung en jetant un rapide coup d’œil par la fenêtre. J’étais surveillé, c’était trop dangereux. Je ne pouvais pas prendre un tel risque. Elle se trouve dans un endroit que seuls l’ONG et moi connaissons. Elle m’a passé vos coordonnées quand je l’ai accompagnée et je compte sur votre aide pour la libérer.
– Est-ce qu’elle va bien ? questionna Léa.
– Elle n’est pas blessée et mange à sa faim, la rassura Agung. Demain soir, je vous emmènerai dans l’entrepôt pour la sortir de là. Mais attention, il faudra être discrets.
Le lendemain soir, les quatre amis se rejoignirent devant l’entrepôt tous vêtus de noir.
– Suivez-moi et ne me perdez pas de vue.
Ils s’élancèrent dans le sombre entrepôt et arrivèrent bientôt devant une porte fermée à double tour. Agung sortit une clé de sa poche et l’enfouit dans la serrure. Mais il se rendit compte aussitôt que la porte était déjà ouverte. Les quatre amis pénétrèrent dans la pièce sombre... Naomie avait disparu mais à la place, un petit papier blanc sur lequel étaient inscrits ces mots : “Ils m’emmènent à l’autre bout du monde : au Pérou. Sauvez-moi !”
3/ Noire révélation sur forêt verte
Les trois amis se réveillèrent dans leurs lits crasseux. Ils étaient en prison depuis 24h00 et désespéraient de la situation.
– Ne vous en faites pas les garçons, on sortira bientôt du commissariat , il faut juste attendre que les professionnels analysent la vidéo, les rassura Léa .
Deux jours plus tôt ils avaient fait connaissance avec Agung, l’ami indonésien de Naomi :
– Ecoutez tous ! Je ne suis pas venu jusqu’à vous pour rien, je suis le dernier à avoir une trace de Naomi.
Il sortit son téléphone et appuya sur le bouton central. Ils entendirent une voix bien connue :
“Agung, je n’ai... je n’ai pas beaucoup de temps avant qu’il ne me remarque.. L’ONG... ils ne sont pas ceux qu’on pensait... (suivait une longue liste de chiffres, de noms, d’adresses), rends- toi là-bas, filme ce qui te paraît étrange, un maximum, dénonce sur les réseaux, partage, diffuse, mais surtout sois discret. Je compte sur toi Agung, je compte sur…
L’enregistrement s’arrêtait brutalement.
– C’est Naomi ! s’écrièrent-ils tous en même temps.
-C’est bien beau mais où est Naomi ? Vous savez où est Naomi ou pas ? On doit chercher Naomi, on est venu pour Naomi non ? dit Mehdi dont le cœur battait la chamade.
– Ah, on a Mehdi qui se réveille et pas pour n’importe quoi ! chuchota Léa à Tom.
– Il est juste amoureux, répondit Tom à Léa tout en s’adressant à Agung.
La seule réponse d’Agung fut un rire jaune, puis :
- Allons-y !
– Mais c’est très dangereux, on risque de se faire capturer, voire pire se faire tirer dessus !!!
– Tu as raison mais si on ne fait rien Naomi se fera peut être tuer, ou du moins elle restera prisonnière ! ajouta Medhi avec fougue.
– Bon allons-y ! On va trouver les preuves et contacter les autorités et l’ONG se fera arrêter ! s’exclama Léa.
Une heure plus tard, ils arrivèrent en lisière de forêt, guidé par Agung et par les indications que Naomi lui avait laissées. Ils se trouvaient face à des villas et des voitures luxueuses ! Il y avait même un terrain de golf !
– On filme ça, Tom ? C’est impressionnant ! Quel cynisme : être à la tête d’une fausse ONG luttant contre la déforestation pour pouvoir se faire construire une maison high tech sur une zone déboisée à cet effet ! Pathétique ou tragique ! lança Léa à ses camarades..
Les quatre amis allaient prendre le chemin du retour quand une alarme de sécurité se mit a retentir, ils avaient été repérés ! Paniqués, ils se mirent à courir mais se firent vite encercler par les gardiens de la propriété. Transportés dans un van, yeux bandés et mains attachées, jusque dans une prison située non loin de là.
Par chance Agung avait pu s’éclipser avant eux muni du téléphone arraché à Tom, dont il s’était empressé de diffuser les vidéos sur les réseaux sociaux afin de dénoncer les actes infâmes de l’ONG.
– J’arrive toujours pas à croire qu’autant de gens ont vu la vidéo en 24 heures ! dit Mehdi tout excité.
– 50 millions c’est pas mal !!! Moi c’que j’arrive pas à croire c’est pourquoi on est au commissariat alors qu’on a seulement montré la vérité avec cette vidéo, lança Tom, la voix montant crescendo.
– Ils pensent que ce sont des montages. Personne ne peut les blâmer, c’est tellement grave. Moi j’espère juste que Naomi et Agung vont bien, confessa Léa.
Medhi et Tom prirent Léa dans les bras pour la réconforter mais avant qu’ils aient pu ouvrir la bouche, une voix grave avec un fort accent indonésien retentit dans la cellule exiguë :
– Bonjour, je suis l’enquêteur Abyan Ade en charge de cette affaire et j’ai des nouvelles...
Ce n’est pas le Pérou !
Daniel, inquiet de ne pas avoir des nouvelles de ses amis, alla sur internet, cherchant des informations sur la disparition de Naomie et de ses amis. Sur le net, il découvrit un nom inconnu mais précieux pour Naomi : Agung. Il décida d’essayer de le contacter se disant qu’il en connaissait peut-être plus. Il fit jouer ses contacts sur place et au bout de quelques heures, il avait les coordonnées d’Agung.
Alors une longue discussion eut lieu entre les deux hommes. Agung était un ami de Naomie et il connaissait également les trois français, chose qu’il ignorait. Il l’informa que Naomie avait été piégée car elle avait diffusé des vidéos sur des résidences somptueuses construites sur des espaces déboisées. Or, la déforestation avait été organisée par des membres douteux d’une OGN qui protégeaient l’environnement pour leurs propres intérêts et c’est ce scandale que Naomie avait dénoncé via les réseaux sociaux. Les choses devenaient plus claires.
Au même instant, Daniel recevait un message codé de Mehdi lui demandant de venir les sauver : ils se trouvaient dans une usine désaffectée. Daniel prévint Agung pour qu’il l’aide à retrouver leur trace. Ils décidèrent de partir mais en prévenant également les autorités policières qui étaient aussi à leur recherche. Mais le temps manquait. Ils étaient loin. L’inquiétude grandissait.
Pendant leur course contre la montre, Agung reçut un message de Naomie : repérés et enlevés pour être transportés à l’autre bout du monde. Un code : Lima.
En fait, alors que Mehdi tentait de sauver ses amis, les personnes douteuses de l’ONG étaient arrivées et se rendirent compte qu’il fallait agir mais loin de l’Indonésie ! Comme ils avaient tout envisagé de A à Z, ils mirent leur plan en action : direction le Pérou où leurs complices opéraient de la même manière. Ils firent monter les prisonniers dans un fourgon direction le port où les attendaient des ripoux qui avaient eu le temps d’amarrer le bateau pour embarquer nos clandestins vers Les Philippines où ils prendraient un avion pour Lima.
Paniqués par le message, Daniel et Agung téléphonèrent vite à Abyan Ade, l’inspecteur en chef, qui enquêtait sur cette OGN. Il connaissait très bien leurs agissements et leurs différents contacts. Il informa aussitôt ses collègues de Lima qui surveillaient également cette ONG. Daniel et Agung n’avaient plus qu’à attendre mais ils allèrent tout de même à l’usine désaffectée espérant que leurs amis leur avaient laissé des indices. Rien que des traces de vie encore fraîches.
Quelques jours plus tard, le téléphone sonna. Abyan Ade au téléphone, la voix rassurante mais ferme ; Daniel et Agung, angoissés. Les nouvelles étaient bonnes. Ils avaient été repérés et suivis à leur descente d’avion ; cinq hommes les accompagnaient. Le problème était de maintenir la surveillance car ils se dirigeaient probablement vers l’Amazonie où là il serait impossible de les retrouver au milieu de la jungle. Que faire ?
Deux jours plus tard, le téléphone de Daniel émit un bip ; celui de la sonnerie de la messagerie de Naomie. Code : Iquitos ! Daniel était euphorique.
Iquitos, ville du nord du Pérou, accessible que par avion ou bateau… Comment faire ? Abyan Ade, mis au courant, prit l’affaire en main et établit une stratégie avec Lima : négocier l’appui des tribus Yagua et Bora car eux seuls maîtrisaient la jungle et l’art de la guerre : aucune chance possible pour nos voyous mais la liberté assurée pour nos amis : ils étaient hors de danger !
Le Nutella... c’est fini !
« Ça y est nous sommes à l’aéroport... il est donc temps de se dire au revoir, dit Naomi.
– Tu vas nous manquer, Naomi ! répondirent Mehdi, Léa et Tom.
– Je ne vous souhaite que du bonheur et plein de bonnes choses ! J’espère que grâce à nous, la planète se portera un peu mieux… Il faudra continuer notre lutte !
– Au revoir je vous aime », termina Naomi.
Et c’est ainsi que les trois amis et Naomi partirent chacun de leur côté avec beaucoup d’émotion. Les trois Lyonnais jetèrent un dernier coup d’œil à leur amie, qui reprenait le chemin de l’Allemagne et avec qui, décidément, ils avaient pu sacrément grandir.
Ils montèrent dans l’avion pour retourner chez eux. Léa,Tom et Mehdi avaient des souvenirs plein la tête et chacun restait dans ses pensées dans ce début de vol. Tom éprouvait depuis le commencement de ce voyage, des sentiments pour Léa. Il ne savait pas s’il devait le lui avouer, mais il brisa le silence et se lança quand même :
– J’ai un truc a vous avouer… , commença Tom.
– On t’écoute, répondirent les jeunes gens.
– Ça fait un petit peu longtemps qu’on se connaît et…
– Oui ! C’est certain qu’on est amis depuis des années maintenant ! dit Léa
– Au départ je ne voulais pas faire ce voyage mais je l’ai fait pour toi, Léa, et pour me rapprocher de toi.
– Oh my god ! Tom aime Léa ! Tom aime Léa ! cria Mehdi dans tout l’avion.
– Arrête de crier, chuchota Tom.
Léa n’avait toujours pas pris la parole depuis l’annonce de Tom. Elle ne savait pas encore quoi penser de cette déclaration, mais l’idée que Tom soit amoureux d’elle ne semblait plus trop lui déplaire.
Sans se prendre la tête, les trois enfants s’endormirent tout le long de leurs longs trajets pour retourner chez eux, retrouver leurs familles et leurs amis.
À leur arrivée, une horde de journalistes les attendait et les bombarda de questions sur leurs aventures. Ils étaient devenus célèbres dans la France entière ! Tom, Mehdi et léa saluèrent les journalistes, répondirent à quelques questions, puis montèrent dans un taxi qui les attendait depuis leur atterrissage.
Leurs parents s’étaient réunis chez Tom pour fêter leur arrivée. Quand ils ouvrirent la porte, chacun embrassa son enfant avec une grande émotion.
Les trois adolescents racontèrent leur incroyable histoire tout en partageant un délicieux repas préparé par la mère de Tom. Quand elle posa sur la table sa plus grande spécialité, Tom avoua :
– Quand même, ça fait du bien de te retrouver ! Quand je pense qu’on ne faisait que se disputer avant !
Une semaine plus tard après un repos bien mérité ils durent retourner dans leur collège, le fameux collège Jean moulin. Léa,Tom et Mehdi furent applaudis et félicités par tout l’établissement : élèves, professeurs, chef d’établissement, tout le monde était là pour les accueillir en héros ! Ils avaient risqué leur vie pour sauver la planète !
En sortant du collège, Tom, Léa et Mehdi se retrouvèrent. Ils étaient en train de discuter et de rigoler quand Léa remarqua un banc, un banc vert qui lui rappelait un temps lointain :
– Eh venez sur le banc ! cria Léa
– Oh ouais, c’est vrai, le fameux banc ! », répondit Mehdi.
Les trois amis coururent vers cet endroit où ils avaient pris leur décision quelques semaines plus tôt. Tom arriva en premier et pour rigoler s’allongea à plat ventre sur celui-ci : « Eh, cria Léa, laisse-nous de la place ! »
Mehdi les rejoignit, prit Tom par les pieds de façon à faire de la place pour tout le monde. Ils s’assirent et prirent ensemble un certain nombre de décisions :
« Vous vous rappelez de la fois où on était sur ce banc ?on voulait agir pour notre planète. On était là tous les trois et on parlait de l’état des forêts…
– Oh ouais c’est vrai, même qu’on n’était pas trop chauds à la base… Mais finalement on l’a eu notre aventure.
– Vous savez quoi les gars ? Moi ce qui est sûr, c’est que je ne mangerai plus de Nutella », conclut Tom.
Ils se rendirent compte que finalement se battre avaient été une bonne chose pour eux .
Ils étaient fiers de tout ce qu’ils avaient fait ! Mais, assis sur leur banc, ils se sentirent tout à coup inutiles, certes soulagés que tout soit fini, mais en manque d’engagement pour défendre une cause.
C’est alors que Mahdi leur expliqua qu’il avait appris que de nombreux jeunes, comme Naomi, tentaient de changer le monde, chacun à sa façon.
Ils prirent alors tous les trois une grande décision : faire une nouvelle action pour ce monde ! Par exemple, rencontrer Mamory Bonda, qui lutte contre le mariage des enfants d’Afrique, ou bien aller rencontrer Muzoon Al Mellehan, ce grand défenseur de l’éducation, notamment des réfugies.
Eux aussi avaient leur combat à mener !