Histoire 01

Prologue

La décision de quitter la ville pour s’installer à la campagne murissait depuis plusieurs années dans l’esprit de Monsieur et Madame Morin-Diallo. Les problèmes d’asthme de Sarah, la petite dernière, et les plaintes incessantes des voisins lorsque les jumeaux Lucas et Salomon jouaient dans la cour de leur résidence du centre-ville de Lyon avaient fini par les convaincre de faire le grand saut. Alors, un matin d’août, les cinq Lyonnais accompagnés de leur chien et de leur chat s’étaient installés dans un coin reculé d’Ardèche au bord de la rivière la Bourges, dans une jolie maison de pierre abandonnée depuis seulement six mois. La santé déclinante du couple de retraités qui y avait vécu les avait poussés à rejoindre la vallée non loin d’un centre hospitalier et des services qu’il proposait aux personnes âgées. Les parents Morin-Diallo, Laurence et Driss, tout sourires, se réjouissaient. Enfin ils réalisaient leur rêve, offraient à leurs enfants de sept et douze ans un cadre de vie proche de la vie sauvage, où l’air était peu pollué et qui permettrait à leur progéniture d’évoluer au grand air, dans un milieu sain au plus près de la nature. Dès les premiers jours, la respiration de Sarah se fit plus fluide, aucun accès de toux à déplorer, son teint s’était éclairci, elle était radieuse, son père et sa mère s’en félicitait. Quant aux garçons, ils n’en revenaient pas de disposer d’un terrain de jeu qui leur semblait illimité. Ils couraient dans les bois, dévalaient les pentes à s’en couper le souffle, sautaient dans les cascades, s’aspergeaient d’eau dans la rivière, hurlant et riant sans déranger personne, un vrai bonheur.
Or, ce dont aucun d’entre eux ne se doutait, c’était que le vide de la maison qu’ils venaient d’investir n’était qu’apparent. En effet, cachés dans les nombreux recoins des deux étages que les Morin-Diallo occupaient, ainsi que dans le grenier, dans la cave, au beau milieu de ce qui avait été un potager, sur la rivière et partout sur ses rives, fourmillait un grand nombre d’espèces de la faune et de la flore locale. Des bactéries invisibles à l’œil nu, des insectes plus ou moins faciles à vivre, des reptiles surtout de petites tailles, des mammifères petits et grands, jusqu’aux oiseaux qui volaient librement au-dessus de la nouvelle demeure de Laurence et de Driss. Sans le savoir, les cinq bipèdes citadins et leurs deux animaux de compagnie bouleversaient tout un écosystème qui avait appris à exister sans devoir composer avec des humains.
Laurence entreprit d’abord de s’occuper du jardin qu’elle voulait rendre joli. Elle s’arma d’une énorme paire de ciseaux en métal et d’autres ustensiles et commença par se charger des mauvaises herbes : elle défrichait, éliminait toutes les plantes qui lui semblaient laides ou inutiles, une hécatombe. Dans la remise, Driss fut ravi de trouver une tondeuse à gazon dont le réservoir contenait encore suffisamment de carburant. Afin de rendre les alentours de leur propriété plus ordonnée, il sortit l’engin, et l’alluma. Un bruit de moteur vint perturber le calme à une centaine de mètres à la ronde, semant l’effroi dans la nature, d’autant que la fumée noire qui s’en échappait était irrespirable. Alors qu’ils jouaient dans le lit de la rivière, les deux garçons n’hésitaient pas à s’emparer de cailloux qu’ils jetaient à la surface pour s’éclabousser, sans se rendre compte qu’ils retiraient leurs abris à des crustacés livrés subitement sans secours aux attaques de leurs prédateurs. Leur chien, encore jeune et turbulent, ne sachant plus où donner du museau, pourchassait les papillons affolés, creusait la terre en arrachant les racines nécessaires à la survie des plantes, ses jeux détruisaient aussi l’habitat d’insectes incapables de vivre au grand jour. Le chat aussi jubilait, il avait à sa disposition un vaste terrain de chasse où les rongeurs dont il raffolait, découvraient bien trop tard son habileté et sa redoutable efficacité. Le petit félin ne mit pas vingt-quatre heures à s’adapter à son nouvel environnement, il en devint le principal prédateur.
En se rencontrant, deux univers qui n’aspiraient pourtant qu’à vivre en paix entraient en collision. Mais, ignorés par les humains, c’était au monde des plantes et des animaux de réagir, d’observer attentivement le comportement des nouveaux venus afin de s’y adapter, puis de trouver rapidement les moyens de cohabiter avec ceux qu’ils considéraient comme des intrus qui leur compliquaient l’existence.

Histoire 01
Pierre Ducrozet

En route vers l’île mystérieuse

La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
 En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
 Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
 Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
 Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
 Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
 C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
 C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
 Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
 Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
 C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
 Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
 On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.

Histoire 01
Pierre Ducrozet

2/ Les nuages noirs

Ce que Salomé voit par la porte du campement, elle ne pourrait le décrire. Mais bon, elle est là pour ça, alors elle essaie : disons que c’est une bête, quelque chose entre l’humain, l’animal et le végétal, comme si on avait accouplé un singe, un homme et un arbre. La forme avance devant elle, aussi malléable qu’une pieuvre - on dirait qu’elle pousse sur les côtés.
Kamel, Olabisi et Patrick sont eux aussi sur le pas de la porte.
 Qu’est-ce que c’est que ça ?! crie Kamel.
 Je vous disais bien qu’il y avait quelque chose qui clochait sur cette île, dit Olabisi.
 Je vais vous expliquer, dit Patrick. Venez avec moi, il faut d’abord qu’on la nourrisse.
Il s’approche de la bête sans nom, à qui il tend des feuilles de palmiers.
 Voilà ce qui s’est passé. On a abrité ici de nombreuses espèces, comme vous le savez, on les a réparties un peu partout sur l’île. Certaines se sont entretuées. Certaines se tolèrent. D’autres encore… se sont reproduites.
 Logique, dit Salomé.
 Oui, la surprise, ce fut de voir lesquelles… dit Patrick. On ne sait pas comment ça s’est passé, mais des cellules humaines se sont mêlées à celles des orangs-outans et des palmiers.
 Mais c’est impossible !
 Apparemment, si.
 Mais est-ce que ce ne serait pas une possibilité d’avenir pour notre espèce ? demande Salomé. Nous mêler à nouveau aux éléments dont nous sommes issus ?
Des yeux surpris se tournent vers elle. Devant eux, la bête se jette au sol et commence à se racler le dos.

Le soir arrive, et tous boivent et mangent pour se changer les idées. L’air frais du Pacifique les berce. On parle de choses et d’autres. On s’endort finalement.
Un nouveau jour se lève sur l’île majestueuse.
Kamel et Salomé veulent retourner faire un tour dans l’île, ils sentent que quelque chose cloche.
 Tu sais quoi, on va y aller tout seul, dit Salomé. Je leur fais pas confiance.
Ils se lancent alors et escaladent la petite montagne à côté. Derrière s’étend un magnifique lac aux reflets dorés. Ils le contournent, et arrivent devant un champ.
 Tu entends ? dit Kamel.
Ils voient au loin un immense enclos. Ils s’approchent. A l’intérieur, des centaines d’animaux entassés. Des clôtures, des barrières, des bêtes qui crient.
 De l’élevage ?
 Quel désastre… dit Kamel. On pensait sauver le monde et on refait les mêmes erreurs : dominer, quadriller, enfermer.
 Eh, vous êtes qui ?
Ils se retournent, deux molosses se tiennent devant eux.
 Pourquoi vous entassez les bêtes comme ça ?
 Il faut bien qu’on mange.

Les deux amis font le tour de la montagne dans l’autre sens et retrouvent l’équipe de l’expédition, tout affairée autour des nouvelles plantes et espèces qu’ils ont ramenées. Kamel et Salomé leur racontent ce qu’ils ont vu.
 Mais pourquoi, demande Salomé à Vivian, rebâtir le même monde ici ?
 Oh on a essayé de faire autrement, je t’assure, dit Vivian. Hier je vous ai raconté comment on a laissé les animaux en liberté. Ça a marché dans certains cas, dans d’autres moins.
 Parce que vous n’avez pas trouvé les bons équilibres, dit Roberto.
 Et puis les vivres ont commencé à manquer, on a eu faim... Et alors certains d’entre nous ont commencé à les tuer.
 Oui, je vois. Les enclos, l’élevage. Toujours la même histoire, quoi.

Ils vont s’installer sur la plage, il est l’heure de manger quelque chose. Toute l’équipe est là, assise dans le sable.
 Qu’est-ce qu’on fait ? demande Salomé.
 Il faut tout revoir, dit Roberto, tout recommencer autrement. On va déjà essayer d’intégrer les tortues qu’on a amenées, la panthère aussi, planter de nouvelles espèces d’arbres. Et petit à petit, on y arrivera.
Salomé attrape la noix de coco à ses pieds. Le soleil est haut au-dessus d’elle. Elle casse la noix en deux, en soulève une moitié, laisse couler le jus frais dans sa gorge. C’est délicieux.
Kamel l’imite.
Il attrape la deuxième moitié quand il voit quelque chose bouger sur l’eau. C’est leur bateau, amarré au ponton, qui semble se déplacer - mais ce n’est pas possible, ça doit être le ressac. Il emplit sa bouche du jus frais.
 Hé ! Qu’est-ce qui se passe ?!
Olabisi se lève brusquement. Elle court vers le rivage. Ce n’était pas une illusion : le bateau est bien en train de s’éloigner. Kamel et Salomé s’élancent aussi. Ils voient des formes qui s’agitent sur le bastingage. Kamel reconnaît Bastien et Carmela, deux des habitants de l’île, en train de hisser les voiles.
 Vite ! Le bateau ! crie Salomé.
Mais déjà les vagues emmènent le Tribord vers l’horizon.

Histoire 01
Collège Aimé Césaire

3/ Le cœur des ténèbres

Case 1
Extérieur jour, une forêt tropicale, une végétation dense. Plan d’ensemble
Premier plan : des feuilles de plantes tropicales, des branches d’arbres, des fleurs exotiques.
Second plan : Kamel et Salomé, en bas à gauche, cadrage sur leur buste, de dos. Ils explorent la forêt face à eux. Ils sont en difficulté pour avancer dans cette végétation anarchique.
Arrière-plan : des arbres aux branchages emmêlés.

Case 2
Extérieur jour, dans la forêt tropicale. Plan d’ensemble
Zoom sur les mains de Salomé qui essaye de se frayer un passage à travers les branchages épais.
Premier plan : Salomé de dos, cadrage sur ses bras et ses mains qui écartent les branches et les repoussent vers l’extérieur.
Second plan : un ruisseau qui semble pollué par une substance nauséabonde, au milieu de la végétation.
Onomatopée : sniff

Case 3
Extérieur jour, dans la forêt tropicale. Panoramique en plongée.
Premier plan : Kamel et Salomé, au centre de la case, de dos, cadrage sur leur buste. Ils repoussent une branche de la main et découvrent des cabanes traditionnelles au bout du ruisseau qu’ils ont remonté, intrigués.
Second plan : Des cabanes traditionnelles. Par la fenêtre, ils distinguent des silhouettes.
Arrière-plan : vol d’oiseaux paniqués, des arbres dépassent derrière les cabanes.
Onomatopées : bruits d’animaux en souffrance (au-dessus d’une cabane)

Case 4
Intérieur jour. Dans le laboratoire découvert par Kamel et Salomé. Gros plan
Une tortue, en intégralité, avec la main d’un homme qui plante une seringue dans sa patte.
Insert en haut à droite avec un très gros plan sur l’œil de l’animal effrayé.

Case 5
Intérieur jour. Dans le laboratoire découvert par Kamel et Salomé. Plan américain. Dézoom.
La tortue sur une table et deux scientifiques autour d’elle. Ils portent un masque, une charlotte et une blouse. Le premier tient la seringue à la main. Le deuxième, en bas du cadre, à gauche, tient un bloc-notes avec un formulaire. Seule la moitié droite du personnage est visible.
Insert entre la case 5 et la case 6 : très gros plan sur le document intitulé : Sauvetage des espèces menacées / Protocole de clonage. Un tampon Confidentiel est dessiné en travers de la page.
(ou Insert entre la case 5 et la case 6 : très gros plan sur le document intitulé : Projet Télémaque / Protocole de clonage. Un tampon Confidentiel est dessiné en travers de la page.)

Case 6
Extérieur / Intérieur jour. Devant / dans le laboratoire. Plan d’ensemble. Dézoom
Kamel et Salomé découvrent l’intérieur du laboratoire de clonage à travers la fenêtre. Le cadre de celle-ci est visible avec une infime partie du mur en bois.
Premier plan : les cheveux, jusqu’à la nuque, de Kamel et Salomé de dos. Cadre de la fenêtre
Second plan : les deux scientifiques dans la même position, la tortue. Quelques autres scientifiques s’affairent.
Arrière-plan : des cages avec des gorilles, des tortues, des oiseaux enfermés.
Onomatopées : cris d’animaux

Case 7
Extérieur jour. Gros plan
La main de Kamel sur la poignée de la porte

Case 8
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Panoramique
Premier plan : Kamel, de dos, jusqu’aux épaules.
Second plan : Au centre de la pièce, une table de découpe avec des hommes, toujours vêtus de blouse, masque et charlotte. Un gorille déjà amputé d’une jambe est allongé sur la table. Un hachoir à viande est posé juste à côté avec des tronçons de jarret découpés. Un homme en jette un bout déjà préparé dans une caisse sur laquelle est collée une étiquette « Viande bovine-jarret »
Arrière-plan : Une partie des cages avec des tortues et des gorilles sur la gauche. Au même niveau que dans la case précédente. Des caissettes empilées sur la droite.

Case 9
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Plan rapproché poitrine
Kamel et Salomé, de dos en 3/4, sont abasourdis. Des points d’exclamation au-dessus de leur tête.
Hors-champ, ils entendent « Mais...Mais... »

Case 10
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Plan rapproché poitrine. Split screen
A gauche, le haut du crâne d’Adam Thobias, cheveux blancs attachés en petite queue-de-cheval. Kamel et Salomé, de face, extrêmement surpris, les yeux écarquillés.
A droite, plan rapproché sur le visage et le buste d’Adam Thobias sous le choc, figé, tétanisé.

Il pousse un juron en hurlant « Mais... C’est pas possible… » Interloqués par cette voix, Kamel et Salomé se retournent. Ils découvrent, incrédules, l’homme derrière eux : « Adam ?! »

Histoire 01

4/ Titre du chapitre

Après avoir trouvé Adam, Kamel et Salomé lui demandèrent des explications :
« Que se passe-t-il, demanda Kamel à Adam
 Oui, tu nous dois des explications, dit Salomé
 De quoi parlez-vous, dit Adam. 
 On te parle des braconniers qui se font passer pour des chimistes, mais dans quelle merde tu nous as mis ! »

Kamel et Salomé étaient en train de se poser des questions quand tout à coup, Kamel tourna la tête. Puis elle vit des braconniers armés jusqu’aux dents. Kamel tira deux balles qui touchèrent les braconniers à la tête. Puis ils s’enfuirent. Les braconniers commencèrent à leur tirer dessus. Salomé essaya de riposter. Kamel qui ne regardait pas devant lui se prit les pieds dans une branche et tomba.

Kamel s’est fait kidnapper par les braconniers et Salomé a réussi à s’enfuir. Elle décide de se cacher sous le ventre d’une girafe. Elle a chargé d’autres animaux d’explosifs. Elle échange Kamel contre ces animaux aux braconniers. Une fois que Kamel et Salomé se sont échappés, les animaux explosent.

Histoire 01
Pierre Ducrozet

En route vers l’île mystérieuse

La ville flottante largue les amarres. Il règne une belle ambiance à bord. Salomé fait la connaissance d’Octavio, botaniste mexicain, et d’Olabisi, océanologue congolaise, pendant que Kamel échange avec Stacey, peintre néo-zélandaise, et un biologiste brésilien, Roberto.
Ils passent quelques journées ainsi, à courir partout sur le bateau, à rencontrer tout le monde, à ouvrir grands les yeux devant ce qui apparaît au large : immensités bleues, bouts de terres isolées, dauphins qui sautent, et le soleil qui s’étale le soir sur l’horizon rose ardent. C’est magnifique, et les deux amis ne s’en lassent pas.
Des jours passent. L’incroyable ville flottante avance, attachée aux gigantesques voiles. Voilà à quoi elle ressemble :
Photo en pièce jointe
On peut vivre sur ou sous l’eau. On nage avec les orques. La mer devient leur jardin.
Le Tribord accoste une première fois sur les côtes sénégalaises. Chacun part alors faire ses relevés, et on se retrouve à la nuit tombée pour manger des légumes aux noms rares cuits au feu de bois. On s’endort comme ça, dans l’air frais du soir.
 En fait, c’est un peu le tour du monde de Darwin, mais 160 ans plus tard, dit Roberto.
 Oui, c’est ça, dit Kamel qui ne voit pas du tout de quoi il parle.
Réveil à l’aube, on a encore du chemin – le capitaine reprend les commandes. Il reste plus de deux semaines de navigation jusqu’à la fameuse île. Le Tribord file sur les eaux carbone.
Kamel observe ses nouveaux amis qui s’activent sans cesse. Il faut notamment explorer le fond des océans, dont 40% nous sont encore inconnus ! Mais aussi détailler les nouvelles espèces marines, explorer les terres abordées, guetter dans le ciel les oiseaux migrateurs… Le monde est immense et complexe, pense Kamel, accoudé au bastingage, et je ne le connais pas.
Salomé est à côté de lui, qui regarde en silence le soleil se noyer dans l’océan.
Puis ils vont dormir dans leurs petits lits étroits. Salomé aimerait bien tenir la main de Kamel, mais celui-ci s’endort, comme toujours, en deux secondes.
Ils se réveillent avec le mal de mer, se lèvent tout de suite et se mettent au travail : Salomé au piano, Kamel à son ordinateur pour mixer, et chanter aussi. Tout leur matériel est installé dans leur cabine. Ils veulent trouver la meilleure manière de raconter ce voyage.
Et finalement, un matin, quelque chose se dessine au loin.
Une forme, une île.
Terre ! Terre !
Le bateau accoste, et tous les membres de l’équipage se ruent vers l’île, sidérés par sa beauté.
Salomé et Kamel font la connaissance de l’équipe qui vit toute l’année ici. Patrick et Vivian les emmènent faire un grand tour de l’île.
Et là, au premier virage, les voilà qui surgissent de partout : des tigres, des rhinocéros, des oiseaux si beaux dont ils ignorent le nom, des papillons ; il y a même, au loin, un panda qui caresse son enfant.
 Et puis il y a tout ce que vous ne voyez pas, dit Patrick, les insectes, les plantes, tout le tissu du vivant qu’on a implanté ici, d’une complexité et d’une puissance folle.
 Et ça fonctionne ? demande Kamel. Les espèces arrivent à cohabiter ?
 Oui, dit Vivian. On a fait en sorte qu’elles soient « compatibles », qu’elles se connaissent, qu’elles puissent vivre ensemble.
 C’est incroyable, dit Salomé. L’arche de Noé du 21e siècle.
Le soir, toute l’expédition se réunit. Il y a eu des disputes ces derniers jours, dans l’équipe : on n’est pas d’accord sur les directions à prendre. Olabisi, notamment, est en colère :
 C’est artificiel, cette île. C’est pas comme ça qu’on va sauver le monde, en le préservant. Il faut le réinventer, pas le sauvegarder comme sur un disque dur.
 Et puis il y a un problème, dit Caroline : les animaux meurent, ici aussi. Ils ne retrouvent pas leur milieu idéal.
 Ce que vous oubliez, dit Patrick, c’est que ce lieu n’est que provisoire. On se rassemble ici, on sauve, on évite que le tigre du Bengale ou le rhinocéros de Java disparaissent complètement, puis on les laisse se reproduire et repeupler le monde.
 C’est pareil : il faut changer notre manière d’être, sinon on ne changera pas. Ce n’est pas comme ça qu’on va y arriver, dit Olabisi.
 Il y a quand même eu des choses intéressantes. Il y a notamment eu des hybridations nouvelles, quelque part sur l’île, entre certaines espèces. C’est peut-être une voie à suivre.
 On avait dit des alliances entre les espèces, dit Roberto, pas des mélanges.
La conversation court ainsi quand on entend, tout à coup, un grand bruit.
Salomé se retourne vers la porte. Elle passe la tête. Elle n’arrive pas à croire ce qu’elle voit.

Histoire 01
Pierre Ducrozet

2/ Les nuages noirs

Ce que Salomé voit par la porte du campement, elle ne pourrait le décrire. Mais bon, elle est là pour ça, alors elle essaie : disons que c’est une bête, quelque chose entre l’humain, l’animal et le végétal, comme si on avait accouplé un singe, un homme et un arbre. La forme avance devant elle, aussi malléable qu’une pieuvre - on dirait qu’elle pousse sur les côtés.
Kamel, Olabisi et Patrick sont eux aussi sur le pas de la porte.
 Qu’est-ce que c’est que ça ?! crie Kamel.
 Je vous disais bien qu’il y avait quelque chose qui clochait sur cette île, dit Olabisi.
 Je vais vous expliquer, dit Patrick. Venez avec moi, il faut d’abord qu’on la nourrisse.
Il s’approche de la bête sans nom, à qui il tend des feuilles de palmiers.
 Voilà ce qui s’est passé. On a abrité ici de nombreuses espèces, comme vous le savez, on les a réparties un peu partout sur l’île. Certaines se sont entretuées. Certaines se tolèrent. D’autres encore… se sont reproduites.
 Logique, dit Salomé.
 Oui, la surprise, ce fut de voir lesquelles… dit Patrick. On ne sait pas comment ça s’est passé, mais des cellules humaines se sont mêlées à celles des orangs-outans et des palmiers.
 Mais c’est impossible !
 Apparemment, si.
 Mais est-ce que ce ne serait pas une possibilité d’avenir pour notre espèce ? demande Salomé. Nous mêler à nouveau aux éléments dont nous sommes issus ?
Des yeux surpris se tournent vers elle. Devant eux, la bête se jette au sol et commence à se racler le dos.

Le soir arrive, et tous boivent et mangent pour se changer les idées. L’air frais du Pacifique les berce. On parle de choses et d’autres. On s’endort finalement.
Un nouveau jour se lève sur l’île majestueuse.
Kamel et Salomé veulent retourner faire un tour dans l’île, ils sentent que quelque chose cloche.
 Tu sais quoi, on va y aller tout seul, dit Salomé. Je leur fais pas confiance.
Ils se lancent alors et escaladent la petite montagne à côté. Derrière s’étend un magnifique lac aux reflets dorés. Ils le contournent, et arrivent devant un champ.
 Tu entends ? dit Kamel.
Ils voient au loin un immense enclos. Ils s’approchent. A l’intérieur, des centaines d’animaux entassés. Des clôtures, des barrières, des bêtes qui crient.
 De l’élevage ?
 Quel désastre… dit Kamel. On pensait sauver le monde et on refait les mêmes erreurs : dominer, quadriller, enfermer.
 Eh, vous êtes qui ?
Ils se retournent, deux molosses se tiennent devant eux.
 Pourquoi vous entassez les bêtes comme ça ?
 Il faut bien qu’on mange.

Les deux amis font le tour de la montagne dans l’autre sens et retrouvent l’équipe de l’expédition, tout affairée autour des nouvelles plantes et espèces qu’ils ont ramenées. Kamel et Salomé leur racontent ce qu’ils ont vu.
 Mais pourquoi, demande Salomé à Vivian, rebâtir le même monde ici ?
 Oh on a essayé de faire autrement, je t’assure, dit Vivian. Hier je vous ai raconté comment on a laissé les animaux en liberté. Ça a marché dans certains cas, dans d’autres moins.
 Parce que vous n’avez pas trouvé les bons équilibres, dit Roberto.
 Et puis les vivres ont commencé à manquer, on a eu faim... Et alors certains d’entre nous ont commencé à les tuer.
 Oui, je vois. Les enclos, l’élevage. Toujours la même histoire, quoi.

Ils vont s’installer sur la plage, il est l’heure de manger quelque chose. Toute l’équipe est là, assise dans le sable.
 Qu’est-ce qu’on fait ? demande Salomé.
 Il faut tout revoir, dit Roberto, tout recommencer autrement. On va déjà essayer d’intégrer les tortues qu’on a amenées, la panthère aussi, planter de nouvelles espèces d’arbres. Et petit à petit, on y arrivera.
Salomé attrape la noix de coco à ses pieds. Le soleil est haut au-dessus d’elle. Elle casse la noix en deux, en soulève une moitié, laisse couler le jus frais dans sa gorge. C’est délicieux.
Kamel l’imite.
Il attrape la deuxième moitié quand il voit quelque chose bouger sur l’eau. C’est leur bateau, amarré au ponton, qui semble se déplacer - mais ce n’est pas possible, ça doit être le ressac. Il emplit sa bouche du jus frais.
 Hé ! Qu’est-ce qui se passe ?!
Olabisi se lève brusquement. Elle court vers le rivage. Ce n’était pas une illusion : le bateau est bien en train de s’éloigner. Kamel et Salomé s’élancent aussi. Ils voient des formes qui s’agitent sur le bastingage. Kamel reconnaît Bastien et Carmela, deux des habitants de l’île, en train de hisser les voiles.
 Vite ! Le bateau ! crie Salomé.
Mais déjà les vagues emmènent le Tribord vers l’horizon.

Histoire 01
Collège Aimé Césaire

3/ Le cœur des ténèbres

Case 1
Extérieur jour, une forêt tropicale, une végétation dense. Plan d’ensemble
Premier plan : des feuilles de plantes tropicales, des branches d’arbres, des fleurs exotiques.
Second plan : Kamel et Salomé, en bas à gauche, cadrage sur leur buste, de dos. Ils explorent la forêt face à eux. Ils sont en difficulté pour avancer dans cette végétation anarchique.
Arrière-plan : des arbres aux branchages emmêlés.

Case 2
Extérieur jour, dans la forêt tropicale. Plan d’ensemble
Zoom sur les mains de Salomé qui essaye de se frayer un passage à travers les branchages épais.
Premier plan : Salomé de dos, cadrage sur ses bras et ses mains qui écartent les branches et les repoussent vers l’extérieur.
Second plan : un ruisseau qui semble pollué par une substance nauséabonde, au milieu de la végétation.
Onomatopée : sniff

Case 3
Extérieur jour, dans la forêt tropicale. Panoramique en plongée.
Premier plan : Kamel et Salomé, au centre de la case, de dos, cadrage sur leur buste. Ils repoussent une branche de la main et découvrent des cabanes traditionnelles au bout du ruisseau qu’ils ont remonté, intrigués.
Second plan : Des cabanes traditionnelles. Par la fenêtre, ils distinguent des silhouettes.
Arrière-plan : vol d’oiseaux paniqués, des arbres dépassent derrière les cabanes.
Onomatopées : bruits d’animaux en souffrance (au-dessus d’une cabane)

Case 4
Intérieur jour. Dans le laboratoire découvert par Kamel et Salomé. Gros plan
Une tortue, en intégralité, avec la main d’un homme qui plante une seringue dans sa patte.
Insert en haut à droite avec un très gros plan sur l’œil de l’animal effrayé.

Case 5
Intérieur jour. Dans le laboratoire découvert par Kamel et Salomé. Plan américain. Dézoom.
La tortue sur une table et deux scientifiques autour d’elle. Ils portent un masque, une charlotte et une blouse. Le premier tient la seringue à la main. Le deuxième, en bas du cadre, à gauche, tient un bloc-notes avec un formulaire. Seule la moitié droite du personnage est visible.
Insert entre la case 5 et la case 6 : très gros plan sur le document intitulé : Sauvetage des espèces menacées / Protocole de clonage. Un tampon Confidentiel est dessiné en travers de la page.
(ou Insert entre la case 5 et la case 6 : très gros plan sur le document intitulé : Projet Télémaque / Protocole de clonage. Un tampon Confidentiel est dessiné en travers de la page.)

Case 6
Extérieur / Intérieur jour. Devant / dans le laboratoire. Plan d’ensemble. Dézoom
Kamel et Salomé découvrent l’intérieur du laboratoire de clonage à travers la fenêtre. Le cadre de celle-ci est visible avec une infime partie du mur en bois.
Premier plan : les cheveux, jusqu’à la nuque, de Kamel et Salomé de dos. Cadre de la fenêtre
Second plan : les deux scientifiques dans la même position, la tortue. Quelques autres scientifiques s’affairent.
Arrière-plan : des cages avec des gorilles, des tortues, des oiseaux enfermés.
Onomatopées : cris d’animaux

Case 7
Extérieur jour. Gros plan
La main de Kamel sur la poignée de la porte

Case 8
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Panoramique
Premier plan : Kamel, de dos, jusqu’aux épaules.
Second plan : Au centre de la pièce, une table de découpe avec des hommes, toujours vêtus de blouse, masque et charlotte. Un gorille déjà amputé d’une jambe est allongé sur la table. Un hachoir à viande est posé juste à côté avec des tronçons de jarret découpés. Un homme en jette un bout déjà préparé dans une caisse sur laquelle est collée une étiquette « Viande bovine-jarret »
Arrière-plan : Une partie des cages avec des tortues et des gorilles sur la gauche. Au même niveau que dans la case précédente. Des caissettes empilées sur la droite.

Case 9
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Plan rapproché poitrine
Kamel et Salomé, de dos en 3/4, sont abasourdis. Des points d’exclamation au-dessus de leur tête.
Hors-champ, ils entendent « Mais...Mais... »

Case 10
Intérieur jour. Sur le pas de la porte d’entrée du laboratoire. Plan rapproché poitrine. Split screen
A gauche, le haut du crâne d’Adam Thobias, cheveux blancs attachés en petite queue-de-cheval. Kamel et Salomé, de face, extrêmement surpris, les yeux écarquillés.
A droite, plan rapproché sur le visage et le buste d’Adam Thobias sous le choc, figé, tétanisé.

Il pousse un juron en hurlant « Mais... C’est pas possible… » Interloqués par cette voix, Kamel et Salomé se retournent. Ils découvrent, incrédules, l’homme derrière eux : « Adam ?! »

Histoire 01

4/ Titre du chapitre

Après avoir trouvé Adam, Kamel et Salomé lui demandèrent des explications :
« Que se passe-t-il, demanda Kamel à Adam
 Oui, tu nous dois des explications, dit Salomé
 De quoi parlez-vous, dit Adam. 
 On te parle des braconniers qui se font passer pour des chimistes, mais dans quelle merde tu nous as mis ! »

Kamel et Salomé étaient en train de se poser des questions quand tout à coup, Kamel tourna la tête. Puis elle vit des braconniers armés jusqu’aux dents. Kamel tira deux balles qui touchèrent les braconniers à la tête. Puis ils s’enfuirent. Les braconniers commencèrent à leur tirer dessus. Salomé essaya de riposter. Kamel qui ne regardait pas devant lui se prit les pieds dans une branche et tomba.

Kamel s’est fait kidnapper par les braconniers et Salomé a réussi à s’enfuir. Elle décide de se cacher sous le ventre d’une girafe. Elle a chargé d’autres animaux d’explosifs. Elle échange Kamel contre ces animaux aux braconniers. Une fois que Kamel et Salomé se sont échappés, les animaux explosent.