Histoire 11

Prologue

Adam Thobias s’est assis à sa table en bois, dans son appartement du centre de Bruxelles. Il a regardé la jolie petite place, avec ses deux lampadaires et sa fontaine, puis il s’est remis au travail.
Tout est presque prêt. Dans une semaine, la grande expédition partira.
C’est le cœur de son opération Télémaque, qu’il a présentée il y a quelques jours à tous les membres de la Commission sur le Changement Climatique dont il a pris la tête en février dernier. L’expédition sera formée de spécialistes de toutes sortes et de tous âges, botanistes, géographes, artistes, naturalistes, zoologistes, géologues. 50 personnes en tout pour un voyage de deux mois et plusieurs missions – dont une principale, qu’Adam Thobias a appelée « L’Île mystérieuse », parce qu’il a toujours bien aimé Jules Verne.
Toute cette fine équipe va embarquer sur un bateau, Le Tribord, et s’élancer, depuis Rotterdam, vers les mers et les terres du monde entier.
Adam sifflote et se sert une nouvelle tasse de café. Tout se présente plutôt bien.
Il reprend sa conversation en ligne avec Salomé et Kamel.
- C’est une grande aventure qui vous attend, écrit Adam. Et comme toutes les grandes aventures, elle a besoin d’être écrite, elle a besoin de reporters, d’écrivains, de poètes, de musiciens : vous.
Kamel et Salomé, à 260 kilomètres de là, se tournent l’un vers l’autre. Cet homme est fou.
Tout a commencé il y a quelques jours, lorsqu’ils ont reçu un étrange message. Ils l’ont lu plusieurs fois. J’ai rien compris, dit Kamel. Moi non plus, dit Salomé. Ils se sont remis à leur nouvelle chanson, ils avaient du boulot.
Depuis un an, avec deux autres amis, ils ont monté un groupe de hip-hop. Ils adorent ça. Ils sont tous à la fac, ils jonglent entre les petits boulots, les études et la musique, c’est un peu le bordel, mais c’est un bordel créatif et joyeux.
Kamel vit à Belleville, Paris, Salomé juste à côté à Ménilmontant, ils se retrouvent chez Adrien et Carlota, à Oberkampf, ils jouent, et ils suent, et ils chantent.
Deux jours plus tard, ils reçoivent un appel sur WhatsApp. La voix grave d’Adam Thobias s’élève.
- On sait toujours pas trop… commence Salomé.
- Ecoutez, c’est une opportunité historique, l’interrompt Adam. Cette expédition a une grande mission que vous serez chargés de raconter. Parce que voilà le grand défi, derrière toute cette opération : raconter autrement le monde. Pour créer ce nouveau monde que nous espérons, il nous faut non seulement l’inventer, le façonner, mais aussi le dire et le raconter différemment. Et pour cela il faudra tenter plein de choses, d’autres manières, d’autres voix. On a besoin de nouvelles histoires. Je vais vous donner des pistes, mais ensuite ce sera à vous de décider comment vous allez raconter ce que vous verrez : vous pouvez écrire et chanter une chanson, écrire en rebus, faire une bande dessinée, des vidéos… Tout est permis ! Une seule contrainte : chaque étape de l’histoire, vous la raconterez différemment.
Salomé et Kamel roulent de grands yeux.
- Oui mais c’est-à-dire qu’on a des trucs à faire en ce moment.
- Voilà le trajet que suivra le bateau, poursuit Adam décidément infatigable – en fait c’est plutôt une ville flottante, une nouvelle manière de vivre sur l’eau, mais vous verrez ça. Vous partirez plein sud-ouest, traverserez l’Atlantique. Sur la route, les spécialistes procèderont à de nombreux relevés. Une fois passé le cap Horn, vous vous arrêterez sur la côte chilienne.
- Pour ?
- Faire monter des tortues à bord.
- Ok, pourquoi pas, dit Kamel. Et ensuite ?
- Ensuite, vous repartirez plein nord. C’est un bateau puissant, en quelques jours vous arriverez sur une île, en plein océan Pacifique. C’est un lieu incroyable.
- Vous êtes un as du teasing, dit Salomé.
- En deux mots, et gardez-le pour vous, c’est confidentiel : des chercheurs ont recueilli des espèces animales en voie d’extinction, un peu partout sur la planète, et les ont réunies là. C’est une espèce d’énorme sanctuaire, mais c’est aussi plus que ça. L’idée, c’est 1/de les protéger, puisque, comme vous le savez, elles sont en danger, et 2/ de les laisser repartir aux quatre coins de la planète, pour repeupler les zones sauvages.
- Waou, c’est génial ! Et qu’est-ce qu’on va faire nous là-bas ?
- Cette expédition a plein d’objectifs : amener de nouvelles espèces, s’occuper de celles qui sont déjà là (tigres, gorilles, rhinocéros, éléphants, pandas, entre autres) et les aider à se développer, organiser ces nouveaux écosystèmes. Mais je ne vous en dis pas plus, vous verrez bien sur place !
- Et pourquoi nous ?
- Parce que j’ai écouté vos chansons, et qu’on a besoin de gens comme vous. Allez, il est temps de se préparer. Bon voyage les amis !
Et Adam appuie déjà sur le bouton rouge. Le téléphone redevient noir.
Salomé et Kamel se regardent… Ils ne savent pas dans quoi ils se sont embarqués, mais c’est quand même drôlement excitant.

Histoire 11
Pierre Ducrozet

Le grand départ

2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
- J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
- Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.

Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
- Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
- Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
- Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.

Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.

- T’es folle, Léa, dit Tom.
- Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
- Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
- Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
- On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
- Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.

Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
- C’est bon les gars, dit-il.
- Quoi, demande Mehdi.
- On part en Indonésie.
- Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
- Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
- On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
- Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?

Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.

Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !

Histoire 11
Collège Jean Jaurès

Dans la chaleur de Sumatra

Tom, Léa, Mehdi et madame Machon, leur professeur de SVT, descendent de l’avion. Ils sont tous les quatre très fatigués. Après plus de treize heures de vol pour environ dix mille kilomètres parcourus depuis Paris, ils viennent d’arriver à l’aéroport international Minangkabau de Padang. Pendant le trajet ils ont pu longuement discuter au sujet de la manifestation qui les attend le lendemain dans la capitale de la province .

En sortant de l’aéroport, la chaleur les surprend. Un panneau lumineux indique 40 degrés. La température regionale de Sumatra a significativement augmenté ces dernières années.
" Une conséquence du réchauffement de la planète, affirme madame Machon.
— Si nous prenions un vélo pour éviter de polluer ? propose Tom.
— N’importe quoi, le coupe Léa, c’est hyper loin."

Sans broncher, ils suivent leur professeur qui vient de repérer un taxi. Une fois en route pour l’hôtel, la fatigue les quitte. Ils sont à la fois choqués, éblouis et surexcités par ce qu’ils voient. Ils oublient un moment le but de leur voyage. Mehdi rêve de faire une balade à dos d’éléphant et Tom de visiter l’île de Sumatra. Au passage, ils aperçoivent des animaux qu’ils n’ont jamais vu auparavant, ni eux, ni même leur prof de SVT, comme des orangs-outans, ces singes menacés par la déforestation, et même un rhinocéros au loin. Du moins, c’est ce qu’affirme Tom. C’était peut-être une vache...
" Est-ce c’est vrai que l’arum titan est l’une des plus grandes plantes au monde, demande Léa à Madame Machon ?
— Oui, mais c’est aussi une plante menacée par la pollution et les insecticides, répond-elle.
— Ils vont disparaître, comme tous ces animaux tués par les braconneurs, ajoute Léa, pensive.
— J’espère que Noémie sera aussi sympa en vrai qu’au téléphone, s’exclame Mehdi !"
Tom lui coupe vivement la parole : "Tu le sauras bientôt. Regarde, nous arrivons à l’hôtel."

Une heure plus tard, tous sont bien installés dans leurs chambres, mais pas de nouvelles de Noémie.
" C’est bizarre, j’ai essayé de la joindre plusieurs fois, dit madame Machon, mais elle ne répond pas.
— Qu’allons-nous faire, demande Tom d’une voix inquiète ?
— Je ne sais pas du tout, ça m’angoisse, chuchote Léa.
— On peut appeler son frère, Théo qui est très actif dans l’association, propose la prof."

Théo leur explique qu’il est actuellement vers une plantation d’huile de palme avec des membres du groupe et qu’il n’a pas de nouvelles de sa sœur depuis 3 jours.
"Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude avec elle. Elle est toujours très occupée. Elle a doit être dans un village où il n’y a pas de connexion et va sûrement arriver dans la soirée. Nous devons tous nous retrouver demain matin pour la manif."

"Bon, allons manger quelque chose et nous verrons bien tout à l’heure si Noémie est revenue, propose madame Machon."
Ils décident d’aller goûter le plat traditionnel du pays, le nasi goreng, composé de riz frit assaisonné de sauce soja et accompagné de poulet ou de crevettes.
"Ch’est délichieux ! s’exclame Mehdi, la bouche pleine. Et demain on ira visiter les temples balinais et les belle plages d’Indonésie !"
Tous le regardent, interloqués.
"Nous sommes là pour la manifestation, je te le rappelle, dit Léa froidement."

La nuit tombe. Toujours pas de nouvelles de Noémie. Madame Machon ordonne aux trois ados d’aller se coucher, mais vers minuit Léa réveille les garçons.
"Je n’arrive pas à dormir. Il a dû arriver quelque chose à Noémie.
— Son logement est à quelques minutes d’ici, grogne Mehdi qui était déjà endormi. Je l’ai vu internet.
— Allons voir, décide Tom."
Sans bruits, les trois amis sortent de la chambre où leur professeur dort à poings fermés.
Ils arrivent bientôt devant l’appartement de Noémie. Ils sonnent. Aucun bruit. Léa essaie d’ouvrir la porte qui déverrouillée, mais coincée par des objets. Ils poussent tous les trois. Victoire ! Ils entrent et découvrent un véritable chaos. Des meubles renversés, une lampe brisée, des livres et des vêtements éparpillés.
Au milieu du carnage, Mehdi repère un étrange chapeau bleu de forme conique.
"C’est un chapeau de paysan, typique d’Indonésie. J’en ai vus sur internet."
A ce moment-là, une ombre se faufile derrière eux.

Histoire 11
Collège N-D de Bellergarde

Naomi : le retour

« Que faites-vous là ?! s’écria Naomi, l’air abasourdi.
- On te cherchait, on était inquiets, répondit Léa.
- Vous m’avez fait très peur ! Je viens de retrouver mon appartement complètement vandalisé, et comme j’ai entendu des bruits, je me suis cachée. Heureusement ce n’est que vous !...
- Nous voilà rassurés ! On est tellement heureux de te retrouver en vie ! s’exclama Mehdi.
Ils apprirent alors que Naomi s’était juste absentée pour rendre visite à des victimes du réchauffement, mais qu’elle avait perdu son téléphone satellite. Après de longues recherches dans l’appartement, Naomi s’assit et dit :
« Les papiers avec les noms des membres, les numéros de comptes et les actions prévues de l’association ont disparu. C’est une catastrophe ! »
C’est alors que Tom souleva le chapeau de paysan et découvrit en dessous un numéro de téléphone. Mme Machon décida d’appeler. Une voix de jeune fille leur répondit, qui les invitait à la rejoindre en leur indiquant des coordonnées précises. Elles menaient sur l’île de Bali.
Le voyage passa comme un éclair, et les enfants se retrouvèrent bientôt à la porte d’une cabane. Deux jeunes filles les attendaient : les sœurs Wijsen, Isabel et Melati, qui avaient créé l’association “bye bye plastic bags”. En voyant Naomi, elles lui sautèrent au cou.
S’ensuivit une longue conversation très instructive : les deux sœurs avaient un nouvel objectif : la lutte contre la déforestation. Elles leur dirent que des centaines d’hectares de forêt allaient prochainement être abattus au profit d’une plantation de palmiers à huile, dont serait client Ferrero. Elles avaient surpris une conversation entre les maîtres d’œuvre engagés par Ferrero annonçant que le défrichage allait commencer avant l’obtention de toutes les autorisations nécessaires … et qu’ils allaient frapper un grand coup en volant des papiers importants chez Naomi.
Les deux sœurs avaient tenté de joindre Naomi, en vain, puis étaient rentrées par effraction chez elle pour mettre en sécurité les papiers en question. Elles n’avaient pas mis en désordre l’appartement, ce qui voulait dire que leur technique avait fonctionné : le cambriolage des hommes de Ferrero avait été infructueux. Elles rendirent alors les papiers à Naomi.
Quelques jours plus tard, grâce à la dénonciation des jeunes gens, l’entreprise Ferrero était mise en examen aussi bien pour tentative de vol que pour déforestation sauvage, s’attirant les foudres de l’opinion publique et des associations.
Poursuivant leurs engagements, Naomi, Isabel et Melati décidèrent alors d’appeler leur vieil ami Claude Lorius, un glaciologue qui avait déjà alerté sur le réchauffement climatique dès les années cinquante. A la fin de la conversation, un rendez-vous était fixé à Nuuk, au Groenland pour la rencontre. Il serait accompagné de Victor Noël, un autre militant engagé contre la disparition des espèces. De toute évidence, cette rencontre allait être très instructive, et bien sûr, Léa, Mehdi et Tom étaient du voyage, toujours épaulés par Mme Machon. Ils se rendirent à l’aéroport pour rejoindre Paris puis Oslo puis Nuuk. Après un peu d’attente, leur premier avion décolla.
Deux heures plus tard, Tom se leva pour se dégourdir les jambes et se retrouva à l’arrière de l’avion. Il se rendit compte que la porte menant à la soute était ouverte. Il jeta un œil. Des cages retenaient des centaines d’animaux et de la flore protégée. Deux hommes fixaient Tom. Ils lui fondirent dessus.

Histoire 11
Collège Victor Schoelcher

La promesse

Tom ne faisait pas le poids. Il avait beau s’être débattu,les deux hommes avaient réussi, après lui avoir asséné un sacré coup sur la tête, à le ligoter sur l’une des cages entreposées dans la soute.
Un certain temps s’écoula quand Tom finit par rouvrir un œil. Il se repassa le film des événements et compris qu’il fallait faire vite pour se sortir de cette soute et avertir les autres de ce trafic. Quelle incroyable coïncidence ! Eux les défenseurs de la cause animale et végétale, s’apprêtaient à embarquer dans un avion où précisément des animaux sauvages et des végétaux étaient transportés illégalement pour être vendus à l’étranger.
Mais le temps pressait, avant de sauver le monde, Tom devait d’abord trouver les moyens de se sauver lui-même. Il se mit à crier et à appeler au secours mais en vain, sa voix se perdait dans les limbes de la cale. Il se mit alors à s‘agiter dans tous les sens pour tenter de dénouer cette corde qui le retenait prisonnier attaché à cette maudite cage. Mais rien n’y faisait. Alors qu’habituellement, dix mille idées à la minute pouvaient lui traverser l’esprit, Tom avait la tête vide. Pour la première fois, il était impuissant, confronté à la solitude, au silence de cette grande soute. Désespéré, recroquevillé, il mit sa tête sur ses bras.Il repensa alors à cette prof de sport « la perchée de la méditation »dont il n’avait strictement rien à faire avec ses camarades du collège.Il repensa à ses paroles et plein de gratitude se laissa alors guider dans une douce respiration pour retrouver le calme et dissiper son stress.Soudain, il sentit un léger souffle. Il se redressa etvit deux petites billes luisantes qui le regardaient. Tout autour de lui scintillaient plein d’yeux. Il comprit et sentit la sidération de ces animaux sauvages, témoins silencieux d’une violence humaine inexplicable. Tom découvrit qu’il était attaché à la cage d’un Gibbon. Ils se regardèrent profondément et chacun vit dans le regard de l’autre une lumière de solidarité. Je vais détacher tes liens. Je vais vous aider à regagner vos arbres, vos forêts et vos rivières. Une fois les liens défaits, Tom pu aussitôt se lever et ouvrir la porte de la soute. Il fallait agir vite et avec efficacité, le sort de tous ses animaux reposait désormais sur lui. Après avoir rejoint sa place, il se rendit compte que l’avion était immobilisé au sol suite à sa disparition. Les jeunes gens donnèrent rapidement l’alerte et tous les passagers furent débarqués afin de permettre l’évacuation des cages contenant les animaux et les plantes. Naomie et les trois amis devaient désormais attendre un autre vol afin de rejoindre leur destination et continuer leur lutte aux côtés de Victor Noël. La nuit fut longue mais les jeunes gens prenaient leur mal en patience et pensaient à toutes les créatures qui allaient pouvoir rejoindre leur milieu de vie naturel grâce à eux. Ils décidèrent d’occuper leur temps en créant une chanson qui soutiendrait leur cause : Nous sommes de ceux quiveulent changer le monde.
Nous sommes de ceux qui veulent lutter contre le réchauffement climatique.
Nous sommes de ceux qui combattent la déforestation
Nous sommes de ceux qui pleurent les feux criminels
Nous sommes de ceux qui se battent pour sauver les animaux en voie de disparition.
Nous sommes de ceux qui aiment le chocolat mais pas le Nutella.
Nous sommes de ceux qui luttent pour la biodiversité

Nous sommes de ceux qui cherchent les morceaux d’humanité pour redonner à la terre les couleurs de la vie.
Nous sommes de ceux qui espèrent un avenir, de ceux qui se battent pour construire un monde meilleur.
Nous sommes de ceux qui arrêtent de consommer pour ne plus polluer,
Nous sommes de ceux qui s’engagent et qui font des marches pour qu’on puisse vous voir prendre de l’âge, nous ne sommes pas seuls faites attention !

Nous sommes la Terre, nous sommes l’Arbre, nous sommes la Fleur,
Nous sommes l’Oiseau qui chante
Nous sommes de ceux qui veulent changer les choses
Nous sommes des poètes, des penseurs, des marcheurs, des chanteurs, des jeunes
Nous sommes de ceux qui veulent une vie meilleure pour la planète
Nous ne sommes pas de ceux qui ferment les yeux

Nous sommes de ceux qui manifestent pour notre bonheur à tous et notre futur
Nous sommes de ceux qui ne reculent devant rien pour libérer le monde de sa cupidité
Nous sommes de ceux qui ne resteront pas sans rien faire et sans rien dire
Nous sommes de ceux qui continueront à se rebeller et à tenir tête sans jamais abandonner.
Nous sommes de ceux qui espèrent que le message se transformera en présage.
Nous sommes de ceux qui croient en vous donc battez-vous et aidez-nous.

Histoire 11
Collège Laurent Mourguet

Que d’aventures !

Une voix dans un haut parleur indique enfin leur porte d’embarquement. Naomi et Mme Machon, la prof de SVT, se lèvent les premières, impatientes de laisser derrière elles ces dernières péripéties. Puis, après un long vol avec escales, qui les a conduits à l’aéroport de Kangerlussuaq, ils attendent une correspondance qui les mènera enfin à 319 km au Sud, à Nuuk où ils retrouveront Victor Noël ainsi que les glaciologues Claude Lorius et Jérôme Chappelaz, qui ont tant à leur apprendre. Ils se dirigent, bagages à la main, vers le guichet et embarquent, à leur surprise, dans un tout petit avion rouge et blanc d’une trentaine de places.
Lorsque l’avion décolle, les adolescents sont impressionnés. Des turbulences commencent à se faire ressentir et la violence de celles-ci s’accélère. Le bourdonnement, qu’ils perçoivent devient de plus en plus oppressant. Mme Machon masque difficilement son inquiétude, et les passagers comprennent bien que les conditions de vol ne seront pas agréables.
Pour ne pas céder à la panique, Tom s’efforce de penser au récit qu’il pourra faire à Victor Noël de tout ce qu’il a pu vivre avec ses amis et Léa réfléchit aux prochaines formes que prendra leur lutte contre le réchauffement climatique.
Tout à coup l’avion décroche, tous les passagers sont ballottés, entraînés vers la gauche, puis la droite et le cap se redresse. Un silence de mort règne. Un passager qui semble habitué à effectuer ce trajet se tourne vers les jeunes : 
“ - Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Nous avons traversé une zone d’importantes turbulences et en traverserons d’autres avant notre arrivée.
- J’ai vraiment cru qu’on allait y rester...
- Le climat est complètement détraqué ! lance une jeune femme à l’avant.
- Ah bah bravo, j’ai du jus d’orange partout ! s’énerve Mehdi.
- Sérieux ! C’est ta seule préoccupation ?! s’exclame Léa.
Brusquement, le nez de l’avion pique vers le bas. La pression baisse, la température aussi. L’avion est au bord de la dépressurisation.
Plus un mot ne se fait entendre jusqu’au moment où l’avion heurte la glace plutôt qu’il n’atterrit, loin des pistes de l’aéroport de Nuuk.
L’avion s’est crashé sur la banquise qui se fissure à peine sous le choc. Les passagers sont tous sonnés. Tom rejoint l’équipage et les passagers les plus proches qui débloquent les portes. Tous tremblent de froid et de peur. Mehdi se tient la tête : il a reçu un choc au moment où l’avion s’est posé. Il est nauséeux et sort prendre l’air avec ses amis. Il soupire. Ce n’est pas tout de suite qu’il pourra découvrir la fameuse soupe appelée suaasat, faite à partir de viande de phoque bouillie, d’oignons et de riz !
Sur la banquise, un ours polaire au loin les voit et semble venir vers eux. Ils se mettent à courir dans la direction inverse. L’ours se rapproche de plus en plus. Quand il n’est plus qu’à quelques mètres d’eux, il s’arrête et lance :
“Ça vous dit un ice-volley ? J’ai un ballon !” Les jeunes sont sous le choc mais l’idée leur plaît.
“Et là, et là un yeti leur propose un mister freeze…
- Ouh lala, tu pars loin Tom... s’exclame Léa
- Bon il commence à se faire tard je dois y aller, déclare Mehdi.
- On s’invente de ces vies d’aventuriers, nous ! Ça aurait été trop cool vous imaginez, nous, héros du combat climatique ! soupire Tom.
- On aurait figuré dans le tome 2 de "Ces jeunes qui changent le monde" ! raille Léa avant d’ajouter
- Moi aussi Tom, je dois y aller. En plus, j’ai dit à ma mère que je l’accompagnais faire les courses... on a plus de Nutella.”
À regret, ils se lèvent de leur banc et rentrent chez eux.

Histoire 11
Pierre Ducrozet

Le grand départ

2 septembre 2019. Tom, Léa et Mehdi rentrent dans la cour du collège Jean-Moulin. C’est leur premier jour de 3e. Ils marchent les mains dans les poches.
- J’ai plus de nouvelles de Naomi, dit tout à coup Léa.
Tom et Mehdi s’approchent. Elle leur explique. Tout l’été elle a guetté un message sur Telegram. Rien n’est venu. Les autres membres aussi ont commencé à s’inquiéter.
- Elle est partie en vacances, dit Tom. Elle va revenir, tu verras.
Une semaine de cours passe.
Toujours pas de nouvelles.

Léa part ce mardi-là à l’école quand elle voit sur son iPhone le grand titre annoncé par tous les journaux : Naomi Lehner, leader de la fronde étudiante, a disparu. Un avis de recherche international a été lancé.
- Regardez, regardez ! crie Léa en arrivant devant le banc vert.
- Elle a été enlevée, c’est sûr, dit Mehdi, affolé. Elle devenait trop dangereuse.
- Oh oh, on se calme les gars, dit Tom. On respire un bon coup, et on réfléchit.
Vingt minutes plus tard, les trois amis n’y voient pas vraiment plus clair, mais ils décident de se mettre tout de suite à la recherche de Naomi.
Ils contactent les différents membres du groupe Telegram, les parents et amis de Naomi, exploitent la moindre piste : rien.
Pendant ce temps la mobilisation a repris de plus belle, partout les lycéens et les collégiens ont recommencé les grèves, le combat continue.

Et puis un jour, Léa reçoit par mail une invitation à rejoindre un réseau crypté : Gaïa. Elle appuie sur le lien qui est arrivé sur son mail. Dedans, un message l’attend.
« Salut Léa. C’est Naomi. Avant toute chose : tout va bien, ne t’inquiète pas. Je suis à Sumatra, en Indonésie. On est en train d’essayer, avec de nouveaux amis d’ici, d’empêcher de nouvelles plantations de palmiers à huiles, qui détruiraient encore un peu plus la forêt primaire et la biodiversité. J’ai décidé de passer à l’action. J’ai beaucoup parlé l’année dernière, mais rien n’avance. Alors voilà, je suis venue ici pour lancer des mini-foyers de résistance, des pôles d’actions un peu partout. Le réseau que j’ai créé regroupera des centaines de personnes dans le monde entier, qui veulent, eux aussi, commencer à changer ce monde.
Je t’invite vraiment à venir me rejoindre. Sumatra est sublime, je mange des noix de coco, et on avance, Léa, on avance.
Je t’embrasse ! »
Léa repose son téléphone.

- T’es folle, Léa, dit Tom.
- Non, je suis sûre de moi, dit-elle. Il faut qu’on la rejoigne.
Mehdi la regarde.
- Tu as raison, dit-il.
Tom se retrouve comme un con, tout seul. Il veut plaire à Léa, il voudrait qu’elle le trouve courageux, audacieux. Il se lève à son tour.
- Ok les gars.
Mais bon, on le sait, les choses ne sont pas si simples, on ne décide pas en claquant des doigts de partir à l’autre bout du monde, surtout quand on a 14 ans.
- On pourrait tout simplement fuir, comme elle, dit Mehdi.
- Il faut être plus subtil que ça, dit Léa. Tout le monde est sur les dents maintenant. Trouvons une autre manière de faire.
Laquelle ? se demande Tom. Il regarde ses camarades. Il est l’heure d’aller en cours de SVT. Quand tout à coup : biiiing dans sa tête – et ce n’est pas la sonnerie.
A la fin des cours, Tom court jusqu’à la porte d’entrée du collège et disparaît dans la montée du Gourguillon. Il enjambe un pont, les quais, et, arrivé devant le n°16 de la rue de Brest, il sonne.

Le lendemain, Tom s’approche du banc vert.
- C’est bon les gars, dit-il.
- Quoi, demande Mehdi.
- On part en Indonésie.
- Non mais t’es un ouf mec, crie Léa.
Tom leur explique : le grand frère d’un ami d’enfance, Rudi, a fondé il y a des années une ONG qui se charge de tisser des liens entre les enfants du monde entier. Il est allé le voir et lui a dit qu’ils voulaient absolument, ses deux potes et lui, partir en Indonésie faire du volontariat. Il a dit oui, je peux vous aider à partir.
- Mais qu’on ait 14 ans, c’est pas un problème ?
- On partirait dans un groupe d’une dizaine de personnes, dont plusieurs adultes. Aucun souci.
- Oui mais on a école mon vieux ! dit Mehdi. Et nos parents, qu’est-ce qu’ils vont dire, nos parents ?

Deux semaines et des dizaines d’heures de négociations plus tard, ça y est, les trois amis arrivent à leur fin. Les parents de Tom ont comme prévu été les plus difficiles à convaincre, mais en présentant le projet de la meilleure manière possible, avec l’appui de leur professeure d’histoire-géo et celui de Rudi (« plus respectable tu meurs »), ils ont réussi. Voilà le deal : deux semaines, pendant les vacances de la Toussaint, financées par l’ONG de Rudi, encadrés par des adultes, et au sein d’une mission humanitaire précise. Les trois amis font des sauts de joie sur le trottoir.

Vendredi 18 octobre 2019. Tom, Léa et Mehdi sont assis côte à côte dans ce Boeing 747 en direction de Djakarta. Ils n’arrêtent pas de demander des verres de Sprite aux stewards, de regarder sur leurs petites télés le dessin de leur avion qui survole à présent la Turquie. Ils rient, ils rient comme des fous. C’est parti, rendez-vous de l’autre côté du globe, en Indonésie !

Histoire 11
Collège Jean Jaurès

Dans la chaleur de Sumatra

Tom, Léa, Mehdi et madame Machon, leur professeur de SVT, descendent de l’avion. Ils sont tous les quatre très fatigués. Après plus de treize heures de vol pour environ dix mille kilomètres parcourus depuis Paris, ils viennent d’arriver à l’aéroport international Minangkabau de Padang. Pendant le trajet ils ont pu longuement discuter au sujet de la manifestation qui les attend le lendemain dans la capitale de la province .

En sortant de l’aéroport, la chaleur les surprend. Un panneau lumineux indique 40 degrés. La température regionale de Sumatra a significativement augmenté ces dernières années.
" Une conséquence du réchauffement de la planète, affirme madame Machon.
— Si nous prenions un vélo pour éviter de polluer ? propose Tom.
— N’importe quoi, le coupe Léa, c’est hyper loin."

Sans broncher, ils suivent leur professeur qui vient de repérer un taxi. Une fois en route pour l’hôtel, la fatigue les quitte. Ils sont à la fois choqués, éblouis et surexcités par ce qu’ils voient. Ils oublient un moment le but de leur voyage. Mehdi rêve de faire une balade à dos d’éléphant et Tom de visiter l’île de Sumatra. Au passage, ils aperçoivent des animaux qu’ils n’ont jamais vu auparavant, ni eux, ni même leur prof de SVT, comme des orangs-outans, ces singes menacés par la déforestation, et même un rhinocéros au loin. Du moins, c’est ce qu’affirme Tom. C’était peut-être une vache...
" Est-ce c’est vrai que l’arum titan est l’une des plus grandes plantes au monde, demande Léa à Madame Machon ?
— Oui, mais c’est aussi une plante menacée par la pollution et les insecticides, répond-elle.
— Ils vont disparaître, comme tous ces animaux tués par les braconneurs, ajoute Léa, pensive.
— J’espère que Noémie sera aussi sympa en vrai qu’au téléphone, s’exclame Mehdi !"
Tom lui coupe vivement la parole : "Tu le sauras bientôt. Regarde, nous arrivons à l’hôtel."

Une heure plus tard, tous sont bien installés dans leurs chambres, mais pas de nouvelles de Noémie.
" C’est bizarre, j’ai essayé de la joindre plusieurs fois, dit madame Machon, mais elle ne répond pas.
— Qu’allons-nous faire, demande Tom d’une voix inquiète ?
— Je ne sais pas du tout, ça m’angoisse, chuchote Léa.
— On peut appeler son frère, Théo qui est très actif dans l’association, propose la prof."

Théo leur explique qu’il est actuellement vers une plantation d’huile de palme avec des membres du groupe et qu’il n’a pas de nouvelles de sa sœur depuis 3 jours.
"Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude avec elle. Elle est toujours très occupée. Elle a doit être dans un village où il n’y a pas de connexion et va sûrement arriver dans la soirée. Nous devons tous nous retrouver demain matin pour la manif."

"Bon, allons manger quelque chose et nous verrons bien tout à l’heure si Noémie est revenue, propose madame Machon."
Ils décident d’aller goûter le plat traditionnel du pays, le nasi goreng, composé de riz frit assaisonné de sauce soja et accompagné de poulet ou de crevettes.
"Ch’est délichieux ! s’exclame Mehdi, la bouche pleine. Et demain on ira visiter les temples balinais et les belle plages d’Indonésie !"
Tous le regardent, interloqués.
"Nous sommes là pour la manifestation, je te le rappelle, dit Léa froidement."

La nuit tombe. Toujours pas de nouvelles de Noémie. Madame Machon ordonne aux trois ados d’aller se coucher, mais vers minuit Léa réveille les garçons.
"Je n’arrive pas à dormir. Il a dû arriver quelque chose à Noémie.
— Son logement est à quelques minutes d’ici, grogne Mehdi qui était déjà endormi. Je l’ai vu internet.
— Allons voir, décide Tom."
Sans bruits, les trois amis sortent de la chambre où leur professeur dort à poings fermés.
Ils arrivent bientôt devant l’appartement de Noémie. Ils sonnent. Aucun bruit. Léa essaie d’ouvrir la porte qui déverrouillée, mais coincée par des objets. Ils poussent tous les trois. Victoire ! Ils entrent et découvrent un véritable chaos. Des meubles renversés, une lampe brisée, des livres et des vêtements éparpillés.
Au milieu du carnage, Mehdi repère un étrange chapeau bleu de forme conique.
"C’est un chapeau de paysan, typique d’Indonésie. J’en ai vus sur internet."
A ce moment-là, une ombre se faufile derrière eux.

Histoire 11
Collège N-D de Bellergarde

Naomi : le retour

« Que faites-vous là ?! s’écria Naomi, l’air abasourdi.
- On te cherchait, on était inquiets, répondit Léa.
- Vous m’avez fait très peur ! Je viens de retrouver mon appartement complètement vandalisé, et comme j’ai entendu des bruits, je me suis cachée. Heureusement ce n’est que vous !...
- Nous voilà rassurés ! On est tellement heureux de te retrouver en vie ! s’exclama Mehdi.
Ils apprirent alors que Naomi s’était juste absentée pour rendre visite à des victimes du réchauffement, mais qu’elle avait perdu son téléphone satellite. Après de longues recherches dans l’appartement, Naomi s’assit et dit :
« Les papiers avec les noms des membres, les numéros de comptes et les actions prévues de l’association ont disparu. C’est une catastrophe ! »
C’est alors que Tom souleva le chapeau de paysan et découvrit en dessous un numéro de téléphone. Mme Machon décida d’appeler. Une voix de jeune fille leur répondit, qui les invitait à la rejoindre en leur indiquant des coordonnées précises. Elles menaient sur l’île de Bali.
Le voyage passa comme un éclair, et les enfants se retrouvèrent bientôt à la porte d’une cabane. Deux jeunes filles les attendaient : les sœurs Wijsen, Isabel et Melati, qui avaient créé l’association “bye bye plastic bags”. En voyant Naomi, elles lui sautèrent au cou.
S’ensuivit une longue conversation très instructive : les deux sœurs avaient un nouvel objectif : la lutte contre la déforestation. Elles leur dirent que des centaines d’hectares de forêt allaient prochainement être abattus au profit d’une plantation de palmiers à huile, dont serait client Ferrero. Elles avaient surpris une conversation entre les maîtres d’œuvre engagés par Ferrero annonçant que le défrichage allait commencer avant l’obtention de toutes les autorisations nécessaires … et qu’ils allaient frapper un grand coup en volant des papiers importants chez Naomi.
Les deux sœurs avaient tenté de joindre Naomi, en vain, puis étaient rentrées par effraction chez elle pour mettre en sécurité les papiers en question. Elles n’avaient pas mis en désordre l’appartement, ce qui voulait dire que leur technique avait fonctionné : le cambriolage des hommes de Ferrero avait été infructueux. Elles rendirent alors les papiers à Naomi.
Quelques jours plus tard, grâce à la dénonciation des jeunes gens, l’entreprise Ferrero était mise en examen aussi bien pour tentative de vol que pour déforestation sauvage, s’attirant les foudres de l’opinion publique et des associations.
Poursuivant leurs engagements, Naomi, Isabel et Melati décidèrent alors d’appeler leur vieil ami Claude Lorius, un glaciologue qui avait déjà alerté sur le réchauffement climatique dès les années cinquante. A la fin de la conversation, un rendez-vous était fixé à Nuuk, au Groenland pour la rencontre. Il serait accompagné de Victor Noël, un autre militant engagé contre la disparition des espèces. De toute évidence, cette rencontre allait être très instructive, et bien sûr, Léa, Mehdi et Tom étaient du voyage, toujours épaulés par Mme Machon. Ils se rendirent à l’aéroport pour rejoindre Paris puis Oslo puis Nuuk. Après un peu d’attente, leur premier avion décolla.
Deux heures plus tard, Tom se leva pour se dégourdir les jambes et se retrouva à l’arrière de l’avion. Il se rendit compte que la porte menant à la soute était ouverte. Il jeta un œil. Des cages retenaient des centaines d’animaux et de la flore protégée. Deux hommes fixaient Tom. Ils lui fondirent dessus.

Histoire 11
Collège Victor Schoelcher

La promesse

Tom ne faisait pas le poids. Il avait beau s’être débattu,les deux hommes avaient réussi, après lui avoir asséné un sacré coup sur la tête, à le ligoter sur l’une des cages entreposées dans la soute.
Un certain temps s’écoula quand Tom finit par rouvrir un œil. Il se repassa le film des événements et compris qu’il fallait faire vite pour se sortir de cette soute et avertir les autres de ce trafic. Quelle incroyable coïncidence ! Eux les défenseurs de la cause animale et végétale, s’apprêtaient à embarquer dans un avion où précisément des animaux sauvages et des végétaux étaient transportés illégalement pour être vendus à l’étranger.
Mais le temps pressait, avant de sauver le monde, Tom devait d’abord trouver les moyens de se sauver lui-même. Il se mit à crier et à appeler au secours mais en vain, sa voix se perdait dans les limbes de la cale. Il se mit alors à s‘agiter dans tous les sens pour tenter de dénouer cette corde qui le retenait prisonnier attaché à cette maudite cage. Mais rien n’y faisait. Alors qu’habituellement, dix mille idées à la minute pouvaient lui traverser l’esprit, Tom avait la tête vide. Pour la première fois, il était impuissant, confronté à la solitude, au silence de cette grande soute. Désespéré, recroquevillé, il mit sa tête sur ses bras.Il repensa alors à cette prof de sport « la perchée de la méditation »dont il n’avait strictement rien à faire avec ses camarades du collège.Il repensa à ses paroles et plein de gratitude se laissa alors guider dans une douce respiration pour retrouver le calme et dissiper son stress.Soudain, il sentit un léger souffle. Il se redressa etvit deux petites billes luisantes qui le regardaient. Tout autour de lui scintillaient plein d’yeux. Il comprit et sentit la sidération de ces animaux sauvages, témoins silencieux d’une violence humaine inexplicable. Tom découvrit qu’il était attaché à la cage d’un Gibbon. Ils se regardèrent profondément et chacun vit dans le regard de l’autre une lumière de solidarité. Je vais détacher tes liens. Je vais vous aider à regagner vos arbres, vos forêts et vos rivières. Une fois les liens défaits, Tom pu aussitôt se lever et ouvrir la porte de la soute. Il fallait agir vite et avec efficacité, le sort de tous ses animaux reposait désormais sur lui. Après avoir rejoint sa place, il se rendit compte que l’avion était immobilisé au sol suite à sa disparition. Les jeunes gens donnèrent rapidement l’alerte et tous les passagers furent débarqués afin de permettre l’évacuation des cages contenant les animaux et les plantes. Naomie et les trois amis devaient désormais attendre un autre vol afin de rejoindre leur destination et continuer leur lutte aux côtés de Victor Noël. La nuit fut longue mais les jeunes gens prenaient leur mal en patience et pensaient à toutes les créatures qui allaient pouvoir rejoindre leur milieu de vie naturel grâce à eux. Ils décidèrent d’occuper leur temps en créant une chanson qui soutiendrait leur cause : Nous sommes de ceux quiveulent changer le monde.
Nous sommes de ceux qui veulent lutter contre le réchauffement climatique.
Nous sommes de ceux qui combattent la déforestation
Nous sommes de ceux qui pleurent les feux criminels
Nous sommes de ceux qui se battent pour sauver les animaux en voie de disparition.
Nous sommes de ceux qui aiment le chocolat mais pas le Nutella.
Nous sommes de ceux qui luttent pour la biodiversité

Nous sommes de ceux qui cherchent les morceaux d’humanité pour redonner à la terre les couleurs de la vie.
Nous sommes de ceux qui espèrent un avenir, de ceux qui se battent pour construire un monde meilleur.
Nous sommes de ceux qui arrêtent de consommer pour ne plus polluer,
Nous sommes de ceux qui s’engagent et qui font des marches pour qu’on puisse vous voir prendre de l’âge, nous ne sommes pas seuls faites attention !

Nous sommes la Terre, nous sommes l’Arbre, nous sommes la Fleur,
Nous sommes l’Oiseau qui chante
Nous sommes de ceux qui veulent changer les choses
Nous sommes des poètes, des penseurs, des marcheurs, des chanteurs, des jeunes
Nous sommes de ceux qui veulent une vie meilleure pour la planète
Nous ne sommes pas de ceux qui ferment les yeux

Nous sommes de ceux qui manifestent pour notre bonheur à tous et notre futur
Nous sommes de ceux qui ne reculent devant rien pour libérer le monde de sa cupidité
Nous sommes de ceux qui ne resteront pas sans rien faire et sans rien dire
Nous sommes de ceux qui continueront à se rebeller et à tenir tête sans jamais abandonner.
Nous sommes de ceux qui espèrent que le message se transformera en présage.
Nous sommes de ceux qui croient en vous donc battez-vous et aidez-nous.

Histoire 11
Collège Laurent Mourguet

Que d’aventures !

Une voix dans un haut parleur indique enfin leur porte d’embarquement. Naomi et Mme Machon, la prof de SVT, se lèvent les premières, impatientes de laisser derrière elles ces dernières péripéties. Puis, après un long vol avec escales, qui les a conduits à l’aéroport de Kangerlussuaq, ils attendent une correspondance qui les mènera enfin à 319 km au Sud, à Nuuk où ils retrouveront Victor Noël ainsi que les glaciologues Claude Lorius et Jérôme Chappelaz, qui ont tant à leur apprendre. Ils se dirigent, bagages à la main, vers le guichet et embarquent, à leur surprise, dans un tout petit avion rouge et blanc d’une trentaine de places.
Lorsque l’avion décolle, les adolescents sont impressionnés. Des turbulences commencent à se faire ressentir et la violence de celles-ci s’accélère. Le bourdonnement, qu’ils perçoivent devient de plus en plus oppressant. Mme Machon masque difficilement son inquiétude, et les passagers comprennent bien que les conditions de vol ne seront pas agréables.
Pour ne pas céder à la panique, Tom s’efforce de penser au récit qu’il pourra faire à Victor Noël de tout ce qu’il a pu vivre avec ses amis et Léa réfléchit aux prochaines formes que prendra leur lutte contre le réchauffement climatique.
Tout à coup l’avion décroche, tous les passagers sont ballottés, entraînés vers la gauche, puis la droite et le cap se redresse. Un silence de mort règne. Un passager qui semble habitué à effectuer ce trajet se tourne vers les jeunes : 
“ - Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Nous avons traversé une zone d’importantes turbulences et en traverserons d’autres avant notre arrivée.
- J’ai vraiment cru qu’on allait y rester...
- Le climat est complètement détraqué ! lance une jeune femme à l’avant.
- Ah bah bravo, j’ai du jus d’orange partout ! s’énerve Mehdi.
- Sérieux ! C’est ta seule préoccupation ?! s’exclame Léa.
Brusquement, le nez de l’avion pique vers le bas. La pression baisse, la température aussi. L’avion est au bord de la dépressurisation.
Plus un mot ne se fait entendre jusqu’au moment où l’avion heurte la glace plutôt qu’il n’atterrit, loin des pistes de l’aéroport de Nuuk.
L’avion s’est crashé sur la banquise qui se fissure à peine sous le choc. Les passagers sont tous sonnés. Tom rejoint l’équipage et les passagers les plus proches qui débloquent les portes. Tous tremblent de froid et de peur. Mehdi se tient la tête : il a reçu un choc au moment où l’avion s’est posé. Il est nauséeux et sort prendre l’air avec ses amis. Il soupire. Ce n’est pas tout de suite qu’il pourra découvrir la fameuse soupe appelée suaasat, faite à partir de viande de phoque bouillie, d’oignons et de riz !
Sur la banquise, un ours polaire au loin les voit et semble venir vers eux. Ils se mettent à courir dans la direction inverse. L’ours se rapproche de plus en plus. Quand il n’est plus qu’à quelques mètres d’eux, il s’arrête et lance :
“Ça vous dit un ice-volley ? J’ai un ballon !” Les jeunes sont sous le choc mais l’idée leur plaît.
“Et là, et là un yeti leur propose un mister freeze…
- Ouh lala, tu pars loin Tom... s’exclame Léa
- Bon il commence à se faire tard je dois y aller, déclare Mehdi.
- On s’invente de ces vies d’aventuriers, nous ! Ça aurait été trop cool vous imaginez, nous, héros du combat climatique ! soupire Tom.
- On aurait figuré dans le tome 2 de "Ces jeunes qui changent le monde" ! raille Léa avant d’ajouter
- Moi aussi Tom, je dois y aller. En plus, j’ai dit à ma mère que je l’accompagnais faire les courses... on a plus de Nutella.”
À regret, ils se lèvent de leur banc et rentrent chez eux.