Prologue
La décision de quitter la ville pour s’installer à la campagne murissait depuis plusieurs années dans l’esprit de Monsieur et Madame Morin-Diallo. Les problèmes d’asthme de Sarah, la petite dernière, et les plaintes incessantes des voisins lorsque les jumeaux Lucas et Salomon jouaient dans la cour de leur résidence du centre-ville de Lyon avaient fini par les convaincre de faire le grand saut. Alors, un matin d’août, les cinq Lyonnais accompagnés de leur chien et de leur chat s’étaient installés dans un coin reculé d’Ardèche au bord de la rivière la Bourges, dans une jolie maison de pierre abandonnée depuis seulement six mois. La santé déclinante du couple de retraités qui y avait vécu les avait poussés à rejoindre la vallée non loin d’un centre hospitalier et des services qu’il proposait aux personnes âgées. Les parents Morin-Diallo, Laurence et Driss, tout sourires, se réjouissaient. Enfin ils réalisaient leur rêve, offraient à leurs enfants de sept et douze ans un cadre de vie proche de la vie sauvage, où l’air était peu pollué et qui permettrait à leur progéniture d’évoluer au grand air, dans un milieu sain au plus près de la nature. Dès les premiers jours, la respiration de Sarah se fit plus fluide, aucun accès de toux à déplorer, son teint s’était éclairci, elle était radieuse, son père et sa mère s’en félicitait. Quant aux garçons, ils n’en revenaient pas de disposer d’un terrain de jeu qui leur semblait illimité. Ils couraient dans les bois, dévalaient les pentes à s’en couper le souffle, sautaient dans les cascades, s’aspergeaient d’eau dans la rivière, hurlant et riant sans déranger personne, un vrai bonheur.
Or, ce dont aucun d’entre eux ne se doutait, c’était que le vide de la maison qu’ils venaient d’investir n’était qu’apparent. En effet, cachés dans les nombreux recoins des deux étages que les Morin-Diallo occupaient, ainsi que dans le grenier, dans la cave, au beau milieu de ce qui avait été un potager, sur la rivière et partout sur ses rives, fourmillait un grand nombre d’espèces de la faune et de la flore locale. Des bactéries invisibles à l’œil nu, des insectes plus ou moins faciles à vivre, des reptiles surtout de petites tailles, des mammifères petits et grands, jusqu’aux oiseaux qui volaient librement au-dessus de la nouvelle demeure de Laurence et de Driss. Sans le savoir, les cinq bipèdes citadins et leurs deux animaux de compagnie bouleversaient tout un écosystème qui avait appris à exister sans devoir composer avec des humains.
Laurence entreprit d’abord de s’occuper du jardin qu’elle voulait rendre joli. Elle s’arma d’une énorme paire de ciseaux en métal et d’autres ustensiles et commença par se charger des mauvaises herbes : elle défrichait, éliminait toutes les plantes qui lui semblaient laides ou inutiles, une hécatombe. Dans la remise, Driss fut ravi de trouver une tondeuse à gazon dont le réservoir contenait encore suffisamment de carburant. Afin de rendre les alentours de leur propriété plus ordonnée, il sortit l’engin, et l’alluma. Un bruit de moteur vint perturber le calme à une centaine de mètres à la ronde, semant l’effroi dans la nature, d’autant que la fumée noire qui s’en échappait était irrespirable. Alors qu’ils jouaient dans le lit de la rivière, les deux garçons n’hésitaient pas à s’emparer de cailloux qu’ils jetaient à la surface pour s’éclabousser, sans se rendre compte qu’ils retiraient leurs abris à des crustacés livrés subitement sans secours aux attaques de leurs prédateurs. Leur chien, encore jeune et turbulent, ne sachant plus où donner du museau, pourchassait les papillons affolés, creusait la terre en arrachant les racines nécessaires à la survie des plantes, ses jeux détruisaient aussi l’habitat d’insectes incapables de vivre au grand jour. Le chat aussi jubilait, il avait à sa disposition un vaste terrain de chasse où les rongeurs dont il raffolait, découvraient bien trop tard son habileté et sa redoutable efficacité. Le petit félin ne mit pas vingt-quatre heures à s’adapter à son nouvel environnement, il en devint le principal prédateur.
En se rencontrant, deux univers qui n’aspiraient pourtant qu’à vivre en paix entraient en collision. Mais, ignorés par les humains, c’était au monde des plantes et des animaux de réagir, d’observer attentivement le comportement des nouveaux venus afin de s’y adapter, puis de trouver rapidement les moyens de cohabiter avec ceux qu’ils considéraient comme des intrus qui leur compliquaient l’existence.
1/ Dans la maison au bord de la Bourges
La petite souris avait élu domicile dans la maison au bord de la Bourges vers la fin du printemps dernier, peu avant de mettre bas ses six petits. Elle avait choisi de s’installer dans le calme du grenier, un excellent refuge qui la protégeait de la lumière pendant ses longues heures de sommeil de la journée, et lui proposait une excellente base de repli après les escapades nocturnes qui lui permettait de se rassasier et de nourrir sa progéniture.
Tout se passait à merveille depuis des mois, elle coulait des jours tranquilles, mais vers la fin de l’été, son univers s’était assombri avec l’arrivée d’humains et de deux monstres à quatre pattes. Avec leurs meubles et leurs énormes machines en métal qui faisait énormément de bruit, ils avaient totalement changé la géographie de la maison. Par chance ils ne s’étaient pas encore aventuré dans le grenier et la souris avait vite compris que ces étranges individus, contrairement à elle, vivaient le jour et dormaient la nuit. Et puis le nombre d’imposants objets avec lesquels ils encombraient l’espace offraient encore plus de possibilités de se dissimuler, ce qui facilitait ses déplacements vers l’extérieur, il s’agissait juste d’éviter la proximité du chat et du chien. Mais alors qu’elle pensait s’accommoder de cette soudaine invasion, une nuit où la souris partit comme à son habitude chasser des grillons, des chenilles ou d’autres petits insectes, elle s’arrêta net sur le porche de la maison et constata qu’à l’extérieur aussi tout avait changé, elle se retrouvait devant un paysage apocalyptique
Il avait suffi d’une journée pour que l’endroit qui la veille encore abondait de proies deviennent un désert de sillons de terre retournée. Son cœur battait à rompre sa petite poitrine. Elle s’appuya sur ses pattes arrière pour voir ce qu’il en était un peu plus avant, mais d’aussi loin qu’elle pouvait regarder, tout était dévasté. Elle renifla l’air, observa les alentours, s’arrêta en scrutant l’obscurité en direction de la rivière et se dit que ce serait peut-être l’occasion d’y aller chercher des petits escargots. Mais la lune presque pleine éclairait dangereusement l’espace entre elle et le cours d’eau où l’herbe avait été coupé très court, cette hypothèse et le chemin à découvert jusqu’à la rive l’exposait trop à l’assaut d’un rapace. La sourit stressait, elle pensait à ses petits sans savoir comment soulager leur faim. Dans le doute elle décida de rebrousser chemin et retourna dans la maison. Après quelques pas dans l’entrée, elle aperçut une forme bouger dans le noir. Le chat s’était réveillé, il s’étira puis trotta jusqu’à la cuisine pour se désaltérer. La souris s’arrêta mais son odeur la trahit, le félin stoppa, tourna son regard vers elle. Le rongeur se mit à courir et réussit à atteindre une plinthe, elle s’y cacha, tordit son corps, arriva à poursuivre sa course et laissa derrière elle les griffes du chat qui grattaient le bois. Heureusement, elle connaissait la maison par cœur et n’eut aucun mal à gagner l’étage avec le chat toujours à ses trousses. Dans la panique elle réussit à entrer dans la chambre où dormait la petite fille en se faufilant sous la porte, le chat n’allait pas tarder à arriver.
Les miaulements sortirent Sarah de son sommeil. Après s’être frottée les yeux, la petite se redressa sur son lit, elle aperçut une petite souris apeurée, menacée par le chat qui appelait avec insistance.
PREMIER CONTACT
Sarah pensait rêver. Elle écarquilla les yeux. La torpeur de la nuit et le clair-obscur de sa chambre rendait la situation irréelle, un trop plein pour son cerveau encore engourdi. Elle n’y comprenait rien, la peur l’envahit, alors elle fondit en sanglots en appelant sa maman. Quant à la souris, ne se sentant plus observée, en profita pour courir afin d’augmenter la distance entre le félin et elle, puis se dissimula derrière l’armoire de la petite, dans le noir complet du minuscule espace qui séparait le meuble du mur. Enfin à l’abri, elle se calma, reprit son souffle, les battements de son cœur ralentirent, elle attendait que Sarah se rendorme avant de reprendre sa route vers les parties hautes de la maison.
Alertée par les pleurs de sa fille, on entendit les pas de Laurence s’approcher. Elle gronda le chat derrière la porte, le chassa de l’étage, où du reste il n’avait pas le droit de s’aventure pendant la nuit, puis entra consoler Sarah. L’image d’une mère pleine de tendresse envers son enfant rassura la souris qui observait la scène, elle y reconnut quelque chose de familier. Les humains se tenaient la plupart du temps debout, ils étaient bien évidemment beaucoup plus grand qu’elle mais possédaient comme elle quatre membres, une tête, ne maquaient qu’une queue pour parfaire la comparaison. Surtout, le rongeur perçut énormément de douceur dans les sons qui sortaient de la bouche maternelle, cela lui rappela les frottements de museaux qu’elle-même pratiquait avec ses petits. Cela l’apaisa, elle eut l’intuition que ces deux êtres ne représentaient pas forcément un danger, mais par prudence elle décida d’attendre encore un peu avant de quitter sa cachette.
Après avoir tranquillisé Sarah en lui expliquant que le chat ne viendrait plus la déranger, Laurence la borda et l’embrassa. Lorsqu’arriva la question de savoir où était passée la petite souris, la mère jeta un œil partout dans la pièce, constata qu’il n’y avait personne et en conclut que Sarah avait dû l’inventer dans son sommeil agité, qu’elle ne s’inquiète plus, tout allait bien. Elle sortit en refermant la porte avec précaution.
Le calme s’installa dans la chambre, la souris patienta jusqu’à ce que le silence règne dans tout l’étage, osa quelques pas à découvert et, lorsqu’elle passa devant le visage qu’elle pensait endormi, Sarah ouvrit un œil, puis l’autre. Sa main ouverte glissa de dessous sa couette, elle la tendit vers la souris en lui adressant son plus beau sourire. Enfin, elle sortit un biscuit du tiroir de sa commode et, se baissant presque jusqu’au sol pour se mettre au même niveau, le proposa à l’animal qui n’avait toujours pas réagi à son invitation. Or elle avait faim, et puis l’odeur que dégageait le gâteau posé dans la paume était tellement appétissante : la souris hésitait entre à répondre à l’appel de la petite humaine, à accepter sa nourriture, à se régaler sans devoir chasser ; ou s’empresser de rejoindre sa progéniture restée seule là-haut dans le grenier.
3/ Titre du chapitre
Carnage.
La souris décida donc de rejoindre sa progéniture qui s’impatientait sans doute ; En arrivant dans le
grenier, elle ne sentit pas la présence de ses petits. Elle alla voir voir là où elle les avait laissés. Elle
ne les vit pas et commença à fouiller le grenier sans succès. Elle commença donc à s’apitoyer sur
son sort en regrettant de les avoir laissés s’angoisser. Le rongeur se reprit en main et continua ses
recherches de façon plus approfondie. Après maintes recherches elle retrouva son benjamin,
enfermé, figé, apeuré et terrifié.
Se pelotonnant contre lui, le rassurant elle lui demanda ce qui s’était passé. Le souriceau couinait et
pleurait. Il s’arrêta pour lui conter la tragique histoire qui venait de se produire.
Les souriceaux, voyant que leur mère ne remontait pas, avaient décidé de partir à sa recherche et
d’aller dans différents endroits pour avoir plus de chances de la retrouver.
L’aîné proposa de fouiller une partie de l’intérieur de la maison. Le puis-né dit qu’il se chargeait de
l’extérieur. Le benjamin voulut rester au grenier au cas où leur mère reviendrait. Le cadet se chargea
du couloir.
Après heures et heures passés l’aîné continua sa recherche, il eut l’idée de se réfugier dans un objet
grand, cylindrique et qui par temps d’hiver dégageait de la chaleur. Après s’être reposé il décida de
reprendre les recherches, mais, problème il se rendit compte qu’il était prisonnier à l’intérieur de cet
immense chose cylindrique. Il entendit un bruit sourd comme si on versait de l’eau dans un verre.
Quand soudain l’objet laissait dégager de la chaleur avec de petites flammes ; La chaleur tellement
suffocante étouffa le petit souriceau qui perdit connaissance.
L’odeur de leur frère carbonisé était insoutenable. Cette odeur était si oppressante qu’ils avaient
besoin de changer l’air qui hantait la pièce. Pour cela, ils décidèrent de gravir la pile de carton qui
était pour eux similaire a l’Everest afin d’atteindre l’œil de bœuf. Arrivés a leur objectif, ils unirent
leur force et poussèrent cette fenêtre lourde et imposante. La patte du puis-né glissa, pris de
panique, les autres essayèrent de le retenir, sans succès. Il s’explosa sur le sol avant de se faire
absorber par les entrailles et les lames tranchantes de la tondeuse. Il ressortit déchiqueté en mille
morceaux ensanglantés. Le père qui lui n’avait rien remarqué, continua de tondre la pelouse qui
pour lui n’était pas assez parfaite. Les frères là haut, étaient anéantis par cet horrible carnage. Ils
dirent en cœur : « tiens il est mort ! » Encore sous le choc la fratrie décida de se séparer.Le benjamin
resta dans le grenier à l’abri pendant que le cadet allait voir son frère pour se recueillir auprès de sa
dépouille.
Dans la forêt, où régnait le silence, un serpent partait chasser le ventre vide. Il rentra dans le jardin
pensant trouver à manger. Patient, il se cacha dans l’herbe attendant qu’une proie se manifeste. Le
serpent apeuré par la tondeuse se faufila derrière l’homme et entra par la porte. La vipère, vigilante,
entra. Par malheur la petite souris était en train de descendre les escaliers. La bête impatiente, la prit
par surprise et lui sauta dessus. Avec ses crocs transperça son corps d’un coup sec jusqu’à entendre
le craquement de ses os fragiles. Le serpent retourna dans la forêt auprès de ses petits pour les
nourrir.
Laurence décida d’aller faire les courses prit sa voiture et alla au supermarché en laissant seul son
mari et leurs enfants. Elle ne vit pas le sanglier traverser la route...
UNE NOUVELLE ALLIANCE
La surprise d’une apparition irréelle sidéra la conductrice autant qu’elle tétanisa ses mains crispées sur le volant. La forme massive et statique emprisonnée dans la lueur de ses phares empêcha son cerveau de dicter à ses pieds la réaction adéquate. Peut-être même qu’au lieu de freiner, Laurence accéléra… L’incertitude resta gravée dans sa mémoire fragmentée, contrairement au fracas qui propulsa l’animal à plusieurs mètres de distance et à l’horrible cri de la bête blessée ; les deux bruits résonnent encore aujourd’hui dans ses cauchemars, comme autant de reproches d’avoir mortellement accidenté un innocent sanglier sur une route de campagne.
Il n’y avait pourtant qu’elle et lui sur la départementale et, à quelques secondes près, ils se seraient évités et rien ne se serait arrivé. Pourtant, deux destins s’étaient croisés en une rencontre dramatique. La mère de famille se demanderait longtemps pourquoi le sort ne les avait pas épargnés et poussés à cette tragique collision.
Dans la chambre d’hôpital où elle se réveilla, ses premières pensées allèrent à l’animal… Aveuglé par la lumière blanche des phares, l’imposant mammifère n’avait plus su dans quelle direction s’enfuir, alors il s’était immobilisé. Laurence essayait d’imaginer ce à quoi il avait bien pu penser au moment de l’impact.
Le radiologue qui, après avoir effectué les analyses de routine, lui avait confirmé l’absence de commotion cérébral malgré sa perte de conscience, avait tenté de la rassurer :
« Vous savez, Madame Morin-Diallo, chez nous ce genre d’évènement est fréquent. Estimez-vous heureuse d’en sortir indemne, même votre voiture pourra être réparée. »
Laurence ne répondit pas, elle savait que rien ne serait plus jamais comme avant. Elle ne regrettait bien évidemment pas sa décision de changer de vie en s’installant en Ardèche mais commençait à en mesurer l’étendue des conséquences. En attendant son mari dans le hall d’entrée, elle comprit que le contact direct avec les non-humains ne signifiait pas seulement changer de manières de faire, il s’agissait avant tout de chercher à créer un nouveau type de relations avec la faune et la flore.
À la lumière du terrible choc qui avait couté la vie à un jeune sanglier et des péripéties vécues par son époux, ses enfants et leurs animaux domestiques depuis leur premier jour près de La Bourges, Laurence réfléchissait. Elle avait hâte de bientôt retrouver la chaleur de leur nouveau foyer et se promit de prendre le temps d’expliquer aux siens qu’ils avaient eu tort de ne pas s’intéresser davantage aux conséquences de leur présence soudaine sur un univers sauvage. À l’avenir, ils s’emploieraient à observer attentivement le comportement des animaux, essaieraient par exemple de respecter les cycles de croissance des plantes et accorderaient plus d’attention à toutes ces vies autour d’eux…
À tous les humains elle voulait adresser un message d’humilité et transmettre l’idée qu’il était possible de se considérer tel une espèce comme une autre cherchant à vivre simplement, en harmonie parmi toutes celles qui peuplaient leur environnement.
1/ Dans la maison au bord de la Bourges
La petite souris avait élu domicile dans la maison au bord de la Bourges vers la fin du printemps dernier, peu avant de mettre bas ses six petits. Elle avait choisi de s’installer dans le calme du grenier, un excellent refuge qui la protégeait de la lumière pendant ses longues heures de sommeil de la journée, et lui proposait une excellente base de repli après les escapades nocturnes qui lui permettait de se rassasier et de nourrir sa progéniture.
Tout se passait à merveille depuis des mois, elle coulait des jours tranquilles, mais vers la fin de l’été, son univers s’était assombri avec l’arrivée d’humains et de deux monstres à quatre pattes. Avec leurs meubles et leurs énormes machines en métal qui faisait énormément de bruit, ils avaient totalement changé la géographie de la maison. Par chance ils ne s’étaient pas encore aventuré dans le grenier et la souris avait vite compris que ces étranges individus, contrairement à elle, vivaient le jour et dormaient la nuit. Et puis le nombre d’imposants objets avec lesquels ils encombraient l’espace offraient encore plus de possibilités de se dissimuler, ce qui facilitait ses déplacements vers l’extérieur, il s’agissait juste d’éviter la proximité du chat et du chien. Mais alors qu’elle pensait s’accommoder de cette soudaine invasion, une nuit où la souris partit comme à son habitude chasser des grillons, des chenilles ou d’autres petits insectes, elle s’arrêta net sur le porche de la maison et constata qu’à l’extérieur aussi tout avait changé, elle se retrouvait devant un paysage apocalyptique
Il avait suffi d’une journée pour que l’endroit qui la veille encore abondait de proies deviennent un désert de sillons de terre retournée. Son cœur battait à rompre sa petite poitrine. Elle s’appuya sur ses pattes arrière pour voir ce qu’il en était un peu plus avant, mais d’aussi loin qu’elle pouvait regarder, tout était dévasté. Elle renifla l’air, observa les alentours, s’arrêta en scrutant l’obscurité en direction de la rivière et se dit que ce serait peut-être l’occasion d’y aller chercher des petits escargots. Mais la lune presque pleine éclairait dangereusement l’espace entre elle et le cours d’eau où l’herbe avait été coupé très court, cette hypothèse et le chemin à découvert jusqu’à la rive l’exposait trop à l’assaut d’un rapace. La sourit stressait, elle pensait à ses petits sans savoir comment soulager leur faim. Dans le doute elle décida de rebrousser chemin et retourna dans la maison. Après quelques pas dans l’entrée, elle aperçut une forme bouger dans le noir. Le chat s’était réveillé, il s’étira puis trotta jusqu’à la cuisine pour se désaltérer. La souris s’arrêta mais son odeur la trahit, le félin stoppa, tourna son regard vers elle. Le rongeur se mit à courir et réussit à atteindre une plinthe, elle s’y cacha, tordit son corps, arriva à poursuivre sa course et laissa derrière elle les griffes du chat qui grattaient le bois. Heureusement, elle connaissait la maison par cœur et n’eut aucun mal à gagner l’étage avec le chat toujours à ses trousses. Dans la panique elle réussit à entrer dans la chambre où dormait la petite fille en se faufilant sous la porte, le chat n’allait pas tarder à arriver.
Les miaulements sortirent Sarah de son sommeil. Après s’être frottée les yeux, la petite se redressa sur son lit, elle aperçut une petite souris apeurée, menacée par le chat qui appelait avec insistance.
PREMIER CONTACT
Sarah pensait rêver. Elle écarquilla les yeux. La torpeur de la nuit et le clair-obscur de sa chambre rendait la situation irréelle, un trop plein pour son cerveau encore engourdi. Elle n’y comprenait rien, la peur l’envahit, alors elle fondit en sanglots en appelant sa maman. Quant à la souris, ne se sentant plus observée, en profita pour courir afin d’augmenter la distance entre le félin et elle, puis se dissimula derrière l’armoire de la petite, dans le noir complet du minuscule espace qui séparait le meuble du mur. Enfin à l’abri, elle se calma, reprit son souffle, les battements de son cœur ralentirent, elle attendait que Sarah se rendorme avant de reprendre sa route vers les parties hautes de la maison.
Alertée par les pleurs de sa fille, on entendit les pas de Laurence s’approcher. Elle gronda le chat derrière la porte, le chassa de l’étage, où du reste il n’avait pas le droit de s’aventure pendant la nuit, puis entra consoler Sarah. L’image d’une mère pleine de tendresse envers son enfant rassura la souris qui observait la scène, elle y reconnut quelque chose de familier. Les humains se tenaient la plupart du temps debout, ils étaient bien évidemment beaucoup plus grand qu’elle mais possédaient comme elle quatre membres, une tête, ne maquaient qu’une queue pour parfaire la comparaison. Surtout, le rongeur perçut énormément de douceur dans les sons qui sortaient de la bouche maternelle, cela lui rappela les frottements de museaux qu’elle-même pratiquait avec ses petits. Cela l’apaisa, elle eut l’intuition que ces deux êtres ne représentaient pas forcément un danger, mais par prudence elle décida d’attendre encore un peu avant de quitter sa cachette.
Après avoir tranquillisé Sarah en lui expliquant que le chat ne viendrait plus la déranger, Laurence la borda et l’embrassa. Lorsqu’arriva la question de savoir où était passée la petite souris, la mère jeta un œil partout dans la pièce, constata qu’il n’y avait personne et en conclut que Sarah avait dû l’inventer dans son sommeil agité, qu’elle ne s’inquiète plus, tout allait bien. Elle sortit en refermant la porte avec précaution.
Le calme s’installa dans la chambre, la souris patienta jusqu’à ce que le silence règne dans tout l’étage, osa quelques pas à découvert et, lorsqu’elle passa devant le visage qu’elle pensait endormi, Sarah ouvrit un œil, puis l’autre. Sa main ouverte glissa de dessous sa couette, elle la tendit vers la souris en lui adressant son plus beau sourire. Enfin, elle sortit un biscuit du tiroir de sa commode et, se baissant presque jusqu’au sol pour se mettre au même niveau, le proposa à l’animal qui n’avait toujours pas réagi à son invitation. Or elle avait faim, et puis l’odeur que dégageait le gâteau posé dans la paume était tellement appétissante : la souris hésitait entre à répondre à l’appel de la petite humaine, à accepter sa nourriture, à se régaler sans devoir chasser ; ou s’empresser de rejoindre sa progéniture restée seule là-haut dans le grenier.
3/ Titre du chapitre
Carnage.
La souris décida donc de rejoindre sa progéniture qui s’impatientait sans doute ; En arrivant dans le
grenier, elle ne sentit pas la présence de ses petits. Elle alla voir voir là où elle les avait laissés. Elle
ne les vit pas et commença à fouiller le grenier sans succès. Elle commença donc à s’apitoyer sur
son sort en regrettant de les avoir laissés s’angoisser. Le rongeur se reprit en main et continua ses
recherches de façon plus approfondie. Après maintes recherches elle retrouva son benjamin,
enfermé, figé, apeuré et terrifié.
Se pelotonnant contre lui, le rassurant elle lui demanda ce qui s’était passé. Le souriceau couinait et
pleurait. Il s’arrêta pour lui conter la tragique histoire qui venait de se produire.
Les souriceaux, voyant que leur mère ne remontait pas, avaient décidé de partir à sa recherche et
d’aller dans différents endroits pour avoir plus de chances de la retrouver.
L’aîné proposa de fouiller une partie de l’intérieur de la maison. Le puis-né dit qu’il se chargeait de
l’extérieur. Le benjamin voulut rester au grenier au cas où leur mère reviendrait. Le cadet se chargea
du couloir.
Après heures et heures passés l’aîné continua sa recherche, il eut l’idée de se réfugier dans un objet
grand, cylindrique et qui par temps d’hiver dégageait de la chaleur. Après s’être reposé il décida de
reprendre les recherches, mais, problème il se rendit compte qu’il était prisonnier à l’intérieur de cet
immense chose cylindrique. Il entendit un bruit sourd comme si on versait de l’eau dans un verre.
Quand soudain l’objet laissait dégager de la chaleur avec de petites flammes ; La chaleur tellement
suffocante étouffa le petit souriceau qui perdit connaissance.
L’odeur de leur frère carbonisé était insoutenable. Cette odeur était si oppressante qu’ils avaient
besoin de changer l’air qui hantait la pièce. Pour cela, ils décidèrent de gravir la pile de carton qui
était pour eux similaire a l’Everest afin d’atteindre l’œil de bœuf. Arrivés a leur objectif, ils unirent
leur force et poussèrent cette fenêtre lourde et imposante. La patte du puis-né glissa, pris de
panique, les autres essayèrent de le retenir, sans succès. Il s’explosa sur le sol avant de se faire
absorber par les entrailles et les lames tranchantes de la tondeuse. Il ressortit déchiqueté en mille
morceaux ensanglantés. Le père qui lui n’avait rien remarqué, continua de tondre la pelouse qui
pour lui n’était pas assez parfaite. Les frères là haut, étaient anéantis par cet horrible carnage. Ils
dirent en cœur : « tiens il est mort ! » Encore sous le choc la fratrie décida de se séparer.Le benjamin
resta dans le grenier à l’abri pendant que le cadet allait voir son frère pour se recueillir auprès de sa
dépouille.
Dans la forêt, où régnait le silence, un serpent partait chasser le ventre vide. Il rentra dans le jardin
pensant trouver à manger. Patient, il se cacha dans l’herbe attendant qu’une proie se manifeste. Le
serpent apeuré par la tondeuse se faufila derrière l’homme et entra par la porte. La vipère, vigilante,
entra. Par malheur la petite souris était en train de descendre les escaliers. La bête impatiente, la prit
par surprise et lui sauta dessus. Avec ses crocs transperça son corps d’un coup sec jusqu’à entendre
le craquement de ses os fragiles. Le serpent retourna dans la forêt auprès de ses petits pour les
nourrir.
Laurence décida d’aller faire les courses prit sa voiture et alla au supermarché en laissant seul son
mari et leurs enfants. Elle ne vit pas le sanglier traverser la route...
UNE NOUVELLE ALLIANCE
La surprise d’une apparition irréelle sidéra la conductrice autant qu’elle tétanisa ses mains crispées sur le volant. La forme massive et statique emprisonnée dans la lueur de ses phares empêcha son cerveau de dicter à ses pieds la réaction adéquate. Peut-être même qu’au lieu de freiner, Laurence accéléra… L’incertitude resta gravée dans sa mémoire fragmentée, contrairement au fracas qui propulsa l’animal à plusieurs mètres de distance et à l’horrible cri de la bête blessée ; les deux bruits résonnent encore aujourd’hui dans ses cauchemars, comme autant de reproches d’avoir mortellement accidenté un innocent sanglier sur une route de campagne.
Il n’y avait pourtant qu’elle et lui sur la départementale et, à quelques secondes près, ils se seraient évités et rien ne se serait arrivé. Pourtant, deux destins s’étaient croisés en une rencontre dramatique. La mère de famille se demanderait longtemps pourquoi le sort ne les avait pas épargnés et poussés à cette tragique collision.
Dans la chambre d’hôpital où elle se réveilla, ses premières pensées allèrent à l’animal… Aveuglé par la lumière blanche des phares, l’imposant mammifère n’avait plus su dans quelle direction s’enfuir, alors il s’était immobilisé. Laurence essayait d’imaginer ce à quoi il avait bien pu penser au moment de l’impact.
Le radiologue qui, après avoir effectué les analyses de routine, lui avait confirmé l’absence de commotion cérébral malgré sa perte de conscience, avait tenté de la rassurer :
« Vous savez, Madame Morin-Diallo, chez nous ce genre d’évènement est fréquent. Estimez-vous heureuse d’en sortir indemne, même votre voiture pourra être réparée. »
Laurence ne répondit pas, elle savait que rien ne serait plus jamais comme avant. Elle ne regrettait bien évidemment pas sa décision de changer de vie en s’installant en Ardèche mais commençait à en mesurer l’étendue des conséquences. En attendant son mari dans le hall d’entrée, elle comprit que le contact direct avec les non-humains ne signifiait pas seulement changer de manières de faire, il s’agissait avant tout de chercher à créer un nouveau type de relations avec la faune et la flore.
À la lumière du terrible choc qui avait couté la vie à un jeune sanglier et des péripéties vécues par son époux, ses enfants et leurs animaux domestiques depuis leur premier jour près de La Bourges, Laurence réfléchissait. Elle avait hâte de bientôt retrouver la chaleur de leur nouveau foyer et se promit de prendre le temps d’expliquer aux siens qu’ils avaient eu tort de ne pas s’intéresser davantage aux conséquences de leur présence soudaine sur un univers sauvage. À l’avenir, ils s’emploieraient à observer attentivement le comportement des animaux, essaieraient par exemple de respecter les cycles de croissance des plantes et accorderaient plus d’attention à toutes ces vies autour d’eux…
À tous les humains elle voulait adresser un message d’humilité et transmettre l’idée qu’il était possible de se considérer tel une espèce comme une autre cherchant à vivre simplement, en harmonie parmi toutes celles qui peuplaient leur environnement.