le jour, maria glanait pour sa psychopompe de poche : elle choisissait les souvenirs les plus terre-à-terre pour le voyage de son âme.
au crépuscule, l’âme de maria emplissait des poches de poussières, de cailloux, de vers-de-terre, de graines et de coquilles. ainsi, les abajoues de son âme étaient-elles chaque soir plus larges et plus grasses que la veille afin d’emporter davantage de pesanteur, de couleurs et d’odeurs.
à l’aube, l’âme de maria était grandie par la préparation aux échanges au seuil de Saint Pierre et ses journées étaient pleines d’attention aux plaisirs et aux peines typiquement terriennes.
évidemment, ces marchands ne pouvaient plus faire de porte-à-porte alors ils proposaient aux néo-paradisiens de leur faire les poches : c’est-à-dire que l’on pouvait payer en nature, en troc, en trucs typiquement terrestres.






Cette nouvelle monnaie d’échange plait. Tout le monde s’en sert maintenant. Quelconque personne qui souhaite quelque chose sait maintenant comment l’obtenir : Je te donne ça, tu me donnes ce que je veux. C’est facile. Malheureusement le jour fatidique arrive. Tout le monde a ce qu’il veut. Mais il faut continuer à faire vivre cette monnaie, sinon personne ne pourra plus se nourrir. Des débats se créent au sommet : "Qu’est ce qu’on fait ? " "Il faut trouver quelque chose que les gens n’utilisent pas et leur faire croire que ça a une certaine valeur et comme ça ils continueront à échanger pour avoir" " Le papier ? " "Parfait !". Deux levés de soleil plus tard, ils étaient là. Les morceaux de papiers imprimés qui nous serviraient à troquer à partir de maintenant. Les premières tentatives pour échanger sont tendues, à vrai dire, elles ne se sont même jamais calmées.


Le problème venait de l’incrémentation portée à ces nouveaux morceaux de papier. Le problème n’était pas éliminé mais déplacé. Qui pourrait alors être la personne intègre capable de représenter les besoins de chacun, et leurs place dans la société. Comment définir les nouvelles règle d’une société plus égalitaire sans reproduire les travers de ce que nous avions connu ?
Peut-il y avoir une pensée commune nouvelle qui se dégage de la masse et comment la faire reconnaître auprès de tous ?
Les hommes n’en ont pas été capables, la société en a souffert et s’en remet à présent à l’intelligence artificielle pour opérer la médiation impossible


L’intelligence artificielle me ramène à l’ère socratique.
Je suis homme-libre libéré de l’homme-machine par l’intelligence artificielle.
Je pense donc je marche, je pense physiquement, je pense émotionnellement je jouis des senteurs nouvelles et renouvelées
sur un chemin buissonnant de l’apprentissage vers un horizon pour un être en devenir.
L’air nouveau est en médiation avec mon cerveau et l’oiseau se pose sur mon épaule
... alouette, gentille alouette ... alouette, gentille alouette.


Donc, les hommes étaient capables de revenir à la vie. Les robots n’avaient pas eu le dessus et n’avaient pas pris possession de toutes les créations humaines. En revanche, l’homme était devenu immortel, ce qui allait poser des problèmes de surpopulation. La nouvelle question était : était-il encore possible d’avoir des enfants, dans un monde où les anciens ne céderaient plus jamais leur place ? Cette question, assez vitale, était pour l’instant laissée de côté. Qui vivra verra.